« L’avenir est un lieu commode pour y mettre des songes »
Pas simple d’entamer l’écriture de ce 171ème carnet, en ce lundi 12 décembre 2011, à l’heure où « le grand monopoly des élections de 2012 » se joue sur fond d’affaires, de manœuvres et de crise.
En France tous les coups sont permis pour abattre l’adversaire d’aujourd’hui et de demain.
En Europe, les marchés et la finance triomphent sous l’habile baguette de Mme Merkel.
Dans le monde, les intégrismes font leur lit sur fond de violence.
Personne ou presque n’échappe à ces tourbillons qui désespèrent les êtres de bonne volonté tant il est difficile de voir à l’horizon un rayon de soleil ou de trouver le bout du fil qui nous permettrait de dénouer l’écheveau.
Cela me fait penser à ces mots de Joseph de Maistre :
« Les fausses opinions ressemblent à de la fausse monnaie qui est frappée d’abord par de grands coupables et dépensée ensuite par d’honnêtes gens qui perpétuent le crime sans savoir ce qu’ils font »
C’est ainsi qu’en terme d’austérité, ce qui semblait hier insupportable à tous les dirigeants donne lieu aujourd’hui à une course à celui qui frappera le plus vite et le plus fort…
C’est ainsi aussi qu’en terme de délinquance et de violence on en vient à dire un peu partout que « le pire aujourd’hui atteint est moins pire que ce qu’il aurait pu être ou risquerait d’être avec d’autres que soi ».
C’est ainsi encore qu’on peut parler, sans rire, d’extrémistes, d’intégristes ou d’islamistes « modérés ».
C’est ainsi enfin qu’il devient « de bon ton » ici et là de jouer à celui qui contournera le mieux nos lois et règlements (des roms au « vendeur de pizzas »)
Cela contribue à faire de leurs auteurs des vedettes dans les médias et à leur procurer une publicité gratuite.
Qu’il est difficile, à ce stade et en ces temps, de rappeler à tous la nécessité d’une République irréprochable, du respect par chacun de nos lois et règlements,
de la dimension vitale d’une laïcité ouverte et exigeante à la fois « maintenant, ici et ailleurs ».
Il n’y a pas de petits délits, de petites violations de nos règles, de compromis possibles avec l’honnêteté, de petites lâchetés sans conséquences graves….
Sinon il n’y a pas d’avenir.
C’est Simone Veil qui l’a écrit :
« L’avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien ; c’est nous qui, pour le construire, devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même ».
C’est sûrement pour cela que j’aurai consacré l’essentiel de mon temps dans ma vie publique au terrain local, au contact des citoyens, loin des palais dorés.
C’est là qu’on peut le mieux construire l’avenir en donnant de soi, parfois très simplement par un peu d’écoute, un regard ou une poignée de main…
C’est là aussi que nos décisions peuvent avoir des conséquences directes.
C’est sans doute la raison première pour laquelle je regarde l’agitation de nos « élites » en vue de 2012 avec le recul de celui qui observe, dans un bac de terre, des fourmis en manoeuvre et cela même s’il est des enjeux qui ne pourront pas, le moment venu, me laisser indifférent.
En attendant je vis ma vie d’élu local et d’élu communautaire avec la modestie que certains aujourd’hui, sous « les feux médiatiques », doivent commencer à m’envier…
Oui je suis fier de mon travail sur le logement à LMCU où nos objectifs sont dépassés en 2011 malgré la crise.
Oui je suis fier de nos équilibres retrouvés à Villeneuve d’Ascq en ces temps de finances asséchées.
Oui je suis fier d’avoir su promouvoir dans ma ville de nouveaux élus actifs, compétents et présents.
Oui je suis fier d’une vie associative qui rayonne à l’heure de Noël par ses fêtes, ses danses et ses concerts.
Et si, du fond de mon appartement du quartier de l’Hôtel de Ville, il m’arrive de me sentir un peu fatigué, cela ne m’empêche pas d’avoir commencé à écrire les quelques milliers de carte de voeux que je vais envoyer d’ici la fin de l’année.
Et quand, enfin, il m’arrive, en regardant l’avenir, de « déprimer un peu », je me remémore ces mots d’Anatole France :
« L’avenir est un lieu commode pour y mettre des songes ».
Tout au long de ma vie, j’ai aimé écrire et ce, depuis 1960.