Carnet n° 610 du 8 juin 2020

« L’avenir est un présent que nous fait le passé »

(André Malraux 1901 – 1976)

J’avais, comme je l’ai de manière encore plus récente depuis que la crise sanitaire a pétri d’angoisse nos sociétés et nos concitoyen(ne)s, en ne laissant de place qu’au « présent » voire même, qu’à « l’instantané en continu »,

j’avais, disais-je, encore envie, en ce 8 juin, de parler de l’avenir qui m’importe prioritairement pour nos enfants et pour l’espèce humaine,

et ce, à partir d’un présent forgé lui-même par notre passé que beaucoup trop de femmes et d’hommes ignorent, ou veulent ignorer, en fonction d’un concept « éculé »… celui d’un « Nouveau Monde » et d’une stratégie de « dégagisme » de notre Histoire, de nos valeurs, ainsi que de celles et ceux qui les ont faites et défendues…, voire qui les font et qui les défendent encore…

L’élection présidentielle et les élections législatives de mai et juin 2017 nous en ont fait « toucher le fond », en éliminant celles et ceux considérés comme trop « connus » et en provoquant ensuite des décisions brutales « à la hussarde » de nos gouvernants nouveaux excités qu’ils et elles étaient par leur victoire « en mode commando ».

On en a vu les résultats avec les crises des Gilets Jaunes et de la casse souhaitée de nos régimes de retraite, sans oublier quelques crises de jeunesse élyséennes…

On en voit aujourd’hui les résultats avec les conséquences en termes de récession et de chômage d’un confinement certes nécessaire et d’un déconfinement parfois aléatoire imposés par une crise sanitaire inattendue, brutale et violente qui a montré les limites des politiques de restriction de nos services publics en général et de nos systèmes de santé en particulier commencées depuis au moins le quinquennat de M. Nicolas Sarkozy, poursuivi sous M. François Hollande et aggravées par M. Emmanuel Macron (qui d’ailleurs avait été un des grands « inspirateurs » de M. Hollande du temps où il était « carté socialiste »).

J’avais donc envie de parler de l’avenir et de ses liens avec le passé et le présent, d’où ce titre dont l’auteur est André Malraux un écrivain et homme politique qui compte dans notre histoire y compris auprès du Général de Gaulle, le Général de Gaulle dont on commémorera bientôt l’appel du 18 juin 1940, Charles De Gaulle qui, alors Colonel, connut le 8 juin 1940, il y a donc 80 ans, la dislocation du front français près de Laon, sous la poussée de l’armée allemande, moins d’un mois après le début de son offensive en Belgique du 10 mai et 9 jours avant l’appel à cesser les combats du Maréchal Pétain qui avait été désigné Président du Conseil la veille, le 16 juin.

On mesure avec ce rappel en accéléré d’une tranche vitale, qui aurait pu être mortelle, de notre histoire qui a marqué sa suite, y compris donc notre présent, et qui doit nous alerter quant à notre avenir, sur ce qu’il faut faire et aussi ne pas faire pour « qu’avenir il y ait ».

On se souviendra aussi qu’il y a 2 jours, le 6 juin, on commémorait « en toute discrétion » (déconfinement de rigueur) le 76ème anniversaire du débarquement en Normandie des alliés, des Alliés qui ensuite avaient, avec la Résistance Française et le débarquement en Provence de nos « forces coloniales », libéré notre territoire métropolitain avant de gagner la guerre européenne le 8 mai 1945 grâce aussi à l’URSS et le sacrifice de millions de soldats soviétiques.

D’où, le disais-je, ce titre de mon 610ème carnet qui a failli en connaître au moins deux autres, je cite :

Victor Hugo : « L’avenir est une porte (sur un palier qu’est le présent), le passé en est la clé »

Patricia Wentworth : « Le passé est voué à influer sur le présent et à tracer une voie pour l’avenir »,

Avec, « pour sourire un peu », le rappel, dans un film de Roger Vadim avec Brigitte Bardot de 1956, de cette boutade : « L’avenir c’est ce qu’on a inventé de mieux pour gâcher le présent ».

L’important, c’est qu’il y a une continuité entre le passé, le présent et l’avenir, un passé qui forge le socle qu’est le présent pour construire l’avenir avec l’expérience que nous donnent le passé et le présent, les leçons qu’ils nous faut en tirer et l’énergie créatrice qu’ils nous insufflent.

