Carnet n° 488 du 5 février 2018

« Être Maire »… (des années 80 et (ou) des années 2020) »

 

Il est des moments dans la vie, en particulier quand on voit « certains horizons » se rapprocher, où l’on s’interroge sur sa vie, le sens de sa vie et celui même de la vie, voire, sur le (ou les) bilan(s) que l’on peut honnêtement en tirer.

 

On ne s’étonnera donc pas que je le (et les) fasse après, à ce jour, 42 années de vie élective longues et riches à la fois de Conseiller Municipal, de Conseiller Général, de Conseiller CUDL puis MEL, de Député Européen et surtout, bien sûr, de Maire de Villeneuve d’Ascq… et ce, sur la petite musique d’une chanson de Michel Sardou : « Dans un voyage en Absurdie que je fais lorsque je m’ennuie… »…

Maire des années 80… Maire des années 2020…

C’est sur ce « clin d’œil » que j’ai voulu ouvrir, ce lundi 5 février 2018 au matin, mon 488ème carnet, avec une musique et sur son rythme… Bien sûr, sans ses paroles… (même si ces paroles ne sont pas sans échos avec un légitime débat et de légitimes révoltes qui secouent notre société depuis quelques mois).

Mais pour en revenir à mon texte, « Maire des années 80, Maire des années 2020 », on m’autorisera, avec ma longue (certain(e)s diront « ma trop longue ») expérience, de dire et d’analyser ce qui a changé et où tout cela (à mon avis) va nous mener.

Maire des années 80, le titre, celui (ou celle) qui le porte et la fonction qu’il (ou elle) remplit sont respectés un peu comme le curé d’autrefois et comme l’instituteur d’alors (même si on peut déjà mesurer les premiers indices d’une évolution qui n’est pas positive).

Le Maire a alors le temps devant lui pour mettre en œuvre, avec son équipe, ses projets avec ses idées et ses valeurs sans être en permanence en prise avec des demandes de toutes natures, souvent hors de ses compétences mais, à l’époque, sur un ton où le respect est toujours présent.

L’homme jeune que j’étais en 1976, en 1977 et dans les années 80 a eu alors envie de s’y consacrer pleinement et donc en sacrifiant beaucoup d’autres choses… Je regrette profondément certains de ces sacrifices, mais, je ne regrette pas le choix de cette vie que j’ai alors fait, ni globalement le bilan que j’en fais, plus de 40 ans après.

Maîtriser une Ville nouvelle (dénommée alors Lille-Est) aux objectifs quantitatifs « imprudents », y mettre fin en 1983 pour reprendre le pouvoir citoyen dû au Maire de Villeneuve d’Ascq et à son conseil, terminer les projets bien sûr lancés, « souffler un peu », lancer la technopole de Villeneuve d’Ascq, asseoir la place de sa ville dans le top 4 de la CUDL et aujourd’hui, « aller encore plus loin et plus haut », tout cela occupe bien le temps consacré à ces tâches durant 40 ans et peut (ou doit) donner le sentiment d’un temps et d’une vie bien utilisés (au moins sur le plan public).

« Maire des années 2020 »

Ce sera sans doute tout autre chose dans les années 2020. Le Maire a déjà perdu une partie de l’estime et du respect que lui portaient ses administrés.

On le rend responsable de tout et trop souvent « sans vergogne » ni précaution de langage et d’écrit… (Internet et « les réseaux dits sociaux » n’arrangent rien).

Il a du mal à trouver une place pour sa commune à côté des intercommunalités et des métropoles.

Enfin surtout, si le Maire des années 80 avait connu avec François Mitterrand et Gaston Defferre les lois de décentralisations, l’État, qui n’a jamais cessé d’essayer de récupérer une partie (ou le tout) de ce qu’il avait alors perdu, le « Maire des années 2020 » a trouvé avec le Président Macron « le héraut » et le leader très policé d’un État libéral dans ses politiques économiques, qui reprend les clefs données aux collectivités en particulier en les privant d’abord d’une partie de leurs finances et ensuite de toute autonomie financière.

