Carnet n° 604 du 27 avril 2020

« Avoir de nouveaux yeux… »

J’aurais pu me contenter, au moment d’entamer l’écriture de ce 604ème carnet, de faire état des multiples actions préparées à Villeneuve d’Ascq et dans toutes les communes en « réponse » aux « balbutiements » du Président de la République et de ses ministres à propos d’un « futur éventuel déconfinement » plus ou moins étendu, plus ou moins progressif, plus ou moins précis, voire plus ou moins « critérisé » et ce, nous dit-on, à partir du 11 mai prochain si ce n’est après… ou bien après.

Cela risquait de me rendre un peu trop agressif, voire impertinent, vis-à-vis des « princes qui nous gouvernent », de leur inconséquences et incohérences… ce que je ne souhaitais pas, en « bon petit soldat de la République » que je reste…

Je me contenterai donc, à ce stade de mon propos, de citer Jean Pierre Pernault qu’on ne peut accuser d’être « un foudre de guerre anti-Macron »… :

« Tout cela parait incohérent comme les masques interdits dans les pharmacies et autorisés chez les buralistes, comme les fleuristes fermés le 1er mai mais les jardineries ouvertes, comme les cantines bientôt ouvertes mais les restaurants toujours fermés…,

entre les infos d’un jour sur les déconfinements  par région ou (et) par âge et le lendemain où ce ne sera plus ni par région ni par âge,

quand un jour, l’école ré-ouverte est obligatoire et que le lendemain elle ne l’est plus,

tout cela donne le tournis ! ».

Il n’y a qu’une chose dans les « manœuvres (au sens militaire du terme) » de l’État et de ses représentants nationaux et locaux qui ne change pas :

L’État décide par voies d’arrêtés et de directives, à charge pour les Maires de les faire appliquer selon des critères très peu clairs et souvent sans moyens pour cela, en les rendant ainsi « responsables » et donc, pour les Maires sortants souvent peu sensibles au « charme macroniste », suffisamment impopulaires pour modifier, le moment venu, les résultats du premier tour des élections municipales du 15 mars dernier.

C’est peut-être « habile »… mais pas très « correct » sinon pire…

Je n’en dirai donc pas davantage en cet instant mais cela me conforte dans mes doutes quant à l’avenir en général et à mon avenir en particulier… une fois la crise finie ou au moins « sous contrôle » comme aiment à le dire certain(e)s…

D’où, en ce 27 avril 2020, une année qui risque dans tous les domaines d’être sûrement une « année noire » quant à ses résultats ou au moins une « année blanche », vu tout ce qui aura dû être annulé en termes de manifestations culturelles, festives, sportives, commémoratives, vu l’interdiction prévisible pour au moins 6 mois encore de toutes formes de rassemblement.

En mettant les choses au mieux, sinon au « moins pire », on risque de vivre un été et un automne où on ne verra plus sur « l’espace public » et dans les espaces sportifs, culturels, festifs et commerciaux que des hommes et des femmes isolés, refermés sur eux-mêmes… et masqués.

Triste perspective… même si on arrive à nous « convaincre » qu’il n’y a pas d’autre solution et que telle sera ainsi « la société humaine » dans le futur.

C’est donc pourquoi, en attendant, en ce 27 avril 2020, j’ai voulu me replonger dans un, dans notre et dans mon passé littéraire en allant retrouver Marcel Proust (1871-1922) dans sa suite romanesque « A la recherche du temps perdu »,

D’où le titre de mon carnet extrait d’une de ses citations :

« Le véritable voyage ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux »,

une citation qui est beaucoup plus large que la fameuse « madeleine » si souvent associée à Marcel Proust et qui illustre tout phénomène déclencheur d’une impression de réminiscence

Comme quoi, ainsi que je l’ai lu de la part d’un de ses exégèses, « il est toujours temps de relire Marcel Proust »,

car en 2020 et quel que soit le domaine, au propre comme au figuré,

plutôt que de « chercher de nouveaux paysages », mieux vaut « avoir de nouveaux yeux ».

Ce sera utile, nécessaire et sans doute bénéfique, agréable voire même jouissif de revoir tout ce qui nous entourait et que l’on regardait à peine et sans « grand intérêt » avant le déconfinement… et que l’on va pouvoir à nouveau parcourir, toucher, humer sinon se délecter dans nos villes et nos campagnes, dans nos monuments, dans les bois et forêts, là où la nature d’ailleurs aura repris une partie de sa place.