C’est ce que nous avions tous rappelé, chacun dans notre style, le 25 février dernier pour les 50 ans de Villeneuve d’Ascq, un socle construit tout au long des siècles par les citoyen(ne)s de Flers, d’Annappes et d’Ascq,

un socle sur lequel s’était d’abord construite une ville nouvelle avec ses acteurs,

pour devenir la grande et belle ville rayonnante qu’elle est en 2020, ce que beaucoup reconnaissent tandis que certains nous envient, une réussite que je n’aimerais pas voir mise à mal par des « amateurs », des adeptes d’un macronisme qui a montré ses limites ou des candidat(e)s du « y a qu’à »… qui ignorent ou veulent ignorer tout ce qui a été fait et ce qu’il nous faudra comme énergie et volonté désintéressée « pour faire encore mieux, plus vite, plus haut, plus fort », (comme j’aime à le dire).

Après la crise, il faudra donc sans tarder, à Villeneuve d’Ascq comme ailleurs, bâtir un véritable nouveau monde en s’arcboutant sur notre passé, ici et maintenant, dans notre présent, unis et rassemblés pour changer nos modèles urbains, vivre autrement, renforcer les solidarités et les services publics, revenir à des valeurs durables, à des plaisirs simples (même si considérés par certain(e)s comme « démodés »).

« C’est pas gagné » ! et j’en appelle d’ores et déjà à toutes celles et à tous ceux qui voudront m’y aider, si bien sûr les Villeneuvois(es) décident le 28 juin de « m’en confier encore les rênes ».

Les villes et les communes, comme Villeneuve d’Ascq, dans « ce grand chambardement » en seront les premières actrices avec leurs habitants et leurs forces vives,

à condition que l’État et « ses princes » nous en laissent et nous en donnent les moyens législatifs et financiers pour y arriver… ce qui est loin d’être sûr pour ce qui est des conséquences prévues par « le pouvoir en place » pour gérer les conséquences de la crise du COVID-19, lui qui n’a pas été très brillant dans le passé récent pour ce qui est de ses prévisions et qui a été, certes habile, dans ses annonces de déconfinement mais en nous en laissant tout le poids pour les mettre en œuvre, sans moyens correspondants.

« Je décide (nous dit-il)… à vous de faire (et si les citoyens ne sont pas contents… ce sera naturellement de votre faute, « Vous les Maires »…)

On avait connu cela avec la question des masques et des tests en mars. On a connu cela avec les écoles en mai. On va connaître cela cet été… sans savoir aujourd’hui, ni quand, ni comment, ni avec quels moyens…on va pouvoir occuper nos enfants et nos jeunes… et même si, sur mes instructions, nos services s’y préparent activement.

On sait seulement « que l’État ne diminuera pas les dotations auxquelles nous avons légitimement droit en 2020 »… mais qu’accessoirement il supprimera certaines de ses politiques en nous condamnant ainsi soit à être « impopulaires » soit à le remplacer sans en avoir les moyens budgétaires…

L’heure n’est pas venue à présent de faire le bilan de ce passé des derniers mois… mais il viendra bientôt, je le garantis.

L’heure est d’abord à l’avenir immédiat pour en terminer, si possible, avec la crise et certaines de ses conséquences…

Elle est aussi et sera très vite surtout à la préparation d’un avenir qui nous protège d’autres crises encore plus graves qui conjugueraient le sanitaire, l’alimentaire, l’environnement, le climat, les pollutions, la surpopulation, les mouvements migratoires et les guerres qui en seront les premières conséquences.

Dans ce sens-là, si on en est réellement conscients et suffisamment actifs pour changer les choses, l’avenir aura été effectivement « un présent » (au sens de cadeau offert) que nous aura donné le passé…, une porte ouverte sur le palier dont la clé aura été le passé,

un passé qui, somme toute, aura influé sur le présent et tracé une voie pour l’Avenir.

Et je le répète, il faudra plus que jamais « mettre l’humain au cœur de tout », retrouver « le sens du bon sens » au quotidien, s’inscrire dans la durée pour tout, développer à tous les niveaux de réelles solidarités et mesures de justice, garder les bons équilibres entre des mesures nécessaires pour notre sécurité, y compris sanitaires, et celles qui assurent nos droits fondamentaux aux libertés individuelles et collectives,

avec, après toutes ces réflexions et propos que je crois censés, mais pour relativiser peut-être nos et mes certitudes, deux dernières citations :

« Parler de l’avenir à un petit enfant, c’est lui demander de mesurer l’infini avec un décimètre » (Daniel Pennac)

« Un beau soir, l’avenir s’appelle le passé. C’est alors qu’on se tourne et qu’on voit sa jeunesse » (Louis Aragon)

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