 

Parallèlement, en réduisant à 3 le nombre possible de mandats de Maire consécutifs il rend un pouvoir absolu aux partis et mouvements politiques, celui de « gérer » les carrières des élu(e)s » et en particulier des Maires qui avaient jusqu’alors moins besoin d’eux et de leurs manœuvres (j’en suis un bon exemple).

J’ai peur et je crois que « le Maire des années 2020 » ne soit plus bientôt que le supplétif de Bercy et des Métropoles, ce qui d’ailleurs ne semble pas gêner, vu « leurs profils », les jeunes (ou encore jeunes) élu(e)s d’aujourd’hui… (qu’ils viennent de la sphère macroniste ou des insoumis).

J’espère, en ce début d’année 2018, que les citoyens électeurs tentés par « le dégagisme » ambiant s’en souviendront en mars 2020 lorsqu’ils voteront aux municipales…

Qu’ils regardent aujourd’hui autour d’eux, ils et elles en ont de « parfaits exemples » à l’Assemblée Nationale et à la Région.

De toute façon, on peut compter sur moi pour le leur rappeler.

Un Maire ne peut l’être aujourd’hui qu’à plein temps et avoir du temps pour lui permettre de gérer le présent et l’avenir en s’appuyant sur un large rassemblement citoyen dépassant les limites partisanes !

Au demeurant, face à certaines certitudes et emballements, que ces nouveaux et nouvelles « gardes rouges » ou « gardes prétoriennes » n’oublient pas que si un tsunami les a amenés, un autre peu les remmener…

C’est comme avec le dérèglement climatique, tout s’accélère et s’amplifie.

Les deux élections partielles d’hier dimanche (même avec toutes leurs limites en terme d’interprétation) en constituent un premier avertissement.

Il faut bien dire que les raisons de ces résultats défavorables à la majorité ne manquent pas, malgré un style bien habile et « affiné » de notre Président dont les déclarations sont quotidiennes y compris depuis l’étranger (alors qu’il avait promis le contraire)

  • Budget 2018 avec les cadeaux pour les plus riches et les impôts, taxes et tarifs contre la plupart de tous les autres
  • Services publics menacés
  • Colères montantes des gardiens de prisons après celles des policiers, les lycées et étudiants qui descendent dans la rue
  • Les EHPAD et la Santé Publique à la dérive..
  • Nantes Atlantique après Notre-Dame-des-Landes
  • La Corse

Dernier exemple à l’horizon :

La remise en place d’un Service National pour tous les jeunes, promesse « populaire » lors des élections présidentielles mais dont la faisabilité et surtout les coûts n’avaient pas échappé à celles et ceux qui, comme moi, ont l’expérience de la gestion sans être passé ni par l’ENA ni par l’Élysée.

 

Je m’arrêterai là pour aujourd’hui en disant que je reviendrai bientôt sur la question des  centres villes  « classiques » en perdition, des réalités que je n’ignorais pas et qui avaient déjà sous-tendu ma réflexion sur le projet « Grand Angle » pour un Centre Ville du 21ème siècle.

Chacun s’en souvient et on comprendra mon envie d’avoir les moyens en terme de temps de le mettre en œuvre.

 

Je reviendrai aussi sur la question du vieillissement de nos sociétés et de ses contraintes si on veut vraiment « Ajouter de la vie aux années après avoir ajouté des années à la vie »,

avec en parallèle la survie de notre système de Santé Publique mis à mal par des coupes budgétaires faciles à faire mais dangereuses…

Je reparlerai bientôt enfin des poussées de violences de racisme, d’intolérance et d’égoïsme, et de sans doute bien d’autres choses…

 

Je terminerai ainsi ce 488ème carnet avec deux citations complémentaires :

l’une est d’Eduardo Galéano :

« L’utopie est à l’horizon. Je fais deux pas en avant, elle s’éloigne de deux pas… Finalement, elle sert à avancer ».

 

L’autre de Jules Verne :

« Tout ce qui est dans la limite du possible doit être et sera accompli »

 

C’est mon engagement pour ce qui me concerne en terme bien sûr de « possible ».

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