Carnet n°664 du 14 juin 2021

« Quand une Démocratie est malade… »

Après 5 jours hors de Villeneuve d’Ascq (temps de déplacement compris) et donc 4 jours sur Cassis et ses alentours, cinq journées donc de recul par rapport à la vie quotidienne d’un maire, les premières depuis mes 3 semaines de congés du mois d’août dernier avec ma plongée au cœur de la France profonde, 5 jours sans presse ni infos télévisées, avec simplement la lecture et le transfert de messages reçus dans mes deux messageries pour éviter trop de retards préjudiciables à mes concitoyen(ne)s,

le retour au milieu de valises de dossiers et de courriers, de notes d’arbitrages et de coupures de presse fut brutal… , avec le sentiment, que j’espère non fondé, de perdre en quelques heures le bénéfice de ces quelques jours qui m’avaient redonné le sentiment d’une forme retrouvée…

Si j’ajoute à cela, la prise de connaissance d’une semaine particulièrement agitée sur le plan sociétal, du « soufflet  » à notre Président à « l’enfarinade » de M. Mélenchon, de violences exacerbées ici et là, de rassemblements festifs désordonnés et imprudents, d’agressions d’élus, de policiers, de gendarmes, de pompiers (et autres citoyens en première ligne), 

somme toute des signes inquiétants d’une société malade et d’une Démocratie malade,

j’ai repensé à ces mots d’Albert Camus dont j’ai extrait le titre de mon 664ème carnet :

« Faites attention, quand une Démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet mais ce n’est pas pour prendre de ses nouvelles ! »

Et je veux le redire une fois encore, l’histoire du 20ème siècle vient nous le rappeler, le fascisme emprunte de nombreuses voies avec de nombreux artisans dont d’ailleurs certains sont inattendus et donc rarement par le seul fait d’un seul homme, d’une seule femme et d’un seul parti, ce qui serait trop « prévisible »…sinon trop simple…

Il est bon de rappeler à cet effet que si Franco est arrivé au pouvoir en Espagne par un coup d’état militaire (aidé d’ailleurs par les nazis et des fascistes mais aussi par des forces conservatrices espagnoles) qui commença en 1936 pour se terminer en 1939 par sa victoire en faisant des centaines de milliers de victimes,

Hitler fut nommé Chancelier d’Allemagne le 30 janvier 1933 par le Président Hindenburg qui pourtant l’avait battu quelques mois plus tôt et après n’avoir obtenu que 33,1 % des voix aux Législatives de novembre 1932, avant alors de former un gouvernement qui ne comptait que 3 nazis (on connaît la suite).

Benito Mussolini, ex socialiste jusqu’en 1914, Directeur alors d’AVANTI , quotidien du PSI, fut chargé par le Roi Victor Emmanuel III de former un gouvernement le 29 octobre 1922 qui ne comptait que 4 fascistes issus du parti fasciste qu’il avait créé en 1921 (on en connaît la suite).

Pour mémoire aussi, le Maréchal Pétain qui obtint les pleins pouvoirs de l’Assemblée nationale le 10 juillet 1940 par 589 voix venues de tous les partis contre 80 (12 %) mettant un terme à la IIIème République en instituant « l’État français » dit « Régime de Vichy »…, le vote écrasant d’un parlement pourtant issu du Front Populaire de 1936, des pleins pouvoirs avec toutes les conséquences que l’on sait en termes de collaboration mortifère avec Hitler.

  Si je rappelle tout cela c’est pour redire avec force que le fascisme est le fruit « d’idées infames », de populismes de toutes teintes, de comportements individuels et collectifs, d’ambitions personnelles et de manœuvres politiciennes qui sont multiples et qui, malheureusement, viennent de tous les horizons.

D’où mes angoisses quand je vois tout ce qui constitue « les actualités » en Europe et en France…

Et si le soufflet reçu par notre Président est évidemment condamnable même s’il est d’une autre nature que l’attentat du Petit Clamart contre le Général de Gaulle, il est le signe d’une dégénérescence sociétale dont il n’est pas le premier exemple. Chacun se rappellera de cette photo publiée le 3 octobre 2018 sur laquelle le Président Macron pose avec 2 jeunes dont l’un fait « un doigt d’honneur » et toutes les petites phrases assassines du Président à propos des « gens qui ne sont rien », des « Gaulois réfractaires », « du pognon dingue dans les minimas sociaux », des « fainéants et des cyniques », « de ceux qui foutent le bordel au lieu d’aller regarder s’ils ne peuvent pas avoir des postes » (pour n’en citer que quelques-unes…)

Si j’ajoute à cela celles et ceux qui changent de partis et d’idées « comme on change de chemises », des « leaders » de gauche comme de droite qui flattent certains « bas instincts  » ou qui « accompagnent » des discours anti-laïcs voire antirépublicains en espérant gagner des voix (suivez mes regards !)…,

nul doute que pour moi, aujourd’hui encore, Albert Camus a toujours raison  … , en ajoutant cette fois ci…  « malheureusement « … quand il nous dit  « Faites attention, quand la Démocratie est malade, le fascisme vient à son chevet mais ce n’est pas pour prendre de ses nouvelles »

D’ailleurs si je m’autorise à écrire encore… et encore…, c’est parce que, comme Albert Camus, je pense que si « la lecture apporte à l’Homme la plénitude (ce que j’ai ressenti dans le TGV qui m’emmena dans le sud de la France en relisant les Ramsès de Christian Jacques), le discours, l’assurance (ce dont je suis aujourd’hui privé), l’écrit (apporte) l’exactitude (ce dont je ne saurais me priver en ces temps d’incertitudes, d’angoisses, de troubles et de périls) »…

et ce, même si pour Blaise Cendras : « Écrire ce n’est pas vivre. C’est peut-être survivre. »

voire pour Roland Barthes : « Le souvenir est le début de l’écriture et l’écriture le commencement de la mort. »

À une semaine des élections régionales et départementales, ayant déjà exprimé mes insatisfactions et donc mes choix, je m’arrêterai là pour ce qui sera un de mes plus courts carnets tout en disant quand même le mal que je pense de certains candidats et de leurs partis incapables de fournir des assesseurs et des bénévoles en nombre suffisant pour tenir les bureaux de vote…

« Syndrome du Titanic » sans doute… ou plus simplement pour beaucoup, comme le disait déjà Montaigne au XVIème siècle, : « avoir plus grands yeux que grande panse », en français d’aujourd’hui « avoir les yeux plus grands que le ventre » …

(on en reparlera  sans doute en septembre prochain).

En attendant…, « toutes choses égales par ailleurs », je confirmerai, pour terminer ce carnet du 14 juin, mon accord là aussi avec François Mitterrand quand il écrivait : « Dans la vie politique, on ne se fait pas, on ne se crée pas de véritables amitiés. On a (parfois tout juste) quelques bons compagnons. »

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