Carnet n°704 du 28 mars 2022

« Le syndrome du Titanic »

J’ai relu durant ces derniers jours l’essai ainsi titré de Nicolas Hulot écrit en 2005 et dont il fit un film documentaire en 2009, un essai et un film « prémonitoires » dans lesquels il expliquait que : « les jours du monde tel que nous le connaissons sont comptés car, comme les passagers du Titanic, nous fonçons dans la nuit noire en dansant et en riant  et cela même si pourtant les signes annonciateurs du naufrage s’accumulent : dérèglement climatique, pollutions en tous genres, extinction d’espèces, pillage des ressources, multiplication des crises sanitaires ».

Dix-sept ans plus tard, en 2022,  » le naufrage  » est en cours.

Tandis que, à l’image de ce qui s’est passé dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, certaines passagères quittent le navire accompagnés de leurs enfants et de quelques hommes qui ont réussi à  » se glisser  » dans les chaloupes, d’autres passagers attendent la mort coincés dans les profondeurs des classes inférieures tandis que ceux de 1ère classe debout sur le pont qui s’incline, l’attendent au son d’un dernier air de  musique joué par les musiciens de l’orchestre du navire.

tous les signes annonciateurs en 2005, voire avant, se sont depuis aggravés de manière exponentielle avec une pandémie qui a sans doute donné  » le top départ  » d’une période qui conduira au  » pire du pire  » si nous ne prenons pas sans tarder les mesures qui s’imposent pour l’éviter et ce, même si elles sont douloureuses.

Nous vivions donc, en effet, depuis 2 ans, avec le Covid et toutes ses conséquences, une parfaite illustration du « syndrome du Titanic » jusqu’à ce que, le 24 février dernier, une guerre en Europe éclate avec l’invasion de l’Ukraine par les troupes de Poutine, une guerre Européenne qui nous fait revivre le syndrome du Titanic quand d’un côté, à l’est à 2 heures d’avion de Paris, des villes sont rasées et des crimes de guerre sont commis avec à la clé la menace du dictateur Poutine de déclencher une guerre nucléaire s’il n’arrive pas à ses fins avec les 150 000 soldats et « miliciens » qu’il a engagés, tandis qu’à l’ouest, de notre côté, peut-être simplement pour essayer de le conjurer, malgré notre empathie et nos actions multiples de solidarité vis-à-vis du peuple Ukrainien, nous essayons de revivre à tout prix après la levée sans doute temporaire des  » prescriptions anti Covid  » et malgré notre angoisse face au risque d’une troisième guerre mondiale.

J’en ai fait le constat ce week-end quand, comme cela m’arrive quelques fois dans l’année, je suis allé au Tréport du samedi midi au dimanche midi avant d’aller à St Valéry-sur-Somme jusqu’à 16 heures pour être rentré à Villeneuve vers 18h.

« Jamais au grand jamais » je n’avais vu de telles foules et de telles fréquentations un 26 et un 27 mars, tous les restaurants au Tréport étant complets samedi midi tandis que dimanche à Saint Valery, l’attente à table une fois en terrasse était d’une heure et demi.

Dans le même temps, conscients sans doute de ce qui arrive quand, comme en 1938 avec Hitler, on cède à un dictateur qui ne voit là qu’un signe de faiblesse, les dirigeants occidentaux, chacun à sa manière, ont dit leur détermination à ne pas tomber dans le piège de Poutine 

car, et je le pense aussi, si on lui laisse dépecer l’Ukraine sans réagir, il en sera de même « un jour prochain » de la Moldavie, de l’Estonie, de la Lituanie, de la Lettonie… avant même peut-être un jour de la Pologne et de la Roumanie… même si tous ces pays sont protégés par l’OTAN.

Je ne suis bien sûr pas partisan de nous engager dans une guerre mais, comme l’a fait avec force Joe Biden ,depuis Varsovie en Pologne,  il faut montrer qu’on y est prêt si certaines lignes sont franchies tout en accroissant sans tarder nos aides matérielles et financières à l’Ukraine ainsi que nos sanctions économiques contre la Russie.

Cette fermeté de Joe Biden, à l’image de ce qu’avait montré J.F. Kennedy à N. Khrouchtev lors de  » l’affaire des missiles soviétiques à Cuba  » en 1962, il y a 60 ans précisément, n’est pas incompatible avec des discussions venant des dirigeants de l’Europe et de la France aux « premières loges » d’une potentielle terrible guerre… Je dirais même  » au contraire  » car elles sont complémentaires si elles appuient strictement les positions de l’Ukraine en la matière quant aux conditions possibles et acceptables d’une  » sortie de crise « .

N’en déplaise à M. Mélenchon et aux siens, ce n’est vraiment pas le moment de sortir de l’OTAN qui reste notre meilleur, sinon le seul, bouclier en l’absence de moyens de défense suffisants de et dans l’Union Européenne !

En 2022, nous vivons donc un remake du « Syndrome du Titanic » quand, après ce qu’on pouvait penser avant 2020 qu’il pouvait nous arriver nous en avions connu l’illustration avec la pandémie, on vit aujourd’hui un remake possible des 2 années qui ont précédé la deuxième guerre mondiale.

Tout cela semble bien noir, je ne le nierai pas.

Pour autant, si cela peut nous conduire à éviter  » de danser et de rire  » sans penser au risque d’un « naufrage suprême » et donc si cela peut nous conduire à prendre dans tous les domaines toutes les mesures pour éviter ce naufrage, ces crises, en ce début de la décennie 2020 / 2030, nous auront peut-être sauvé. 

Reste que, dans ce contexte et dans ces conditions, ce sont les plus faibles et les plus fragiles qui  » trinquent « .

Reste que cela donne des idées dans le monde à d’autres dictateurs et apprentis dictateurs comme Kin Jong-un  » chef suprême  » de la Corée du Nord.

Reste qu’on s’interroge sur la position de la Chine que personnellement heureusement je ne vois pas devenir  » la supplétive  » de la Russie… mais, sait-on jamais ?

Reste que nous aurons dans 2 semaines le 1er tour des élections présidentielles en France qui peuvent déboucher sur le pire, le moins pire ou le plus pire…

Reste que toute crise majeure révèle la nature profonde des individus et des dirigeants, en bien comme en mal.

Reste, quand on est Maire, qu’il nous faut gérer le présent tout en préparant et en tenant compte d’un avenir dont on ignore tout, et en étant quasiment le seul interlocuteur des  » citoyens en déshérence « .

Reste que la violence sous toutes ses formes qui s’accroit peut nous mener à des  » tensions insurrectionnelles « , une fois les élections passées.

Tout peut donc arriver, le meilleur comme le pire, et c’est pourquoi je fais tout pour « rester à la barre » en ces temps de tempêtes. 

Je le fais en pensant à ces mots d’Albert Camus : « Quand vient la nuit, éteignez vos soucis et allumez vos rêves »,

en nous disant comme lui : 

« ni peur, ni haine, c’est là notre victoire ! »,

en n’oubliant pas ,toujours comme lui ,que : 

« la guerre apprend à tout perdre et à devenir ce que l’on n’est pas »,

et que donc finalement : 

« il n’y a pas de honte à préférer le bonheur ».

Porte de Nevers à Saint Valery sur Somme

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