Carnet n° 168 du 21 novembre 2011

« La Fontaine et l’actualité de ses fables »

 

Si, à l’image des personnages de Jean de la Fontaine, il existe dans la vie politique sinon dans la vie tout court, davantage de « grenouilles qui veulent se faire aussi grosses que les bœufs… » et qui en crèvent (au sens propre du terme)

que de chênes que des vents qui « redoublent d’efforts » finissent par déraciner, personnes, y compris parmi mes ennemis les plus intimes, ne niera que je fais plutôt partie de ceux-ci que de celles là…

 

Je ne saurais m’en enorgueillir n’étant pas sûr qu’on le choisisse vraiment : cela fait davantage partie de nos racines et de nos gènes que des circonstances et de nos choix.

 

Et pour ce qui me concerne, durant 35 ans de vie élective, les coups de vent et les bourrasques n’ont pas manqué.

 

Il l’ont même rythmé.

 

A l’instar du chêne de la fable aux côtés du roseau, si jusqu’à présent j’ai toujours pu tenir bon sans jamais me plier, je sens et je sais qu’ils ne cesseront pas et qu’un jour l’heure viendra où le vent, redoublant ses efforts, fera si bien qu’il déracinera « celui de qui la tête au ciel  étoit voisine et dont les pieds touchoient à l’empire des morts ». (en vieux français dans le texte).

 

Mais, pour autant, qu’on n’attende pas de moi que je change et que, dans la crise profonde qui nous étreint, je cesse d’agir conformément à ce que je pense, à ce que je suis et à ce que j’ai toujours été.

 

N’en déplaise aux grenouilles et aux roseaux, je n’ai besoin ni de chercher à être plus important que je ne le suis ni donc de plier sous les vents ou de tourner avec les girouettes…

 

Que m’importe d’être brisé ou déraciné… j’aurai, de toute façon, « fait mon temps ».

 

A celles et ceux qui s’interrogent sur mes intentions en 2012, voire 2014, je leur conseillerai la lecture de ces fables vieilles de plus de 2 siècles et demi.

 

Elles sont nombreuses à n’avoir pas pris une ride avec des mentions particulières supplémentaires aux côtés du « chêne et le roseau », de la « grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf », à celles intitulées « le corbeau et le renard, « le loup et l’agneau », « les animaux malades de la peste », « le pot de terre et le port de fer »… (pour n’en citer que quelques unes très significatives).

 

A chacun(e) de chercher dans les actualités politiques de la semaine écoulée qui, « dans la cour des grands », s’est identifié à qui et à quoi dans la cohorte des François Hollande, Nicolas Sarkozy, Martine Aubry, Eva Joly ou Marine Le Pen sans oublier, bien sûr, François Bayrou et Jean Luc Mélanchon.

 

De celui qui, après avoir amené la France au bord du gouffre, s’affirme être le seul à pouvoir l’en sortir à celle qui voudrait nous faire retourner des siècles en arrière,

 

de celui qui devra être plus ferme dans sa tenue de route même au risque de fâcher « ses compagnons de route » à celle qui engrange les fruits d’une négociation sans les faire siens,

 

de celui qui, lui aussi, pense que le verbe peut contredire les faits à celui qui se verrait bien dans le costume d’un Président-arbitre,

 

« ils sont venus, ils sont tous là… » qui peinent néanmoins à convaincre les Français(es) qu’ils ont des solutions un minimum crédibles…

 

On ne sortira pas de cette crise sans s’attaquer à ses causes !

 

Qu’on n’attende pas des marchés, agences de notations, des financiers et technocrates de tous poils, qu’ils nous sortent d’une crise dans laquelle ils nous ont plongé !

 

Et pour être encore plus clair, on ne réduira pas l’endettement des États en cassant la croissance économique pas plus qu’on ne relancera cette croissance en rayant d’un trait de plume (assorti de quelques dizaines de sièges de députés) 40% de nos ressources énergétiques avant d’avoir eu les moyens de les compenser et même plus.

 

Tout cela ne peut conduire qu’à une lepénisation croissante de nos sociétés avec en conséquences immédiates cette caricature qui voient 7 gouvernements chassés par les marchés en quelques semaines, un mouvement accompagné de gauches en chute libre parce qu’incapables d’écouter les cris de leurs électeurs pour des logements, des emplois, un pouvoir d’achat, des retraites, des revenus, de la protection sociale, de la justice et de la sécurité.

 

Quand une société s’emballe, le citoyen demande « une force tranquille » dans laquelle il peut se rassurer avec à l’horizon autre chose que « de la sueur et des larmes ».

 

On ne gagne pas une élection présidentielle en se contentant d’additionner les voix des mécontents.

 

On ne construit pas une majorité parlementaire solide en confondant « campagne électorale » et « monopoly ».

 

En me lisant, on comprendra, une fois encore, que si les échéances nationales ne peuvent me désintéresser, car elles conditionnent notre avenir et celui de nos enfants,

 

mon contact au quotidien avec ma ville, ses projets, ses chantiers, ses citoyens, ses associations et sa vitalité font, aujourd’hui comme hier, d’abord et avant tout de moi un élu local fier et heureux de l’être.

 

La semaine achevée n’en a pas manqué avec ce week-end le Village de la maison durable, la cérémonie des nouveaux naturalisés, la journée de la solidarité internationale, l’accueil des nouveaux villeneuvois, une AG des donneurs de sang, sans oublier un concert chorale à Saint Sébastien presque magique.

 

Je finirai ce 168 ème carnet sans doute un peu rude dans un monde de brutes par une petite douceur que je dédie à toutes celles et tous ceux qui aiment la vie :

 

Elle est signée de Pédro Calderon de la Benca, un poète espagnol du début du 17 ème siècle :

 

« Tous les trésors de la terre ne valent pas le bonheur d’être aimé »

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