Carnet n°689 du 13 décembre 2021

« L’espoir équivaut à la résignation »

J’avoue avoir hésité avant de reprendre en titre de mon 689ème carnet cet extrait d’une citation d’Albert Camus retrouvée dans « Noces » un recueil d’essais autobiographiques datant de 1936 et 1937 : « L’espoir, au contraire de ce que l’on croit, équivaut à la résignation et vivre ce n’est pas se résigner ».

Il existe, en effet, une telle différence entre l’optimisme du mot « espoir » et le pessimisme du mot « résignation », quand l’un est tourné vers un avenir meilleur tandis que l’autre se « fige », sinon se complait, dans un présent de fait sans véritable espoir, qu’on est en droit de se poser la question de sa « pertinence ».

Pour autant, je l’ai finalement reprise en « interprétant » la pensée de Camus concernant « l’espoir » comme une forme de justification de l’acceptation d’une situation plutôt négative dans l’attente, sans agir d’aucune manière, d’une amélioration de cette situation au nom de  l’espoir de jours meilleurs, de changements positifs, de l’amélioration de sa situation personnelle ou collective….

Quelques exemples en vrac pour essayer de mieux me faire comprendre :

–            » Espoir «  de ne pas avoir à revivre un second second tour des élections présidentielles en mars / avril 2022 entre M. Macron et Mme Le Pen,

mais en fait aussi  » se résigner «  à vivre un deuxième tour entre le Président sortant Emmanuel Macron et la solide représentante d’une droite clairement affichée dure et conservatrice qu’est Valérie Pécresse.

–              » Espoir «  de vivre des  fêtes de fin d’année sans contraintes beaucoup plus lourdes que celles d’aujourd’hui pour faire face au COVID-19, un espoir sur lequel le gouvernement  » surfe « , et une  » résignation «  face à de mauvais chiffres en termes d’infections nouvelles, d’hospitalisations, de réanimations et de décès avec leurs lots d’annulations de soins hospitaliers considérés comme  » moins urgents « , voire d’examens non faits suffisamment à temps et pourtant nécessaires pour « éviter » des maladies au moins aussi sinon plus graves que le COVID-19.

Il suffisait de lire chaque jour de la  semaine écoulée, dans la Voix du Nord, l’évolution des chiffres régionaux de décès pour s’en convaincre…

–           « Espoir «  de voir des « forces du progrès » et des formations de gauche  » renaître de leurs cendres  » après leurs morts « confirmées » lors des prochaines élections présidentielles et donc, parallèlement, la « résignation » de ces mêmes mouvements et partis politiques de se voir, pensent-ils « provisoirement « , disparaître des  » écrans politiques « , en particulier un PS qui avait pourtant longtemps, avec François Mitterrand,  » dominé  » la vie politique française du niveau national jusqu’au niveau local…..

            « Espoir  » d’une prise de conscience populaire des risques environnementaux et sanitaires si rien de majeur n’est engagé pour stopper « des spirales infernales mortifères » qui sont  déjà là quand on on voit ce qui vient encore de se passer aux Etats Unis, et  » résignation » des mêmes qui se disent soit  » qu’on en fait déjà trop « , soit qu’on n’y peut déjà plus rien, soit que cela s’arrangera tout seul, 

le tout dans  » un débat surréaliste » entre « complotistes  » et  » survivalistes  » …. tous , avant tout d’abord empreints  sinon pire  d’égoïsmes exacerbés …

Je pourrais bien sûr, après ces 3 exemples, en énoncer bien d’autres sur le plan collectif comme sur le plan individuel et  personnel 

au niveau de la planète avec de nouveaux  » rapports de force  » qui peuvent mener au pire car « tout à la fois » militaires, économiques, idéologiques et même religieux,

comme au niveau de chacun(e) face à la maladie quand, jour après jour, on alterne entre espoir de guérison et résignation devant  » l’inéluctable « , voire pour sa vie elle-même où chacun passe de l’espoir d’une vie qui « s’allonge  » à  la résignation face à sa fin … , elle  inéluctable…

Oui, on le voit, la citation reprise en titre de mon 689ème carnet d’aujourd’hui n’est pas le fruit d’une contradiction mais ,au contraire ,un appel à ne pas se résigner et donc à agir car l’espoir n’a de sens que s’il est accompagné d’actions pour éviter  » le pire  » et  aller vers  » le mieux « .

