Carnet n° 260 du 26 août 2013

« L’heure de la rentrée »

 

Si, en ce 26 août, tout le monde n’est pas encore « rentré » physiquement, ou dans sa tête, malgré les routes bouchonnées du week-end écoulé et les journaux télévisés qui nous y appellent,

 

  • si les agendas de la semaine qui s’ouvre ne sont pas encore trop chargés,

 

  • si on essaie encore, envers et contre tout, de freiner le temps qui va nous précipiter dans des « temps que l’on devine plus qu’agités »,

 

  • si on voulait pouvoir vivre encore, pour certains le plaisir des vacances, et ou, pour d’autres celui de pouvoir tout simplement lire, flâner, se cultiver…

 

Somme toute, si on voulait repousser le tourbillon qui va nous entraîner loin de la beauté des sites, des fleurs, des paysages, des images odorantes de « la chanson des blés d’or »,

 

les indices d’une rentrée imminente sont là avec des matins plus frais, le retour des nuages, la rentrée scolaire à préparer pour beaucoup, parents, personnels, élu(e)s, des demandes de rendez-vous en nombre, des réunions à programmer en cascade  et, bien sûr, tel « le retour des cloches pascales » les fameuses universités d’été des partis politiques : PS, Front de Gauche, Verts… l’UMP n’ayant, nous dit-on plus « les moyens » de les organiser… ce qui n’empêchera pas son Président Copé d’organiser celles de sa « chapelle » …. comprenne qui pourra….

 

C’est « une mise en jambes » en forme de « grand messe » où les leaders testent leur popularité via un applaudimètre qui parfois, tel les « hits parade », sont quelque peu « de bois » (dixit la chanson)… Cela permet à J-L. Mélenchon de se déchaîner, à C. Taubira de jouer les félines, à Manuel Valls les tribuns (« Je suis de gauche… voilà ma gloire, mon espérance et mon soutien… ») et à J-F. Copé de changer de cap… une nouvelle fois. (« Ce ne sont pas les girouettes qui tournent mais le vent » disait Edgar Faure).

 

De Grenoble à la Rochelle en passant par Marseille et Châteaurenard, chacun fourbit  ses armes, essaie de regonfler les ardeurs militantes, teste de belles formules…

 

Tout cela dans le plus parfait désintérêt du « citoyen lambda »….

 

On se doute que je n’en étais pas. On ignore peut-être que je n’en fut jamais, même durant les 37 ans et deux mois, où je fus carté au PS…

 

C’est sans doute une des explications de ma longévité locale et de mon absence de carrière politique nationale.

 

Cela m’aura permis dimanche d’assister au match Lille/St Étienne au plus haut des rangées VIP… désertées bien entendu pour cause d’Universités…, un match et une victoire un peu poussive qui vaut mieux cependant qu’une défaite brillante…. (comme en politique).

 

J’ai personnellement préféré durant ces derniers jours un contact quotidien avec mes concitoyens dans les rues de ma ville, un travail de finalisation de ma campagne des municipales et de son déroulé, des dernières mises au point et arbitrages sur les gros dossiers des prochains mois : conditions préalables de bouclage du budget 2014 sans augmentation des taux d’imposition, services publics communaux, projets divers d’urbanismes, moyens de faire face aux enjeux de la sécurité auxquels les habitants sont si sensibles et bien sûr le dossier récurent des Roms, de leurs débordements et de leurs excès.

 

Pas simple quand on sait que cela dépend d’abord du gouvernement, de celui d’hier comme de celui d’aujourd’hui, et d’une évolution sociétale qui, partout, pousse à la violence.

 

Il suffit de regarder la télé pour voir jusqu’où, ailleurs, cela peut conduire… Ce à quoi heureusement, jusqu’à présent, (mais jusqu’à quand ?) on a pu échapper…

 

Face à tout cela, pour un Maire, il n’existe pas vraiment un instant de repos paisible et serein et pas un jour qui se lève sans crainte « d’un gros pépin ».

 

Oui, on le voit, la rentrée est là, imminente, présente déjà même avec des prévisions de météo politique qui ne sont pas au « beau fixe »… :

 

  • une réforme annoncée des retraites qui va mettre sans doute des centaines de milliers de manifestants dans les rues,
  • un chômage dont on espère « qu’il cessera demain d’augmenter aussi vite qu’hier »,
  •  des impôts d’État et locaux qui vont commencer à pleuvoir et qui vont faire mal même si des communes comme la notre, une nouvelle fois, n’en ont pas augmenter les taux…(depuis 2008,
  • des économies budgétaires réclamées à corps et à cris dans le budget de l’État mais qui feront crier tous ceux qui seront touchés, des cris amplifiés politiquement, y compris par « les politiques » qui les exigeaient globalement et qui se plaignent encore d’un effort insuffisant en la matière (cf l’UMP).

 

Oui les tréteaux sont plantés et la commedia dell’arte est prête à commencer si ce n’est le théâtre de Guignol.

 

Oui la rentrée est là avec, on n’en mesure pas encore toutes les conséquences, la guerre civile qui couve en Égypte et la guerre en Syrie qui risque de nous entraîner dans son sillage comme dans la queue d’une comète infernale…

 

La rencontre entre des exécutifs, affaiblis par la crise dans les pays démocratiques, et ceux, ailleurs, pour qui seule importe la force surtout quand ils pensent n’avoir plus rien à perdre, oui cet affrontement risque d’être terrible ! On n’a pas fini d’en parler dans les prochains jours.

 

Sans doute nos gouvernants devraient-ils revoir leurs calendriers, hiérarchiser les urgences, prioriser leurs actions sous peine d’allumer un peu partout des petits foyers que le vent de l’histoire, un moment donné, fera se rejoindre pour tout embraser. Mais je doute qu’ils sachent le faire….

 

En France, si les socialistes s’inquiètent, avec raison, de la détérioration profonde de leur image, très souvent injuste quand il s’agit des militants et souvent injuste quand il s’agit de leurs élus locaux, qu’ils sachent que le pire n’est pas uniquement pour eux une lourde défaite aux municipales de mars 2014. Il est des risques plus graves et à plus court terme….

 

Et il n’est pas d’autre issue que celle dont j’ai confirmé le choix fait dès avant 2008 :

 

Rassembler au delà des légitimes différences sur des objectifs qui correspondent aux attentes d’une grande majorité de nos concitoyens et ce, dans le cadre de nos valeurs républicaines de Liberté, Égalité, Fraternité et Laïcité.

 

La rentrée est là, à nos pieds, à l’image pour certains d’un fossé à franchir et pour d’autres d’une voie, certes caillouteuse, mais tracée.

 

Puisse-t-elle ne pas déboucher sur un précipice… Personnellement j’y suis prêt.

 

Et le fait, cet été, d’avoir revisité mon passé et ma mémoire m’y aura aidé.

Car à l’instar d’Ernest Renan, je pense que : « Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un respect profond du passé ».

 

Avec, toujours, une conviction chevillée au corps ainsi résumée par Louis Pauwels :

 

« Il n’y a qu’une morale : vaincre tous les obstacles qui nous empêchent de nous surpasser », car, en temps de crise, il nous faut, tous, nous surpasser….

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