Carnet n° 130 du 28 février 2011

« L’effet papillon »

On se souvient du sens de ce que l’on appelle « l’effet papillon » : un joli papillon s’envole et le mouvement de ses ailes provoque, par effet de chaîne (ou de domino), des conséquences lointaines sans véritable lien ni en termes de nature ni en termes d’ampleur avec le souffle initial.

Les révolutions en sont souvent de bons à défaut de beaux exemples ; c’est ce qui s’est passé hier dimanche entre l’Elysée et « la Lanterne ».

Deux ministres, dont la Ministre des affaires étrangères, profitent des fêtes de Noël sous la bénédiction d’un présumé dictateur, M. Ben Ali, tandis que le premier Ministre en visite un autre, M. Moubarak, sous l’œil de M. Coppé depuis la citadelle cubaine…

Deux mois s’écoulent qui vont ridiculiser notre pays et sa « diplomatie »…

Le Président de la République, si prompt souvent à dégainer, hésite,… puis il se décide enfin à nommer M. Juppé à la place de notre voyageuse, en profitant de ce mouvement pour faire rentrer au gouvernement Mr Gérard Longuet, fondateur dans sa jeunesse, du mouvement « Occident », un mouvement à côté duquel le FN fait presque figure « d’association républicaine honorable ».

En position de force, M. Juppé pose ses conditions et exige le départ du chaperon élyséen Mr Claude Guéant à qui l’on propose donc « l’intérieur » et le retour de « l’immigration ».

Exit Brice Hortefeux… l’ami de 30 ans… c’est l’effet papillon…

Ce serait risible si ce n’était si grave de voir ainsi tant d’erreurs, d’abord niées, puis rejetées et avec elles, quelques vérités…

Un écrivain indien l’a écrit, il y a un siècle :

« Si vous fermez la porte à toutes les erreurs, la vérité restera dans l’ombre »

Car au-delà des côtés un peu grotesques de cette affaire, c’est le fond qui importe.

Et le fond, ce sont les risques d’échec de ces révolutions arabes si l’Europe ne lance pas une grande politique euro-méditerranéenne. Il faut aider les pays du sud à se développer. C’est le seul moyen de réguler les flux migratoires, car ne l’oublions jamais, « de la Muraille de Chine au Mur de Berlin, aucune clôture, aucune barrière, aucun rempart n’a jamais empêché durablement un mouvement naturel ».

Ce qui, bien sûr, ne doit pas empêcher nos états de faire leur travail (ce qu’ils ne font pas pour les Roms) en appliquant, à tous, nos lois républicaines dans la réalité du quotidien et au-delà des discours et « coups de menton ».

Chaque jour, nous le confirme :

En 2012, seul un grand rassemblement du camp du progrès, allant de DSK à Mélenchon, en passant par Bové et Eva Joly, avec en son cœur et aux manettes Martine Aubry peut nous permettre de sortir de l’enlisement où nous a plongé l’UMP.

Tout est lié depuis le sérieux et le poids de la France dans une Europe plus forte, pour une grande politique méditerranéenne jusqu’au prix du gaz en augmentation de 20%.

Tout implique le respect des lois et celui de la laïcité, la nécessité d’une nouvelle croissance et l’arrêt de la spirale de la misère pour des millions de nos concitoyens.

Cela nécessitera beaucoup de travail et des équipes nouvelles et actives.

C’est ce que, à mon modeste niveau, j’ai fait et c’est ce que je fais à Villeneuve d’Ascq depuis 3 ans pour redresser la barre et l’on verra au moment du vote du dernier budget du mandat en 2014 que la quasi-totalité des objectifs auront été atteints malgré la crise.

Quand on manque d’argent, il faut davantage d’énergie et de partenariats, plus de rassemblements et moins de divisions !

À méditer par « nos mouches du coche » qui devraient comprendre que les citoyens attendent autre chose de leurs élu(e)s que des communiqués de presse quotidiens….

J’ai retrouvé chez Marcel Proust des paroles qui, pour moi, illustrent bien ce que signifie « faire de la politique autrement » :

« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages mais à avoir de nouveaux yeux »

Et l’on peut avoir de « nouveaux yeux » à tout âge. Il suffit de le vouloir et de savoir faire passer ses idées avant sa carrière, l’intérêt général avant les intérêts particuliers.

J’en resterai là pour aujourd’hui depuis ma fenêtre d’un hôtel du Tréport face au port baigné de pluie, un hôtel où Victor Hugo aimait à venir s’y reposer et écrire. (La comparaison, bien sûr, s’arrête là).

À l’instar de François Mitterrand, je crois aux « forces de l’esprit » et je ne nie pas l’existence d’un au-delà, même si rien ne nous permet de croire qu’il y ait des liens possibles entre nous, les êtres humains, et cet « au-delà » sinon par la pensée ou par filiation génétique.

Avec pour terminer deux citations que j’aime bien.

La première de William Blake :

« Dans le grain de sable, voir un monde.

Dans chaque fleur des champs, le paradis »

L’autre est de Confucius ( 551– 479 avant J.C. )

« Pas trop d’isolement, pas trop de relations. Le juste milieu, voilà la sagesse ».

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