Carnet n° 271 du 11 novembre 2013

« Je me révolte donc nous sommes »

La semaine qui s’est achevée aura été si pleine de secousses de toute sorte dans tous les domaines et le premier jour de celle qui s’ouvre ce lundi 11 novembre 2013 (95ème anniversaire de la fin de la première guerre mondiale, « la grande guerre », « la Der des Ders » comme mes parents et grands parents l’ont dit jusqu’en 1939, date de début du commencement d’une deuxième guerre mondiale plus meurtrière encore) que j’ai eu quelques hésitations sur le choix de l’entame de ce 271ème carnet.

Le 100ème anniversaire de la naissance d’Albert Camus ce 7 novembre et la relecture à cette occasion d’un essai paru en 1951, « l’homme révolté » m’ont conduit à reprendre une de ses formules célèbres :

« Je me révolte donc nous sommes » parfois réécrite « Je me révolte donc je suis ».

Tout, oui, tout, au cours de cette semaine du 4 au 11 novembre, peut s’éclairer sous « le rayon laser » de la révolte qui donne à chaque événement un relief et un sens différents.

Révolte des Bretons d’abord et « des bonnets rouges » contre l’application initialement prévue dans 2 mois de la taxe carbone dont une première version avait été votée en 2009 déjà, sous les ordres de Messieurs Sarkozy et Fillion, dans la ligne du « Grenelle de M. Borloo » et à la quasi-unanimité du parlement de l’époque….

Révolte qui s’est amplifiée rapidement malgré la suspension de la mesure pour retrouver les accents d’une chouannerie violente qui fait la part belle aux casseurs.

Révolte en conséquence de quelques citoyens, dont je suis, contre cette casse imbécile et dangereuse de grilles, de portiques et de radars par dizaines dont les réparations incomberont à tous les contribuables.

A un moment où tout le monde ou presque se plaint de « trop d’impôts », c’est vraiment un comble !

Révolte des camionneurs qui retrouvent leurs réflexes des années 90 quand ils se sont plu à bloquer le réseau routier français.

Révolte des motards qui ne veulent pas rater une occasion de manifester.

« Je me révolte, donc nous sommes »

« Ils se révoltent donc ils sont …. (oui mais quoi ?)

Car pendant ce temps là, les salariés des entreprises qui licencient, (non pas à cause de la taxe carbone ni même de la politique du gouvernement Hollande mais des choix qu’elles ont fait depuis des décennies dans l’agroalimentaire) peinent à faire entendre leurs douleurs et leurs désespoirs.

La vue dans les médias ce dimanche de M. le Pen coiffé d’un bonnet rouge devrait pourtant ouvrir les yeux de ceux qui pensent se défendre et qui, en fait, font le jeu de ces « vieux putschistes » dont les nouveaux maquillages ne peuvent cacher une lignée qui va des adversaires de toujours de la République, leurs manifestations de 1934, leurs rôles auprès des nazis sous Pétain, l’OAS et ses crimes …. et j’en passe pour ne pas être saisi de nausées…

« Je me révolte, donc nous sommes »

Oui, il faut se révolter contre les puissances de la finance qui ont fait et qui font le malheur des peuples.

Car si beaucoup de nos concitoyens n’ont pas encore oublié « l’arbitrage Tapie » et ses 400 millions d’euros à la charge de l’État, qui se souvient du scandale du Crédit Lyonnais qui aura coûté 15 milliards d’euros aux contribuables (oui j’ai bien dit 15 milliards !) après que l’État d’aujourd’hui aura du très vite rajouter 4 milliards d’euros supplémentaires ?

Oui il faut se révolter contre les banques qui nous ont plongé dans la crise et qui nous en font payer le prix après avoir reconstitué leurs bénéfices.

Oui il faut se révolter contre une Europe et des États incapables de résister, des gouvernements soumis, un monde politique chahuté avant d’être un jour chassé sous les regards gourmands de forces extrémistes bien décidées à prendre leur revanche sur la République (« la gueuse » comme disaient leurs ancêtres).

