Carnet n°659 du 10 mai 2021

1981…  » CA S’EST PASSE UN DIMANCHE  » … LE DIMANCHE  10 MAI !

Si les citoyen(ne)s de ma génération ainsi que, bien sûr, d’autres de générations précédentes et de générations suivantes, n’ont pas oublié cette date du 10 mai 1981 et ce qui s’y est passé, l’élection de François Mitterrand, premier Président socialiste de la Vème République avec en mémoire chez certain(e)s un moment extraordinaire de joie et d’espoirs  » en même temps  » que chez d’autres des angoisses pour leurs privilèges voire pour leurs libertés (on se souvient de celles et de ceux qui nous  » prédisaient  » alors l’arrivée de chars soviétiques à Paris pendant que d’autres remplissaient leurs valises de bijoux et de billets).

    Avant de revenir sur cette journée du 10 mai 1981 que j’ai personnellement vécu il y a aujourd’hui 40 ans comme un des meilleurs et plus grands moments de ma vie,

je voudrais ainsi rappeler aux amateurs, comme moi, d’Histoire que cette date du 10 mai a marqué de nombreuses fois l’histoire de la France, de l’Europe et du Monde en en donnant quelques exemples dont :

le 10 mai 1774, la mort de Louis XV, 

le 10 mai 1802, « le dernier cri de l’innocence et du désespoir » de Louis Delgrès pour « un droit à l’insurrection » ,

le 10 mai 1806, la fondation par Napoléon I de l’Université,

le 10 mai 1871, la fin de la guerre Franco-Prussienne engagée et perdue par Napoléon III,

le 10 mai 1933, à Berlin, où les Nazis montrent déjà leurs vrais visages en brûlant 25 000 livres considérés comme contraires à la  » pureté de leur race « ,

le 10 mai 1940 quand les armées allemandes envahissent les Pays-Bas, le Luxembourg, la Belgique et la France pour les soumettre en moins de 6 semaines juste avant, depuis Londres, l’Appel du 18 juin du Général de Gaulle,

le 10 mai 1968 et les premières barricades d’un  » mois de mai 68  » dans le quartier latin de Paris juste avant les grandes manifestations populaires du 13 mai et 3 semaines avant le  » coups d’arrêt gaulliste  » du 30 mai marqué par une manifestation monstre sur les Champs Élysées de près d’un million de participants,

le 10 mai 1994 et l’élection de Nelson Mandela Président de l’Afrique du Sud après ses 27 ans d’emprisonnement dans les geôles de l’apartheid,

le 10 mai 2001 et la loi Taubira sur l’esclavage,

sans oublier non plus mai 1958 et un premier « putsch des Généraux » à Alger qui conduira « au retour aux affaires » de Charles de Gaulle nommé Président du Conseil de la France le 3 juin 1958  » un petit peu grâce à cela  » (n’est-ce pas Michel Debré ?) ni une deuxième tentative de putsch, à Alger encore, en avril 1961 de 4 généraux, un putsch contré cette fois-ci par le Président de Gaulle…,(et l’aide les soldats du contingent)

et bien d’autres événements… qu’ils seraient trop long de citer en ces « jolis mois de mai » comme on les appelle…

10 mai 1981 enfin, pour en revenir à ce que nous commémorons ou que nous fêtons ce lundi 10 mai 2021, le quarantième anniversaire de l’élection du Premier Président socialiste de la Vème République, un des 8 Présidents Français élus après Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing et avant Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, François Hollande, Emmanuel Macron, 8 Présidents dont 2 seulement ont fait deux mandats, François Mitterrand durant 14 ans et Jacques Chirac durant 12 ans, tous les huit élus à l’issu de 10 élections présidentielles au suffrage universel instauré par référendum le 28 octobre 1962 adopté par 82 % de oui et 18 % de non.

Ce dimanche 10 mai 1981, après deux tentatives infructueuses où il avait néanmoins mis le Général de Gaulle en ballotage en 1965 et où il avait été battu d’extrême justesse par 50,81 % contre 49,18 % par Valérie Giscard d’Estaing en 1974,

à 20 heures, quand son image numérique qui se déroulait sur l’écran télé, après des secondes de doute vu la ressemblance des deux visages des finalistes dans leurs parties hautes,

François Mitterrand apparut dans sa totalité, ce furent des explosions de joie à Paris, à Lille et partout en France, suivies de manifestations d’ampleur jamais alors connues auparavant pour une telle circonstance,

tandis qu’à Château-Chinon dans « l’Hôtel du Vieux Morvan » où il venait régulièrement, en particulier lors de toutes les journées électorales, avant de reprendre la route pour Paris, il avait « laissé tomber » à Jean Glavany qui, dès 18H25, l’informait que les sondages le donnait élu… « Ah bon ! »

Depuis mon bureau de l’Hôtel de Ville, « le modèle » que d’ailleurs j’avais préparé sur quelques centaines de bulletins dépouillés me donnait aussi sa victoire dès 18H35, une victoire que j’annonçais alors à mes proches…

