Carnet n° 551 du 22 avril 2019

« Paris brûle t-il ? »

C’est une réalité qui m’interpelle : la semaine écoulée qui démarra lundi 15 avril au soir avec l’incendie ravageur de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qui se déroula ensuite, jour après jour, au son des commentaires portant sur cet événement, avec analyses, historique… et affrontements politiciens, avant que l’on retrouve samedi sur les « télés à jets continus » le 23ème épisode des « gilets jaunes » rajoutant ainsi au titre du film repris en ouverture de mon 551ème carnet, les paroles d’une chanson qui l’a accompagné

« quand Paris se met en colère »,

une « semaine pascale » disais-je, « sainte » pour les chrétiens, qui se terminera avec les horribles massacres au Sri Lanka (ex Ceylan, une grande île au sud de l’Inde) qui fera plus de 300 morts et plus de 500 blessés dans des églises et des hôtels,

un drame horrible, à qui nos médias ne consacreront qu’à peine 10% (sinon moins) que ce qu’ils auront consacré à l’incendie de la cathédrale parisienne et aux gilets jaunes.

(heureusement que le Pape, « dans sa grande sagesse », précédé et suivi par de nombreux membres du clergé  français, aura « rétabli l’équilibre », dimanche midi place Saint Pierre à Rome, en ne mettant pas dans son homélie sur le même plan Notre-Dame de Paris et les victimes du Sri Lanka…).

Concernant Notre-Dame de Paris, je n’entrerai pas dans la polémique portant sur les dons faramineux annoncés par « des grandes fortunes », ni sur l’attitude et les propos présidentiels… voire, sur sa « stratégie » ;

Je ne discuterai pas non plus du délai de reconstruction de cinq ans promis par notre Président, le temps qu’il nous a presque fallu pour réparer en profondeur les outrages du temps sur chacune de 2 de nos églises à Annappes et à Ascq ;

Je ne parlerai pas de la question légitime de savoir comment un tel incendie a pu commencer et prendre cette ampleur ni du sens que l’on doit donner à la reconstruction d’un patrimoine ancien et emblématique, à l’identique ou non…, sinon que je suis, personnellement, partisan d’une reconstruction à l’identique (mais ce n’est qu’une opinion personnelle et c’est un choix que nous avons fait pour « l’église St Pierre d’Antioche » à Ascq).

Je ne mettrai pas non plus sur le même plan cette reconstruction nécessaire d’une cathédrale avec l’état de la France et l’absolue nécessité de réduire les injustices, les inégalités et toutes les formes de misères qui ne sont pas nouvelles et qui existaient d’ailleurs déjà quand Monsieur Macron était Ministre des Finances de Monsieur Hollande.

Je dirai simplement, pour ce qui me concerne, aux amoureux de la cathédrale Notre Dame de Paris, à ses bâtisseurs au-delà du temps et, par extension, en mémoire et en hommage à toutes celles et tous ceux qui ont fait la France, notre Patrie,  au nom d’une religion ou non, par la pensée, par l’écriture et par l’action :

« Les bâtisseurs de cathédrales (dans donc tous les sens du terme) ont toujours eu et doivent avoir encore la modestie de savoir n’être et de n’être  qu’une infime parcelle de l’éternité.

Sans eux tout s’arrête mais sans ceux qui les suivent rien ne reprend… »

C’est sans doute aussi une des grandes différences entre « l’ancien monde » où chacun savait se nourrir de cette modestie et de cette continuité humaine, et un soi-disant « nouveau monde » où, comme disait ma grand-mère « on veut avoir fini avant d’avoir commencé ».

Notre Président devrait le méditer quand il lit les sondages d’opinion-way parus samedi qui indiquent que 5% des Français sont très satisfaits de lui, 22% satisfaits, 30% mécontents et 40% très mécontents…

Une fois encore, je le redis : je ne m’en réjouis pas. Je souhaite qu’il change d’orientation et qu’il réussisse dans l’intérêt de la France, des Françaises et des Français…

Je n’ai personnellement aucun intérêt politicien ni envie politicienne de le voir échouer, et surtout encore moins envie de donner raison aux paroles de la chanson « Il est revenu le temps des cathédrales » qui se termine ainsi :

« Il est foutu le temps des cathédrales…

La fin du monde est prévue…

(pour l’an 2000) ».

Dans ce monde insensé, à l’image de la fable du « chêne et le roseau » de Jean de La Fontaine, il est sans doute plus facile d’être roseau que chêne pour tenir… confortablement…

Mais des chênes, il en faut et pas seulement pour Notre-Dame,

pour faire face aux risques majeurs qui menacent notre planète,

pour contenir les intégrismes et les communautarismes,

pour lutter contre les casseurs et ceux qui injurient nos forces de l’ordre,

pour éradiquer les misères, les inégalités et les injustices,

même quand « le vent redouble ses efforts, et (risque de) déracine(r) celui de qui la tête au ciel était voisine et dont les pieds touchaient à l’empire des morts ».

J’ai beaucoup pensé à tout cela tout au long de cette semaine écoulée et, pour ce qui me concerne, j’ai pensé aussi à Icare, personnage de la mythologie grecque, mort pour avoir voulu voler trop près du soleil, ses fragiles ailes de cire créées par son modeste père ayant fondu sous ses rayons rassemblés, dans une même vigueur et chaleur dominatrice, d’un astre qui n’entend pas partager son pouvoir !

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