Carnet n°112 du 26 octobre 2010

A L’IMPOSSIBLE NUL N’EST TENU



Ai-je vraiment besoin de le redire ?
La vie publique aujourd’hui provoque chez moi un curieux mélange de lassitude et d’agacement. Le débat n’est quasiment plus possible entre des adversaires qui se complaisent, pour la plupart, dans des postures politiciennes médiatiques.

J’ai essayé localement, dès 2008, d’en changer les données en rassemblant, largement, les citoyens sur des points d’accord, en ouvrant tous les débats au-delà de toutes les habitudes, traditions et règles, en diffusant très largement, à tous, toutes les informations disponibles.
J’ai aussi, avec mes carnets, exprimé des idées et des réflexions qu’il aurait été de bon ton de taire au nom d’une sacro-sainte sainte « langue de bois » que tout le monde par ailleurs prétend rejeter.

Cela m’a valu, de la part de certains, des étonnements amusés ou des calculs sur l’avenir et de la part d’autres de l’agressivité, des contrevérités voire de l’impolitesse ou de l’incorrection manifeste.

J’ai donc décidé de « resserrer les boulons » au début de dernier Conseil Municipal en m’en tenant strictement en la matière au « règlement », « tout le règlement », « rien que le règlement ». C’est sans doute un peu dommage, mais on ne peut, seul, changer les règles et la politique : « à l’impossible nul n’est tenu « .
Alors, à l’intention de celles et ceux qui ont la prétention, incroyablement démesurée, de croire que tout ce que je dis, comme toutes les citations que j’utilise, leur sont destinées (alors qu’elles sont le fruit de réflexions sociétales et politiques assises sur quarante ans d’expérience dont trente-quatre de vie élective), je commencerai mon 112e carnet par quatre citations :

« C’est le propre de la polémique contemporaine que de tracer le portrait de l’adversaire au lieu de combattre ses arguments » (Emmanuel Levinas)

« La véritable source du droit est le devoir » (Gandhi)

« Mon idéal politique est l’idéal démocratique. Chacun doit être respecté en tant que personne » (Albert Einstein)

« Ambition : une bulle de savon qui voudrait être un peu plus grosse au moment où elle crèvera » (paroles de Jean Rostand qui rejoignent la “fameuse“ grenouille de la fable de La Fontaine et dont, j’espère, personne n’aura une nouvelle fois l’outrecuidance de se croire visé(e) particulièrement).

On l’aura compris, une certaine lassitude, matinée d’agacement, ne m’empêchera pas de continuer à me battre pour ma ville et ses grands intérêts, à rester quotidiennement attentif aux vrais problèmes de mes concitoyens, à dire mes accords et mes désaccords avec les collectivités territoriales et l’État, que je me sente proche de leurs dirigeants ou non.

  • Pour ce qui est de LMCU, je confirme aujourd’hui que sa Présidente tient bon la barre d’une mise en œuvre du projet, auquel j’ai adhéré, et ce, malgré la crise, ce qui n’empêche, ni n’empêchera, ma vigilance.

 

  • Concernant le département et le conseil général, je dis qu’en 2011, avec les élections, il faudra « redonner de la voilure » à une action sociale plus humaine et dans le domaine du vieillissement tout faire pour « rajouter de la vie aux années » (après qu’on aura rajouté des années à la vie).

 

  • La Région Nord-Pas de Calais aurait besoin de trouver une véritable légitimité en se donnant une hauteur à la mesure de ses quatre millions et demi d’habitants. On l’avait espéré possible lors des dernières élections régionales… On n’a pas réussi.

Enfin, et c’est là que la situation est, sans doute, la pire, au niveau de l’État, j’espère que ses responsables se rendront compte qu’il ne suffit pas de changer de Premier Ministre pour nous sortir du gouffre où un Président « autiste » nous a plongé. À coup de menton et de discours péremptoires, il a voulu passer en force sur les retraites avec un projet que les Français jugent injuste et pire, inefficace.

Aujourd’hui le pays est bloqué et le coût de ce blocage va vite devenir insupportable. Voilà ce qui arrive qu’en on refuse de discuter.
Les raffineries sont à l’arrêt, les dépôts de carburant bloqués, les ordures ménagères s’amoncellent, les transports balbutient, tout cela sur un fond de violences urbaines inquiétant.

Le budget 2011 se construit sur l’austérité pour les plus pauvres : baisse des crédits sociaux, chute du logement social, le tout assorti d’avantages confortés pour les « stocks options » et les « parachutes dorés » des dirigeants.

« Cerise sur le gâteau »…. avec l’information de ce lundi : l’électricité, avec 4 ou 5% de plus, va augmenter après celle du gaz, soi-disant pour financer les énergies renouvelables,… On nous prend vraiment pour des imbéciles – je ne trouve pas d’autre mot -.

Ainsi entre celles et ceux qui n’ont pas de travail et qui devront survivre avec des allocations en diminution et celles et ceux dont les salaires seront bloqués, alors que les charges augmenteront de 2 à 6%, on a l’image d’une société désespérée.

Et les mêmes, qui défendent ceux qui imposent à notre pays une situation aussi dramatique, ne manqueront pas de dénoncer les collectivités comme la nôtre qui ne vivent pas à crédit (ni en déficit), et qui, pour ne pas réduire les services à la population, ne pourront sans doute pas ne pas intégrer les hausses de charges dans leurs recettes à décider.
Oui, mesdames et messieurs les élus de l’UMP, comment pouvez-vous à la fois accepter des hausses de gaz et d’électricité de près de 10% sur un an, des blocages de salaires, des baisses d’allocations, des mesures qui étranglent nos familles… Et accuser une mairie de le faire quand elle ajuste simplement ses tarifs de restauration au niveau de l’inflation ?
Très simplement, je vous le dis : ce n’est pas digne d’un(e) élu(e) !

Joseph Conrad l’a écrit :« Toutes les ambitions sont légitimes, excepté, celles qui s’élèvent sur les misères ou les crédulités »

L’actualité est à l’image du temps, froid et humide, avec quelques rayons de soleil à travers le sourire des enfants, la passion des associations et des clubs sportifs, la citoyenneté active de nombreux Villeneuvois. Ils aiment leur ville, comme moi, son animation et son rayonnement, sans croire que « la troisième guerre mondiale a éclaté » dès que des étudiants tirent un feu d’artifice, que des voitures s’embouchonnent autour d’un stade, qu’un buteur crie sa joie ou que des enfants manifestent leur bonheur à l’heure des allumoirs.

Il est aujourd’hui bien des villes et des quartiers où de telles festivités ne sont plus possibles et où un bruit d’explosion est plus souvent celui d’une voiture incendiée que le résultat d’une fête. Alors n’hésitons pas à goûter « nos bonheurs » avant de nous retrouver dans les paroles de Jacques Prévert :
« J’ai reconnu le bonheur au bruit qu’il a fait en partant »

Au moment de clore ce 112e carnet, je ressens par avance les remarques et réflexions peu amènes qu’il me vaudra ici et là…
Alors, et sans les prendre complètement à mon compte, je reprendrai les mots de Sacha Guitry, « toute réflexion faite » :

« Si ceux qui disent du mal de moi savaient exactement ce que je pense d’eux, ils en diraient bien davantage

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