Carnet n° 180 du 13 février 2012

« Vivre sans espoir, c’est cesser de vivre »

A la fin d’une semaine qui n’aura, elle non plus, pas manqué de violences, de douleurs, de misères, d’angoisses et d’inquiétudes, un peu partout dans le monde, en Europe et, bien sûr, dans nos villes et quartiers,

en ce début 2012, où l’enthousiasme fait trop souvent place aux imprécations, les solidarités nécessaires aux égoïsmes exacerbés et l’humanisme aux discours d’exclusions, à la fin donc d’une semaine dont on sort rarement indemne quand on a un peu de cœur et de sensibilité,

il est néanmoins des moments un peu hors du temps, comme celui vécu ce samedi après midi dans une salle Pierre et Marie Curie pleine à craquer d’enfants, de parents, de citoyens et d’amis de l’école, où le quatuor exceptionnel de Stéfan Stalanowski, premier violon à l’Orchestre National de Lille, nous a fait plonger dans un monde de douceurs et de joies, de lumières et de talents dans l’atmosphère merveilleuse des valses et des polkas viennoises de Lanner aux frères Strauss…

Quelle merveille, un violon, sous les doigts d’un tel artiste,… le violon, cet instrument si merveilleux et un peu diabolique à la fois qui peut tout donner quand on sait bien le prendre…

Il m’a fallu cela, une fois encore, comme souvent quand je rencontre la musique, pour me remémorer ce proverbe persan qui m’obsède avec le temps qui s’écoule tel un sablier qui se vide :

« Cueillons les douceurs, nous n’avons à nous que le temps de notre vie »

Il m’a fallu cela après des journées de grands froids où les plus fragiles de nos concitoyens souffrent et meurent dans une quasi indifférence et tant de solitude.

Il m’a fallu cela pour supporter des pouvoirs publics qui ne remplissent plus leurs obligations d’État dans les domaines de l’emploi, du pouvoir d’achat, de la croissance économique, de la sécurité et qui continuent à prétendre soigner notre société malade en « saignant » (tel le médecin de Molière), les plus atteints de nos concitoyens du fait d’une crise dont ces citoyens ne sont pas responsables.

En France, on baisse le pouvoir d’achat en augmentant les impôts, les tarifs et les prix,

en Grèce, le peuple n’en peut plus,

au Portugal, il est aussi dans la rue,

partout les services publics sont décimés, les écoles exsangues, les aides sociales réduites.

Le monde de la finance, les riches, les technocrates et les privilégiés nous ont plongé dans la crise. Les peuples en ont lourdement payé le prix et maintenant les fauteurs de crise exigent de ces peuples qu’ils paient la note de leurs fautes en leur imposant de nouveaux sacrifices pour leur permettre de relancer leurs richesses insolentes et leurs pouvoirs sans limites…

Et il ne suffira pas aux élus locaux UMP de faire semblant, comme pour les suppressions de classes dans les écoles, de dire « dans leurs terres » le contraire de ce qu’ils défendent et votent à Paris… pour s’exonérer des conséquences de leurs choix.

Les services et les fonctionnaires de l’inspection d’académie ne peuvent pas faire autre chose que d’appliquer les consignes de l’État.

Et quand on leur demande « de rendre des centaines de postes » pour permettre au « gouvernement » de s’enorgueillir de supprimer des postes de fonctionnaires par dizaines de milliers, il ne faut pas s’étonner que cela se traduise par des fermetures de classe !

Et c’est à ce moment là qu’un Président de la République en campagne depuis des mois déjà, alors qu’il se prépare « à rompre un faux suspens »

ose annoncer deux référendums pour encore plus clairement dénoncer les responsables de la crise que sont pour lui, et ses amis, les étrangers et les chômeurs !

On croyait avoir déjà tout vu et tout entendu mais « à la maison Sarkozy il se passe tous les jours quelque chose » dans l’esprit du « genre pire ».

A braconner ainsi sur les terres de l’extrême droite, je ne sais s’il gagnera des voix pour se sauver d’un naufrage annoncé ; ce qui est sûr aujourd’hui à entendre M. François Bayrou, c’est que le Centre, voire les centres droits social ou chrétien démocrate y voient, à leur tour, un point de rupture définitif.

Heureusement qu’il y a encore dans notre société, dans nos villes et dans nos quartiers, des citoyens et des élus enthousiastes et actifs

qui conjuguent au quotidien cette pensée et cette ode à l’espoir de Fedor Mikhailovitch Dostoïevski :

« Vivre sans espoir, c’est cesser de vivre »

Et je l’ai encore vécu cette semaine, en travaillant les dossiers du renouvellement de l’ex-ville nouvelle, de nos rues et espaces publics à rénover, de nos équipements à rajeunir ;

je l’ai vécu avec la préparation du débat d’orientation budgétaire où malgré la crise, les marchés financiers et les menaces de l’État, il nous faut avancer vers l’avenir ;

je l’ai vécu avec nos associations, à la Maison des genêts, dans nos écoles de danse, au Musée du terroir, dans les lotos associatifs et aussi sur des dossiers économiques de la Haute Borne ;

je l’ai vécu en parcourant les études de l’INSEE qui confirment la belle attractivité de notre ville ;

je l’ai vécu enfin, ce samedi matin, lors d’un séminaire de « Rassemblement Citoyen » où 80 militants et élus se sont retrouvés durant 6 heures pour se ressourcer en communiquant entre eux afin de bien se relancer vers l’horizon 2014 à Villeneuve d’Ascq et dans près d’une dizaine de communes,

un séminaire où j’ai pu redire que les élus locaux sont d’abord et avant tout des citoyens à part entière qui donnent de leur temps et de leur énergie pour leurs concitoyens.

C’est une richesse extraordinaire en France que beaucoup trop de français peinent à reconnaître, détournés qu’ils sont par les frasques et les excès d’une petite minorité qui brouille ainsi l’image de nos quelques 500 000 élus, pour la plupart de fait, bénévoles ou quasiment bénévoles au regard du travail fait et des heures passées dans l’exercice de leurs fonctions électives.

Alors, si j’entends bien Henri James quand il écrivait il y a un siècle :

« Il est temps de vivre la vie que tu t’es imaginé »,

et si la vie que j’ai vécue n’aura pas été celle que j’avais imaginée à ses débuts,

celle que j’aurai vécu, au service de mes concitoyens,

à défaut de m’avoir apporté « tous les bonheurs du monde »

n’aura peut être pas été tout à fait inutile.

C’est au moins ce que j’espère….

faute d’avoir encore le temps d’en imaginer une autre.


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