Carnet n° 259 du 19 Août 2013

«  De la velléité à la volonté et de la volonté à l’action »

 

Ce qui se passe aujourd’hui en Égypte, où un chaos s’est installé qui est en passe de se transformer en une sanglante guerre civile,

les troubles, manifestations et assassinats qui se succèdent en Tunisie,

les éléments palpables d’instabilité en Libye,

sans oublier une terrible guerre civile politico-religieuse en Syrie et les attentats meurtriers qui n’en finissent pas en Irak,

m’ont remis à l’esprit cette citation de Napoléon 1er si souvent malheureusement d’actualité (Révolution Française et « celle de Soviets de 1917 » en Russie, pour n’en citer que deux parmi des dizaines d’autres, sinon plus…),

« Dans les révolutions, il y a deux sortes de gens : ceux qui les font et ceux qui en profitent ».

 

C’est tristement vrai et je ne connais pas d’exception, quelque soient les lieux et les époques.

 

Lacordaire l’avait écrit au début du 19ème siècle :

«  L’injustice appelle l’injustice ; la violence engendre la violence ».

 

Et il n’y a rien d’étonnant à ce que ceux qui se révoltent contre l’injustice et qui déclenchent un processus révolutionnaire ne soient pas ceux qui sortiront gagnants du mécanisme de violence qu’il engendre.

 

A l’instar «  des crises qui débouchent sur de nouvelles naissances  » que j’évoquais dans mon précédant carnet, on n’en connaît ni l’issue, ni le temps pour y arriver, ni le coût, en particulier humain.

 

Bien malin est celui ou celle qui, aujourd’hui, peut dire ce que sera l’Égypte de demain : démocratie ? Dictature militaire ? Régime autoritaire ? Ou «  république islamique ?

Avec ses 85 millions d’habitants (soit 4 fois plus qu’il y a 60 ans) la question est importante pour l’avenir du bassin méditerranéen dont l’Europe constitue la rive nord.

 

Si on ajoute à cela la crise environnementale qui d’ores et déjà ronge notre terre et mine la santé de ses habitants, la crise économique qui crée de la misère et des injustices sans nom, les crises sociétales, facteurs de déracinements et de violences, l’avenir est bien loin d’avoir la couleur d’un ciel bleu estival.

 

Alors, face à cela, certains peuples s’enferment et construisent des murs et des clôtures pour « les protéger » des voisins.

A ce propos, si on évoque souvent, pour mieux la condamner «  la clôture défensive de 650 kms » érigée par Israël le long de la « ligne verte » qui la sépare de la Cisjordanie, on oublie « pudiquement » les 17 300 autres kilomètres de murs et de clôtures érigés sur les autres continents, sans oublier ces millions de citoyens qui s’emmurent chez eux…(près de 10 millions d’américains l’ont déjà fait).

 

 

A ce stade on me permettra de me citer à nouveau :

 

«  De la muraille de Chine (7000 km), au mur de Berlin, rien n’a jamais pu empêcher durablement des hommes, des femmes et des peuples de passer et d’aller là où la peur ou la faim les y poussent… ».

 

Et si ces milliards de milliards de dollars (ou d’euros) qui leur sont consacrés à les construire, à les entretenir et à les surveiller étaient investis dans le développement de ces pays que fuient leurs populations ?

Mais ce n’est déjà plus du domaine du rêve ….

 

Je repense, en cet instant, à cette citation de Paul de GONDI, cardinal de Retz :

«  Il y a très loin de la velléité à la volonté, de la volonté à la résolution, de la résolution au choix des moyens, du choix des moyens à l’application ».

 

Ce sont ces distances que j’essaie de raccourcir à chaque instant de ma vie face aux problèmes auxquels je suis confronté.

 

Et je conseillerai à certains politiques d’en faire autant avant de parler.

 

Comment un politicien « expérimenté » comme Jean Luc Mélenchon peut-il à ce point ignorer ce que ressent le peuple qu’il prétend défendre quand il fait le reproche à François Hollande et à Manuel Valls de se préoccuper de la sécurité et de la délinquance en les accusant de « chasser sur les terres du FN » alors que c’est en ne s’en préoccupant pas que la gauche ferait le lit du FN et de Madame LE PEN ?

 

Je le vis quotidiennement dans ma ville en particulier sur le dossier des Roms, la multiplication des cambriolages et l’exaspération montante des citoyens !

 

Oui, le monde change, la France doit changer, la gauche elle-même a changé et doit encore changer.

 

On peut être humain sans être laxiste, juste sans être autoritaire, solidaire sans écraser les classes moyennes, être enfin pour une État fort dans ses missions régaliennes sans une administration trop étouffante !

 

C’est l’enjeu de l’avenir du « modèle français » et donc du socialisme à la française.

 

La gauche n’a de sens et de futur que si elle est capable d’être efficace et juste à la fois.

 

C’est en ce sens que j’ai toujours été et que je reste un homme de gauche, républicain et laïc ; ce qui ne m’empêche pas, au contraire, de travailler au bien commun avec des femmes et des hommes qui, sans partager tout mon patrimoine idéologique, ont une même envie d’être au service des autres,

 

et cela même si, comme Gilbert Cesbron, je me pose moi aussi la question de savoir  

«  Pourquoi il est encourageant de progresser d’une marche et décourageant de monter quatre marches pour en redescendre trois ».

 

Je terminerai mon 259ème carnet par une touche musicale extraite des «  Fleurs du mal  »de Charles Baudelaire :

«  Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige, valse mélancolique et langoureux vertige ».

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