De toutes ses déclarations dans les heures qui suivirent, je retiendrai aujourd’hui ses premiers mots depuis Château-Chinon : « je mesure le poids de l’histoire, sa rigueur et sa grandeur. »

J’aurai sans doute l’occasion de revenir sur ses 110 propositions, dont une petite centaine, rappelons le, fut mise en œuvre, sur les grands bouleversements qu’il a opéré, sur son rôle européen majeur, sur les tensions qui s’opèrent toujours quand on est dirigeant entre les rêves suscités et les réalités avec lesquelles « il faut faire », sur certaines déceptions donc, et des déceptions certaines, même si élu en 1981 par 51,76 %, il sera réélu en 1988 par 54,02 %, un cas finalement unique si on exclut la réélection en 2002 de Jacques Chirac mais dont l’adversaire au 2ème tour s’appelait Monsieur le Pen, tandis que Valérie Giscard d’Estaing, Nicolas Sarkozy et François Hollande étaient privés de 2ème mandat… 

Reste Emmanuel Macron qui s’accroche « au modèle Chirac » de 2002 qui déjà lui avait donné la victoire au deuxième tour face au FN en 2017, un coup qu’il aimerait refaire face au RN… en 2022.

Même si « comparaison n’est pas raison » et si la situation d’aujourd’hui semble écarter l’idée d’un front Républicain qui lui assurerait une  » victoire malgré tout… « et à tous les coups,

quand on fait tout pour « réduire » la social-démocratie et les droites républicaines en en faisant profiter les extrémistes et les populistes,…

« tant va la cruche à l’eau, qu’à la fin elle se casse… » !

Je ne le souhaite pas, pas plus que je ne le souhaite dans les Hauts-de-France où certain(e)s jouent ce même jeu… avec, à la clé, les mêmes risques… que le pire arrive… dont ils seraient les coupables.

Voilà ce qui risque d’arriver quand  » les princes qui nous gouvernent  » confondent la vie politique dans un État Républicain » et le  jeu de Monopoly ou de  Poker …

Quant à la Gauche, avec une prévision de 17 % dans les Hauts-de-France, là où les socialistes seuls faisaient  » encore  » en 2015  18,2 %, et des perspectives en 2022 de son élimination aux Présidentielles dès le 1er tour…, (comme en 2017) le moins que l’on puisse dire, 40 ans après le 10 mai 1981, c’est qu’il ne suffira pas de déposer une gerbe même à l’invitation de certain(e)s qui n’auraient pas alors voté pour lui (si j’en juge par certaines déclarations que j’ai lues et des noms qui figurent sur un mail d’invitation pour ce faire ce lundi à 10h au pied de sa statut à Lille Europe).

Quant aux dirigeants d’un PS descendu certainement aujourd’hui sous la barre des 5 %, ils n’ont pas lieu d’être fiers, même si le PS garde beaucoup de maires compétents, militants et dévoués.

Puisse, de là où il est aujourd’hui, François Mitterrand ne pas voir ces dirigeants s’agiter, eux qui auront amené le socialisme au niveau où François Mitterrand avait réduit un communisme encore aux couleurs soviétiques d’alors .

   Quand je repense à mes 37 années de militantisme à la SFIO, à la FGDS, au PS et aux 19 ans et demi à RC, soit 56 ans et demi au total, à mes 45 années d’élu de Villeneuve d’Ascq dont 36 comme Maire, mes 6 ans au conseil général, mes 15 ans au Parlement européen et les 37 ans à la CUDL devenue MEL, je me dis parfois : tout ça pour ça ?… tant d’années de militantisme en parallèle de 44 campagnes électorales depuis celle du Référendum de 1962 à Laon au deuxième tour des élections municipales de 2020 à Villeneuve d’Ascq.

C’est sûr que ce fut plus simple pour Emmanuel Macron…

Avec, me concernant, de nouvelles « images » en vrac qui s’ajouteront à celles de mes trois précédents carnets :

– le référendum de 1962 où presque tous ,dans le monde politique de l’époque ,militaient pour le NON (dont moi), un NON qui ne fit que 18 % … (une belle première pour le jeune de 17 ans que j’étais…)

– Sarajevo et « La nuit » organisée en 1994 à la Rose des Vents pour cette ville martyre  en lien et avec « Mères pour la Paix »

– mes négociations sur la ville nouvelle avec le Ministre Comte d’Ornano qui voulait nous imposer 2 500 logements nouveaux par an durant 3 ans en contrepartie d’une subvention budgétaire pour boucler notre budget communal de 1977, des logements que heureusement je n’ai pas construits car qui auraient fait de nous sans doute une ville avec des problèmes comparables à ceux des banlieues parisienne, lyonnaise, grenobloise ou strasbourgeoise… en obtenant quand même malgré tout par ailleurs le financement d’un mur antibruit au cœur de la ville le long de la RN 227 (boulevard du Breucq)

