Carnet n° 150 du 18 juillet 2011

« Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard (Aragon) »

À la veille d’écrire mon 150e carnet en date du 18 juillet 2011, en un dimanche pluvieux et plutôt tristounet, plusieurs citations et proverbes se sont bousculés dans ma tête.

L’un de ces proverbes thaïlandais nous dit que « De même qu’une grande distance révèle un bon cheval, le temps révèle une personne de bien ».

Je n’ai vraiment pas cette prétention. Tout juste ce temps passé a-t-il pu révéler, chez moi, une personne plus sereine et un homme moins pressé… Et ce n’est déjà pas si mal.

Un autre est arabe : « Pour chaque regard que nous jetons en arrière, il nous faut regarder deux fois vers l’avenir ». Et celui-ci m’encourage à continuer… Et donc, sans doute, à vouloir ignorer ce conseil de Henri James : « Il est temps de vivre la vie que tu t’es imaginée ».

Alors, si ces mois d’été laisseront peu de place à ce que l’on appelle des vacances,

je les consacrerai d’abord, comme d’habitude, à des visites de ma ville, à ses chantiers et ses travaux, ses centres de loisirs pour nos enfants et nos jeunes, avec, sans doute, une petite échappée en Haute-Savoie et en Drôme pour y rencontrer quelques-uns de nos « colons » à Habère-Poche, Bellevaux et Rémuzat…

Je les consacrerai, aussi, à étudier en profondeur les dossiers lourds de notre ville à mettre en œuvre d’ici 2014 après une première moitié de mandat plutôt positive.

Je les consacrerai enfin, dans le calme relatif du mois d’août, à réfléchir à ma place dans les prochaines années afin d’arrêter, en toute conscience de mes réalités, mes décisions pour 2012 et 2014, deux échéances, on le sait, très liées.

« Le coquelicot » que je suis, fragile et fort à la fois, malmené mais encore là et toujours aussi impossible à couper pour être mis en pot, oui, le petit coquelicot que je suis réfléchira aux voies les meilleures pour essayer d’être encore utile :

• À ma ville

• À notre métropole lilloise,

• Aux citoyens qui y vivent,

• voire au-delà,

à l’aube de grandes échéances nationales où, je le répète, « on risque d’aller droit dans le mur » si on continue dans des jeux de rôle parfaitement inaudibles et incompréhensibles pour une grande majorité de nos concitoyens qui exigent de « leurs élites »

• Du concret pour répondre à leurs angoisses,

• Du bon sens dans les réflexions et propositions,

• Un attachement à nos valeurs républicaines de Liberté, Egalité, Fraternité, Laïcité,

• Un respect des idées des autres,

• Un nécessaire rassemblement de celles et ceux qui privilégieront ce qui les unit sur ce qui les divise.

Hors de cela, point de salut !

Fini le temps des promesses démagogiques qui se cassent dès le lendemain sur le mur de réalités qu’on a fait semblant d’ignorer !

Pas de surf sur l’écume des idées à la mode médiatiquement bien portées qui, très vite, s’en vont s’éteindre à peine les sables de la plage atteints.

Si j’ai un seul conseil à donner à celles et ceux qui cherchent à remplacer une droite que l’on dit usée et dévaluée :

« Écoutez le peuple ! … Ne le jugez pas même quand ses cris vous gênent ! »

N’oubliez jamais que vous êtes là pour le servir et pas pour vous en servir.

À la lecture de ses propos, j’en entends déjà plus d’une et plus d’un grincer en parlant de « populisme ».

Quand les moyens manquent pour faire plus, et ces moyens manqueront quand on voit l’état des finances publiques, la dictature des financiers et les menaces sur l’euro,

Oui, quand les moyens manquent pour faire davantage, il faut faire autrement.

C’est cela « Changer la vie » :

• Conjuguer aménagement du territoire, construction de logements et création d’emplois, cela peut se faire sans nécessairement faire exploser les budgets.

• Organiser le travail tout au long de la vie n’est pas qu’une question d’âge légal de départ à la retraite.

• Assurer la sécurité, ce n’est pas qu’une obsession des nantis, c’est un besoin pour tous et en particulier pour les plus modestes.

• Refuser les communautarismes empreints de religions au profit des valeurs républicaines, ce n’est pas du passéisme mais c’est garantir l’avenir.

• Reconnaître qu’on a besoin d’une armée pour assurer la paix, c’est ne jamais oublier les cruelles leçons d’une histoire qui n’est pas si ancienne.

Que l’on cesse donc de stigmatiser celles et ceux qui y croient sans pour autant insulter ou nier le droit de certaines et de certains de n’y croire pas.

L’élection présidentielle sera gagnée par celle ou celui qui saura rassembler les Françaises et les Français sur ces valeurs, principes et idées.

Les élections législatives devront amener à l’Assemblée Nationale des députés capables d’écouter d’abord le peuple avant d’écouter leurs chefs et mentors.

Quant aux municipales et territoriales de 2014, elles seront une « Bérézina » pour celles et ceux qui auront, en 2012, fait des promesses sans suites.

Si, comme l’a écrit G. Eliot, il y a 150 ans « Il n’est jamais trop tard pour devenir ce que l’on aurait pu être », il n’est peut-être pas trop tard pour que les politiciennes et les politiciens qui gouvernent redeviennent celles et ceux que le peuple attend :

• Des élus qui ont des objectifs et qui s’y tiennent,

• Des acteurs de la vie publique qui agissent avec bon sens et un sens des valeurs,

• Des responsables qui ne reculent pas devant le premier obstacle venu s’il est légitime de l’affronter pour atteindre les objectifs fixés.

On l’aura compris, je n’aurai pas trop de cet été pour que le modeste coquelicot que je suis, décide des leviers à tenir ou à conquérir pour rester digne des combats qui nous attendent et pour être à la hauteur de ces enjeux.

Avec, en forme d’épitaphe, ces mots d’un poète espagnol du XIXe siècle Gustavo Adolpho Becquer qui n’ont aucune autre raison de clore ce 150e carnet que par le fait qu’ils sont beaux, bons et chauds :

« La solitude est très belle… quand on a près de soi quelqu’un à qui le dire »

Et d’avoir, pour l’illustrer, une pensée pour mon père Jean Caudron qui, dimanche prochain, le 24 juillet, à Laon, va fêter ses 90 ans.