Carnet n° 184 du 12 mars 2012

« Un dimanche entre révolte et mélancolie »

En écoutant ce dimanche après-midi, d’une oreille quelque peu inattentive, le discours du candidat UMP à la présidentielle (un président sortant mais amnésique qui semble jour après jour oublier qu’il est aux affaires depuis près de 10 ans dont 5 en tant que Président de la République),

je me disais qu’il avait du « prendre au pied de la lettre » les paroles en forme de conseil d’un certain Christophe Colomb qui, il y a un demi millénaire, écrivait :

« On ne va jamais aussi loin que lorsqu’on ne sait pas où on va… »

En effet, le moins que l’on puisse dire, à cet instant d’une campagne électorale qui peine à soulever les foules (en dehors des militants respectifs des partis politiques en compétition), c’est que le Président sortant, en voulant faire « flèche de tout bois », s’emploie, au fil du temps, à alterner le retour des promesses de 2007 non tenues, à promettre le contraire de ce qu’il a fait et même, hier, en matière européenne, à proposer ce qu’il dénonçait, les jours précédents, quandFrançois Hollande et Jean Luc Mélanchon, demandaient de renégocier certains traités européens !

En près de 50 ans de militantisme et de vie politique, je n’ai jamais vécu cela !

C’est tout simplement hallucinant !!

Et si, sans aucun doute, le candidat UMP Président sortant s’applique à ne pas savoir où il va, pour tenter d’aller au delà des 45% au soir du 6 mai prochain,

c’est aujourd’hui la France et le peuple Français qu’il entraine dans sa course folle qui n’a plus pour lui qu’un moteur, sa survie politique…

Heureusement, l’effet positif, sans doute inattendu par l’intéressé lui-même, est de crédibiliser et de rendre plus sérieuses certaines propositions de François Hollande qui, même coûteuses, même pas toujours financées, sont au moins réalistes, réalisables, équilibrées et cohérentes dans le cadre d’un programme qui a pour objectif « le changement ».

Pour ne prendre aujourd’hui qu’un exemple : comment l’UMP et son candidat peuvent-ils faire le reproche à la gauche de vouloir renégocier un traité européen en cours de ratification qui privilégie les finances au détriment de la croissance et de l’emploi et promettre de refermer des frontières ouvertes depuis le 1er janvier 1993 en application d’un traité bien antérieur au traité de Maastricht en 1992 ?

Il n’a pas tort François Bayrou de dénoncer la forme prise par cette campagne des Présidentielles.

Fallait-il pour autant que ce même François Bayrou fasse le choix de vouloir représenter « une autre droite » qui éliminerait N. Sarkozy le 22 avril pour battre la gauche le 6 mai ?

On est loin du rassemblement qu’il prône au nom et avec un slogan qui « fleure bon » celui de Rassemblement Citoyen : « Il n’est pas nécessaire d’être d’accord sur tout pour travailler pour la France… ».

C’est sans doute dommage pour lui et pour des citoyens venus du Camp du Progrès qui avaient cru en lui…

Au demeurant, et je le lui accorde, avait-il vraiment encore un autre choix ?

Peut-on gagner une élection sans promesses… mêmes coûteuses ?

Peut-on susciter de l’envie sur le thème de la rigueur ?

Peut-on reprocher aux autres d’être muets sur les économies à faire et rester soi même dans le flou en la matière ?

Personne ne l’a jamais réussi, ni Pierre Mendès-France en des temps pourtant moins contraints, ni Raymond Barre étiqueté « meilleur économiste de France » et je ne parle pas « de l’espérance Jacques Delors »…

Il est aujourd’hui plus que probable que le spectacle de Villepinte aura été, en forme de grand show « à la Johnny » au Stade de France, un dernier « va-tout », « coup pour rien » ou « un pont trop loin ».

Reste et restera à François Hollande, (sans doute allié à J-L Mélanchon, à ce qui restera des Verts d’Éva Joly et à une partie des troupes du Modem), non seulement à tenir jusqu’au 6 mai mais à se préparer effectivement à mettre en œuvre les promesses faites avec, ce qui manque trop souvent à la gauche institutionnelle d’aujourd’hui, du bon sens et du sens populaire…

Si le populisme est un leurre qui peut être dangereux, le peuple, ses peurs, ses envies, ses priorités… mêmes contradictoires parfois avec le « politiquement correct », oui le peuple doit être écouté…

Comme il ne sera pas possible, dans le contexte actuel, de répondre à toutes les demandes et attentes coûteuses des citoyens, il faudra faire preuve de bon sens, de bonne connaissance des gens et du terrain pour prendre des mesures parfois peu coûteuses mais qui vont dans le bon sens de ce qu’attend « le peuple de gauche » qui a besoin de dignité, de respect, de sécurité, de justice et surtout d’espoir.

Oui ce dimanche, j’ai écouté d’une oreille, inattentive peut-être, mais qualifiée, sans doute, en ce début de 184ème carnet… et je l’ai fait en revisitant un passé égrené des souvenirs de mon père qu’il me fallait classer et ranger…

Et de me remémorer ces mots d’Alphonse KARR écrits au milieu du 19ème siècle :

« Les bonheurs que je me rappelle, je ne les ai pas poursuivi ni cherché au loin, ils ont poussé et fleuri sous mes pieds, comme les pâquerettes de mon gazon. Rien n’arrive dans la vie ni comme on le craint, ni comme on l’espère ».

Tout est dit…

avec, en bonus, ces paroles de Victor Hugo :

«La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste ».

Lien Permanent pour cet article : http://www.gcaudron.com/?p=762

HTML Snippets Powered By : XYZScripts.com