Carnet n°743 du 26 décembre 2022

«Treize minutes, quarante secondes, cinq dixième…»

Il est sans doute beaucoup de femmes et d’hommes qui, comme moi, arrivant « au début de l’hivers de leurs vies « , se penchent sur leurs passés en fredonnant des chants de leurs enfances dont  » la nuit de Noël  » ou « petit papa Noël » et ce , en se remémorant l’odeur des épines des sapins, des bougies, du chocolat et des mandarines.

Ce ne fut pourtant pas mon cas cette année craignant d’y retrouver trop d’images tendres, familiales et nostalgiques peuplées de femmes et d’hommes chers à mon cœur mais aujourd’hui à jamais disparus…

C’est donc, en ces heures toujours particulières, que j’ai fait le choix de revisiter ma collection de disques vinyles et que j’ai retrouvé un 33 tours de Jacques Higelin en duo avec Areski sous le regard de Brigitte Fontaine dont un des titres m’avait déjà marqué il y a plus de 50 ans :   « 13’ 40’’ 5/10 »… ,

dont le début est en partie ainsi mis en musique au son de douces percussions :

          « Seul, assis devant un miroir… un homme, tout en essayant de garder son self contrôle, se regarde vieillir de 13’40’’ 5 /10 »

Treize minutes, quarante secondes et cinq dixième pour replonger dans une vie de bientôt 78 années et aussi, sinon surtout, pour regarder un présent à partir duquel on doit tous construire notre avenir.

De mon passé dont je tirerai sans doute un jour, lorsque j’en aurai le temps, non pas « mes mémoires » qui bien souvent n’intéressent que ceux qui les écrivent et surtout qui n’échappent que rarement à la tentation de « réécrire  l’Histoire », mais des témoignages venus de ce passé pour essayer d’expliquer le présent et ainsi mieux aider à préparer l’avenir.

Il en est  ainsi pour chacun(e) d’entre nous pour ce qui est de sa vie personnelle et surtout de la vie, au sens général du terme, qu’elle et il a vécu à travers ses méandres, ses incertitudes, ses angoisses et ses doutes qui ont toujours égrené le temps qui passe pour nous tous en tant que membres d’une même espèce, en tant que Terriens, Européens, Français voir simplement citoyen de sa commune…

Je n’en donnerai que quelques exemples en ce lundi 26 décembre 2022 :

Concernant « ma personne » ,  je répèterai les questions que je me suis toujours posées et dont les « réponses », à défaut d’être écrites sont autant de messages d’espoir pour toutes celles et pour tous ceux qui désespèrent de leurs origines quand elles et ils pensent à leur avenir.

Comment un petit garçon né dans un petit village Picard d’une famille modeste  a-t-il pu, après quelques années passées d’abord dans son école à classe unique puis dans une école communale à Laon avant d’entrer en 6ème dans le lycée de garçons de cette même ville, d’y avoir son  » bac math-élem  »  à 17 ans, d’y travailler comme « aide temporaire » à la Trésorerie Générale (après quelques mois passés dans un lycée technique à Reims), s’est retrouvé à Lille pour y faire deux années de licence en sciences économiques en en tant que contrôleur et inspecteur stagiaire du Trésor ?

Comment et pour quelles raisons a-t-il pu commencer à y militer comme Social-Démocrate pour François Mitterrand dès 1964 / 1965 avant de passer deux ans à Clermont Ferrand engagé dans la FGDS (Fédération Démocrate et Socialiste de François Mitterrand) et « d’y faire mai 68 », un mois que personne n’a oublié malgré la brièveté de ces événements (3 semaines actives), loin du Paris de Daniel Cohn-Bendit ?

Comment et pourquoi a-t-il choisi Roubaix pour venir y enseigner, au lycée Turgot puis à Jean Moulin, « les sciences et techniques économiques » ?

Comment est-il arrivé à Villeneuve d’Ascq et pourquoi s’est-il engagé, presque par hasard, en 1975 dans « un combat électoral » pour sa Ville qu’il n’a jamais quitté depuis 1976 (ce qui fera 50 ans en mars 2026 lorsqu’il « tirera sa révérence »… en toute discrétion) ?

Comment donc ce petit gamin timide, cet étudiant discret a-t-il ainsi pu devenir celui qu’on qualifie souvent de « tribun » dans une des neuf villes nouvelles voulues par le Général de Gaulle et Edgar Pisani ?

Comment a-t-il pu durant quinze ans conjuguer ce travail local en profondeur et un engagement européen et international qu’il me faudra aussi un jour rappeler ?

J’arrête là une litanie uniquement faite pour encourager ceux de nos jeunes qui désespèrent 

car je pense que j’ai prouvé que « dans la vie, si tout ne dépend pas de nous, beaucoup dépend quand même de nous ».