Que de petits et plaisirs simples retrouvés dans un petit resto, un parc, sur les berges d’un plan d’eau… tous lieux et toutes choses qu’on ne voyait même plus qui nous auront été interdits et qu’on va donc vouloir re-déguster avec gourmandise !

Il en sera de même cet été où l’envie sera là pour beaucoup de revoir avec « de nouveaux yeux » la France profonde plutôt que les îles méditerranéennes via les clubs du même nom…, une France profonde au chant des oiseaux et aux odeurs oubliées… « une France, ma France » comme si bien chantée par Jean Ferrat.

« Nouveaux yeux plutôt que nouveaux paysages » pour ce qui est aussi d’un retour à des productions et à des consommations « de retour au pays », peut-être un peu plus chères…, mais meilleures et avec moins d’effets de mode, plus d’emplois retrouvés et moins de chômage, moins de campagne désertifiée et plus de villes à taille plus humaine.

Il faudra avoir tout cela « en obsession » quand il s’agira, une fois la crise terminée ou au moins « sous contrôle », de relancer la machine économique sur de nouvelles bases pour ne pas refaire « les erreurs d’avant ».

J’écrivais déjà ici même, il y a quelques mois, que la décennie 2020/2030 qui commençait serait vitale dans tous les sens du terme. Si je n’imaginais pas que ce serait si vite et si tôt, je ne me trompais pas car oui, on y est… et on doit être conscient qu’au mieux, si on s’en sort, ce sera véritablement la « dernière chance » qui nous sera donnée.

« Tout devra changer demain », dans tous nos modes de vie, de production, de déplacement, de consommation, de loisirs, de voyages, d’urbanisme, de services publics, de planification de l’avenir, voire de « nos modes de penser et de rêver »…

C’est encore Marcel Proust qui l’a dit et que je reprends à l’heure où aujourd’hui beaucoup d’humains souffrent dans leur corps et dans leur cœur :

« La souffrance est une sorte de besoin de l’organisme de prendre conscience d’un état nouveau qui l’inquiète, de rendre la sensibilité adéquate à cet état ».

Tout est dit ou presque…

Et maintenant « y a pu qu’à » adapter nos actions à notre conscience, en ne les remettant pas toujours « à plus tard »…, avec une vie plus simple, plus respectueuse, dans une société moins injuste et moins inégalitaire.

La Science, les sciences… au niveau de l’Homme,

de la recherche scientifique pour vivre mieux en vivant autrement… voilà les enjeux !

Avec en « corollaire », (une proposition qui se déduit immédiatement d’une proposition déjà démontrée) la fin d’une certaine « mondialisation » et celle d’un capitalisme obsolète car injuste et débridé

Même leurs partisans d’hier les plus zélés aujourd’hui le reconnaissent.

Alors, maintenant que tous les autres qui souvent, par faiblesse ou lâcheté, s’en accommodaient changent enfin de comportements, de discours et de politiques !

« C’est pas gagné » … mais demain il sera trop tard.

C’est comme dans une course de relais où le passage de témoin pour être réussi, ne doit pas se faire ni trop avant ni trop après (pour un « 4 fois 100m / relais » en athlétisme, la zone de passage est de 10m avant jusqu’à 10 mètres après sous peine de faute éliminatoire).

En l’occurrence, si j’avais à définir la zone de passage de témoin entre le « système » qui nous a mené à la crise mortifère que nous « vivons » et le système qui seul nous permettra de rêver et de construire une vie pérenne, je dirais que « la zone d’avant » est déjà dépassée et que « celle d’après » nous conduit « au mieux » au 31 décembre 2020, une condition pour que l’année 2020 ne soit pas qu’une « année noire » mais plutôt une « année blanche » teintée d’espoirs…

Et pour terminer ce 604ème carnet avec Marcel Proust avec qui je l’ai commencé :

Si  «Il n’y a pas de réussite facile ni d’échec définitif »,

« savoir qu’on n’a plus rien à espérer n’empêche pas de continuer à attendre ».

A chacun d’interpréter ma conclusion selon sa conscience, ses convictions et sa foi dans le sens laïc du terme.

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