– la création d’une technopole après le congrès des Sciences Citys à Kyoto, la seule au nord de Paris durant 15 ans

– mes rencontres avec le commissariat à l’énergie atomique (CEA) que j’ai failli intégrer en 2004 si « l’Elysée » l’avait accepté

– mes multiples et riches contacts avec Laurent Fabius et Jacques Delors, deux « grands »… à Paris, à Bruxelles, à Strasbourg et Jérusalem

– une réunion au Vatican où « on » a voulu nous imposer d’intégrer dans la Constitution Européenne une référence à ses racines chrétiennes, cette constitution ayant d’ailleurs été refusée en mai 2005 par référendum en France

– la visite en Mer du Nord d’une plateforme gazière norvégienne

– une rencontre avec le « Sinn Féin » en Irlande du Nord … « tous feux éteints »

– une visite « interdite » du « plateau du Golan »depuis lequel avant sa conquête partielle les Syriens bombardaient  Israël

 Pierre Mendès France à l’Élysée le 21 mai 1981

– la découverte de Kyoto, de ses temples bouddhistes et de ses lieux mythiques qui ont largement valu en 1945 à Hiroshima d’être choisie pour la première bombe atomique

– l’aventure du projet « Soleil », un Synchrotron que les Parisiens ont finalement réussi à conserver

– le 6ème PCRD (programme cadre de recherche européenne) où en tant que rapporteur je ne vis les conseillers de Jospin, alors Premier Ministre, qu’à la veille du 2ème tour de vote au Parlement européen pour m’entendre menacé de ne pas voir la France l’accepter si le nucléaire y était « écorné »…(exit tout le reste…)

– la découverte d’Anchorage en Alaska en escale à 4 heures du matin après un survol du Pôle Nord quand ,pour aller au Japon, il fallait ne pas survoler l’URSS

– un spectacle à l’Ile de Gorée au Sénégal « qui finit en panique » pour les « invités blancs » dont j’étais alors qu’il s’agissait de journées mondiales contre l’Apartheid…

– un « saut de puce » chez Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro son village natal qu’il a fit capitale politique… son palais, ses crocodiles et « une belle manière » de nous montrer son mépris.

j’arrête là pour aujourd’hui une liste encore incomplète … tant elle est longue vus mes 45 ans d’élu,  58 ans de vie professionnelle et élective et mes 56 ans de militantisme… toujours dans le camp du progrès…

Tout cela pour dire quand même : que d’étoiles filantes politiques ai je vu dans un sombre ciel… !

n’est-ce pas Monsieur Macron ? (mais sait-on jamais…)

Les affrontements dans « l’ancien monde » y étaient parfois brutaux, directs, rarement pervers comme aujourd’hui avec les réseaux internet et les tweets qui sont à l’image de la pensée de bon nombre de nos dirigeants…

Au demeurant le travail à Villeneuve d’Ascq, à la MEL, en France et en Europe est loin d’être terminé.

Je l’ai rappelé le 8 mai dans mon discours du 76èmeanniversaire de la Victoire sur les nazis et leurs complices.

Je l’ai déclaré et écrit le 9 mai lors de « la fête de l’Europe »qui fut si belle à Villeneuve d’Ascq en d’autres temps, une Europe qui nous a offert 76 ans de Paix et +… ce que la France n’avait jamais connu.

Je le dis aujourd’hui en rappelant François Mitterrand, le Grand Président qu’il a été.

Je ne cesse, en le citant, de redire la pensée profonde, l’humanité et parfois les désarrois d’Albert Camus… « Un homme pour l’Éternité ».

J’ai tant encore à écrire que je suis loin d’être sûr d’en avoir le temps… ni même d’avoir finalement tant de citoyen(ne)s que cela intéresse.

Je terminerai donc ce 659ème carnet avec Albert Camus et 2 extraits du « Mythe de Sisyphe » :

« La lassitude est à la fin des actes d’une vie machinale. Mais elle augure en même temps le mouvement de la conscience. Elle éveille et elle provoque la suite. »

« Penser, c’est réapprendre à voir, diriger sa conscience, faire de chaque image un lien privilégié »

Et la parole sera donnée au « Héros du jour », François Mitterrand,

« La Terre, notre amie, prodigue ses merveilles.

Je la contemple depuis l’enfance sans épuiser jamais cette faculté d’étonnement qui naît de la beauté et qui donne l’obscure envie de remercier quelqu’un… »

Une Terre et des Hommes…dont nous sommes comptables

en cette période de violences mortifères, d’épidémie, d’égoïsmes en tout genre, de solitude,

la solitude dont Camus confessait « qu’il y a dans chaque cœur un coin de solitude que personne ne peut atteindre »

un coin de solitude que François Mitterrand connaissait bien….  et il n’est pas le seul…

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