Et pour reprendre mes exemples, même si je préfère à « la Présidence de la République » une Valérie Pécresse qu’une Madame Le Pen ou un Monsieur Zémour, je ne me résigne pas à une disparition des Forces de Progrès, de la gauche et de la Social-Démocratie et je mets mes derniers maigres espoirs dans une démarche d’union en m’associant modestement , sans que personne ne me l’ait demandé ,à l’appel d’Anne Hidalgo même si je le trouve un peu tardif ,si ce n’est un peu  » désespéré « … voire pathétique…

Au moins avec elle, et même si je comprend la réaction de Yannik Jadot après sa désespérante expérience de 2017, je ne me serai pas  résigné  et donc « figé » dans une position où tout espoir pour la social démocratie  aura disparu… sinon de gagner au moins d’exister…

Il en est de même pour les enjeux climatiques, l’avenir de la planète et de l’espèce humaine quand un  » espoir  » de mieux ou de moins pire n’est que  » résignation  » si des actions ne sont pas engagées à tous les niveaux et , là encore, du niveau planétaire au niveau local en passant par le niveau européen et le niveau national.

C’est ce à quoi je m’emploie sans compter ni épargner mes forces au niveau de la MEL et surtout au niveau de ma Ville et ce, même si ma succession est déjà dans beaucoup de têtes… avec des conséquences en termes de pouvoirs   » qu’on me laisse »…

Notre démarche, ma démarche, de Ville (et de villes) durable(s) adaptée(s) aux « Jours d’après » avec les urbanismes à dimensions humaines sans brader les terres agricoles, de circuits courts et d’activités en proximité, de ville(s) nature(s) et nourricière(s)… en y associant tous les citoyens, toutes les énergies et tous les moyens dont on peut disposer et qu’on doit se donner, 

s’inscrit parfaitement dans cette volonté de dissocier   » espoir  » et  » résignation  » par  l’action , le courage et la détermination.

J’ai clairement compris dans toutes les discussions que j’ai partout, (y compris à la MEL), que l’espoir de  » jours d’après » différents  se confond chez une majorité de mes interlocuteurs avec une « résignation » à espérer retrouver les niveaux des  » jours d’avant « .

« Et pendant ce temps-là »… (comme dans la chanson de Gilbert Bécaud) 

dans les Hauts de France , Xavier Bertrand  » est retourné au bercail  » et ses  » fans  » ont connu la conclusion de  » La laitière  et le pot au lait  » de Jean de la Fontaine (1678) qui  lui fait dire  » Je suis gros Jean comme devant « , 

et qu’au niveau européen la France pourrait connaître ,dans le même sens ou dans un sens contraire, une situation  » comparable » » à celle de 1995 dont la Présidence , ouverte en janvier par François Mitterrand sous des tonnerres d’applaudissements s’était terminée avec Jacques Chirac  sifflé en juillet lors de son discours de clôture …

encore que… toute comparaison à ce jour , a ses limites…, François Mitterrand n’étant plus candidat en mai 1995.

Et « pendant ce temps-là » enfin, 

à Villeneuve d’Ascq, jour après jour, il nous faut gérer avec prudence et détermination les effets de notre attractivité, en termes  » d’appétits fonciers « , gérer aussi au quotidien les conséquences actuelles, prévisibles ou possibles d’une épidémie qui continue et qui nous vaut toujours des circulaires quotidiennes  » des princes qui nous gouvernent  » sans oublier le Téléthon et la journée des Droits de l’Homme dans les style Villeneuvois à la fois modestes et citoyens, 

avec une mention particulière pour des festivités inaugurales de la Maillerieun nouveau quartier au nord de Villeneuve d’Ascq situé à la frontière de Croix sur la friche des 3 Suisses .

Autant de preuves Villeneuvoises, avec ce dimanche aussi deux concerts de Noël,  que si on agit « les espoirs » ne veulent pas dire  « résignations » mais des projets, des exigences, des volontés… dont moi et mon équipe, heureusement, ne manquons  pas…,

des preuves qui, pour une fois, vont quelque peu à l’encontre d’Albert Camus quand il écrit :

« La pensée d’un homme est avant tout sa nostalgie »,

ce qui n’est pas mon cas au moins pour ce qui est de ma vie publique 

car, pour le reste…, cela ne regarde que moi… sachant comme Johan Cruyff que : « Chaque inconvénient a son avantage »

Et ce, quel qu’en soit le domaine…, ce que j’essaie de ne jamais oublier…

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