Carnet n°630 du 26 octobre 2020

« Syndrome, métaphore et paradoxe… »

Sous une forme ou sous une autre, et dans bien des domaines où on peut l’appliquer, la plupart d’entre nous connaissons « la fable de la grenouille », non pas uniquement celle de Jean de la Fontaine « La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf », (souvent d’ailleurs illustrée en politique), mais celle baptisée « syndrome », « métaphore » ou « paradoxe »où la grenouille nage dans une marmite pleine d’eau sous laquelle on allume du feu et qui, contrairement à ce qui se passe quand elle est plongée directement dans de l’eau bouillante , soit réussit  d’un bond à s’échapper soit meurt cuite en un instant, 

dans l’eau que l’on chauffe lentement ,la grenouille va s’engourdir, s’habituer avant certes de finir aussi ébouillantée mais sans réagir…

C’est une « fable » qui traduit ce que l’on nomme phénomène « d’habituation » et de passivité que l’on peut observer par exemple dans le domaine d’un environnement qui se dégrade jusqu’à « extinction de l’espèce », comme dans celui ,plus individuel, de l’évolution d’une grave et longue maladie.

Lorsqu’un changement s’effectue en effet d’une manière lente, il échappe la plupart du temps à la conscience en ne provoquant ni véritable réaction, opposition ou révolte.

C’est ce qui se passe face à notre environnement qui se dégrade mais c’est aussi  le cas pour nos Démocraties et pour la laïcité …

C’est, somme toute, le triomphe du court terme et de l’éphémère qui ont l’avantage…, sinon le « don », de masquer « le point final » en laissant toujours, après chaque pas vers lui, une once d’espoir.

En cette année 2020, si avec l’horrible assassinat de Samuel Paty on en a la confirmation en matière de terrorisme islamiste, on en a aussi une parfaite illustration en matière de « gestion » de l’épidémie du Covid 19.

En mars dernier, si « les grenouilles », que beaucoup d’entre nous finalement sommes…, à l’image de la fable « les grenouilles qui demandent un roi », (la réécriture par Jean de la Fontaine d’une fable d’Ésope qui se termine ainsi : « le monarque des dieux leur envoie une grue qui les croque, qui les tue, qui les gobe à son plaisir… »), 

si les grenouilles, disais-je, que beaucoup d’entre nous sommes ,  » ont été plongées » le 16 mars dans l’eau bouillante du confinement dès le 17 mars, et ce, après avoir pourtant été appelées, le 12 mars encore, par le Président Macron lui-même, à aller voter le 15 mars…,

en ce mois d’octobre « nous avons été plongés dans une bassine d’eau sous laquelle un feu a été allumé il y a plusieurs semaines », ce qui s’est traduit, il y a 8 jours, par un confinement nocturneaccompagné quotidiennement par des chiffres  qui nous étourdissent, (une décision de confinement nocturne massivement acceptée par les Français(e)s) …en vue de « nous préparer » à « des confinements élargis »… en termes de lieux, d’âges, de santé ou d’heures… sans doute (ou peut-être) dans les prochains jours…

Et pour reprendre une formule connue souvent utilisée pour nous faire sourire : « on ne sait pas où on va… mais on y va ! »,

avec des stades vides, des salles de sport fermées, des restaurants qui le soir « s’éteignent » faute de clients, des entreprises qui plongent dans des trous noirs, des finances en route vers des abysses…

C’est ce que nous vivons depuis plusieurs semaines, et en particulier durant celle qui vient de s’écouler marquée ,en plus, du sceau d’une douleur angoissante lors des cérémonies d’hommage à Samuel Paty, dont celle, très sobre, de mercredi au pied de notre Hôtel de Ville, sans discours mais dans un silence assourdissant que j’ai voulu, non pas d’une minute… mais de cinq !…

C’est sans doute ce qui nous attend durant la semaine qui s’ouvre… ou celle d’après… pour laisser nos dirigeants nous préparer une nouvelle étape qui va continuer à nous « engourdir »… en veillant, au niveau de l’Élysée – Matignon, « à partager la baguette » avec  quelques « grand(e)s élu(e)s de tous bords mais « triés sur le volet » tandis que les autres attendent que « les trains de mesures » arrivent dans leurs gares (quand elles ou ils en ont encore…)

« Syndrome, métaphore, paradoxe… de la grenouille » tout est dit… on y est, on y sera… et on y va…, tout droit oui, …mais où ?

Tout est possible…,

même si, à lire les messages de citoyen(ne)s que je reçois par dizaines voire… par centaines…,

concernant quelques déchets et résidus laissés par d’autres citoyen(ne)s ici et là, des projets d’antennes 5G qui ne dépendent pourtant pas du Maire, des « bidonvilles » roms que Monsieur le Préfet « a laissé » s’installer et s’enkyster en divers lieus de notre Ville,

même si, disais-je, je n’ai pas l’impression que mes concitoyen(ne)s se rendent bien compte de ce qui risque de nous (et donc de leur) arriver… laissant les Maires et les élus locaux bien seuls et démunis face à ces réelles menaces mortifères que constituent la pandémie et le terrorisme…

Me faut-il à ce stade et en ce jour en dire davantage en ce 630ème carnet  ?

Sûrement pas… sinon « qu’envers et malgré tout » et parce que mes concitoyens m’ont, le 28 juin 2020, pour une  dernière fois, fait confiance…

afin que « je fasse tourner de mon mieux la machine municipale » et ses services à la population, que j’aide au mieux celles et ceux de mes concitoyen(ne)s qui en ont le plus besoin (et ils sont de plus en plus nombreux), 

et que je prépare « les jours d’après » pour elles, eux et pour notre Ville… si « jours d’après » il y a un jour…,

sans « grand optimisme » certes, mais sans non plus de trop « grande désespérance »… car il n’y a pas de place pour des lamentations quand il s’agit de l’avenir de nos enfants.

Je terminerai donc mon 630ème carnet avec cette citation de Soren Kierkegaard :

« On ne peut comprendre la vie qu’en

regardant en arrière ; on ne peut la vivre

qu’en regardant en avant »

même si, parfois, je repense aussi à ce qu’avait dit un jour Charlotte Brontë :

« J’évite de regarder en arrière ou en avant,

mais je m’efforce à regarder vers le haut »…,

Car finalement… est-ce contradictoire ?

Pas sûr…

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