Quant à « la vie tout court », vécue d’abord comme « passeur de témoin », puis témoin et acteur à divers niveaux…, 

quand on a des grands-parents paternels nés en 1897 et donc faits « prisonniers civils » durant « la grande guerre de 14 /18 » à Lesquelles Saint Germain, avec une grand-mère qui aimait à parler de la guerre de Crimée de son grand père sous Napoléon 3  en 1854 , 

des grands-parents maternels polonais qui ont choisi de devenir Français en 1933 pour combattre Hitler dont ils pressentaient déjà le danger, 

un père « réfractaire au travail obligatoire en Allemagne » durant la 2ème guerre mondiale, 

une mère entrée en usine à l’âge de 11 ans, une fonderie …,

le lien est vite fait entre « le passage de témoin » et ma vie personnelle commencée en février 1945, deux mois donc avant le 8 mai 1945 qui mis fin à la guerre d’Hitler en Europe.

C’est à ce titre que j’ai toujours compris qu’il fallait refuser toutes les formes de lâcheté, ne jamais se désarmer, ne pas céder devant les menaces d’où qu’elles viennent.

Des accords indignes et déshonorantes de Munich signés avec Hitler, du pacte Staline-Hitler et les dizaines de millions de victimes de ces deux dictateurs dans leurs États respectifs et « leurs zones d’influences », de la guerre froide sous menace permanente nucléaire que nous avons vécu durant plusieurs décennies avec en 1962 un passage au plus près de l’apocalypse, du courage des « Pères fondateurs de l’Europe » qui nous permet 70 ans après  » d’exister encore », y compris face à la Russie de Poutine qui se verrait bien  être Staline voire Hitler… et ce, exister encore aux cotés de nos amis américains dont les plages normandes nous rappellent ce que nous leur devons,

tous ces témoignages et bien d’autres qui peuplent ma mémoire me confortent dans mes convictions et mes engagements d’aujourd’hui pour l’Europe, contre Poutine, contre l’islamisme terroriste, contre les Talibans bourreaux de femmes, contre les ayatollahs iraniens (et pas que), contre le dictateur coréen du Nord etc… etc…

Une chose ne doit jamais être oubliée : contrairement à l’Histoire qui est écrite quand on connait le début, la fin, les vainqueurs et les vaincus

« les témoignages » imposent de réfléchir, de choisir et ce, souvent, avec courage…

Il suffit de comparer à la même époque , en 1940, les choix faits par Pétain, De Gaulle et Churchill pour s’en convaincre et ne pas hésiter à le dire à ceux qui , à droite comme à gauche, auraient été prêts ou seraient encore prêts à  » soutenir  » Poutine.

Comme l’avait dit Churchill à propos des « accords de Munich en septembre 1938 quand la France et la Grande Bretagne avaient accepté le dépeçage de la Tchécoslovaquie par Hitler via l’abandon des sudètes au dictateur nazi : «Ils avaient le choix entre les déshonneurs et la guerre ?. Ils ont choisi le déshonneur et ils ont eu la guerre»

Et j’ajouterai , en en terminant pour aujourd’hui avec l’énoncé de mes convictions dans « mon retour vers le passé » et de mes réflexions ainsi énoncées, 

dont j’avais prévu, quand j’ai pris ma plume, qu’ils dureraient «Treize minutes, quarante secondes et cinq dizaines»,

une durée que « j’ai surement dépassée », mais ce qui d’ailleurs n’est pas grave, ni à l’échelle du « temps humain » et encore moins en raison de « sa relativité » selon la théorie d’Albert Einstein… qui nous rappellent que notre « comptage du temps » n’est qu’une construction humaine parfaitement artificielle…et relative ,

somme toute , … mes  » 13’,40’’ et 5/10  » sont un peu à l’image d’un trou noir où la densité l’emporte sur l’ampleur.

Au demeurant quand même, j’ai vécu ce Noël 2022 avec douceur, profondeur, tendresse, humanité à travers des liens familiaux directement ou indirectement retrouvés et tous les liens amicaux et citoyens permis par les cartes de vœux, le téléphone, les messageries et Facebook…

Et tout cela , je l’avoue, fait du bien… tellement de bien !

Alors merci à toutes celles et à tous ceux qui m’ont offert ces petits bonheurs en me faisant oublier un instant les grincheux et les égoïstes « toujours tapis dans des ombres pas très lointaines « …

Sommes toute enfin, dans un présent qu’explicite largement le passé,  « le rêve dessine un avenir que la volonté ouvre  grand devant nous » .

                    En ce jour de Noël,  « Jour de fête d’un enfant né dans la chaleur humaine en toute simplicité » ,… tel fut mon crédo …

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