Dans ce chaos indescriptible où même les « forces naturelles » se déchaînent comme ce typhon Kaiyan et ses rafales à 315 km/h (sans doute un des fruits du dérèglement climatique, résultat des gâchis planétaires des même forces qui nous ont plongé dans la récession, le chômage et la misère).

« Je me révolte, donc nous sommes », « Je me révolte donc je suis »… on l’aura compris : j’ai conservé mes capacités de révolte.

Mais c’est Camus lui même qui l’a aussi écrit dans « l’homme révolté » :

« Pour être, l’homme doit se révolter mais sa révolte doit respecter la limite qu’elle découvre en elle même »

Et cette limite a pour nom « réaction ». La révolte n’est pas une lamentation ni du nihilisme, c’est un appel à l’action pour agir en se rassemblant avec détermination, sérieux, bon sens, travail et rigueur.

C’est ce que très modestement sans doute nous avons fait à Villeneuve d’Ascq durant ces 6 dernières années pour remplir nos engagements municipaux malgré la crise. C’est ce que je voudrais pouvoir faire encore de 2014 à 2020 si les Villeneuvois me font confiance avec l’aide d’une large équipe : Tous ensemble pour Villeneuve d’Ascq !

C’est ce que je répète à toutes occasions aux nouveaux naturalisés français venus apporter leur énergie à la France, aux nouveaux villeneuvois venus s’associer à notre dynamisme.

C’est ce que j’aimerais voir au gouvernement, ce que j’aimerais continuer à voir à Lille Métropole après mars 2014, ce que je voudrais voir y compris dans les oppositions de tous poils, qu’elles cessent d’attaquer ici ce qu’elles font ailleurs et de combattre aujourd’hui ce qu’elles faisaient hier.

Mais là, ce n’est plus du rêve… c’est du fantasme.

Les jeux partisans et les jeux d’appareils, les ambitions personnelles des uns et « les plans sur la comète » des autres ne sont pourtant plus de mises.

Nous n’en avons plus ni le temps ni les moyens.

Quand j’essaie, en tant que Maire, de répondre aux angoisses de mes concitoyens sans en avoir vraiment tous les moyens, quand nous préparons un budget 2014 où il nous faudra assumer des dépenses nouvelles sans beaucoup de nouvelles recettes et sans augmenter les taux d’imposition, il nous faudra de la volonté, de l’imagination, de la rigueur et de la pédagogie pour y parvenir.

On n’est pas loin d’un des 3 grands problème de l’antiquité bien connu sous le nom de « quadrature du cercle ».

Et pourtant, il faut s’y atteler car s’il est peut être des problèmes insolubles (comme celui de la vie elle même et de son sens), nous avons l’obligation de tenter de parvenir à des solutions, ce qui nous impose de tous nous y mettre et, pour certains, de refuser la tentation de « jouer contre son camp ».

C’est particulièrement vrai dans le domaine de la sécurité où il ne devrait pas y avoir une seule voix discordante (y compris dans son camp) quand un ministre s’y attelle avec toute son énergie.

Oui, je me révolte et donc je suis à l’instar de Jean Jaurès qui disait, avant une guerre, celle de 14-18, qui allait faire 40 millions de victimes civiles et militaires (19 millions de morts et 21 millions de blessés) dont 1,4 millions de morts en France soit 27% des jeunes hommes de la tranche 18-27 ans :

« L’humanité est maudite si, pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement »

« Je me révolte donc je suis » à l’instar de tous ceux qui se battent contre l’injustice et la misère.

« Je me révolte donc je suis » à l’instar de ceux qui se battent contre les intégrismes et l’intolérance.

« Je me révolte donc je suis » quand je vois que près de 100 ans après ceux que l’on a appelé « les fusillés pour l’exemple au Chemin des Dames et ailleurs ne sont, en France, toujours pas réhabilités….

« Je me révolte, donc je suis » et c’est pourquoi aujourd’hui encore malgré le temps qui passe et la difficulté des temps, j’ai fait le choix de m’engager encore pour servir mes concitoyens.

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