« Le chemin importe peu, la volonté d’arriver suffit à tout »
Du « mur de l’argent » à propos duquel déjà en 1924, Édouard Herriot, chef du gouvernement du Cartel des gauches, disait qu’il voyait s’y briser ses volontés de réformes et d’action,
aux tsunamis 2011 des marchés financiers mondiaux et des agences de notation qui défont les gouvernements en place aujourd’hui en se préparant à faire les gouvernements de demain,
une chose est sûre, la Démocratie n’est pas sortie grandie de ce siècle écoulé.
Pire, et c’est du jamais vu dans l’Histoire de l’Humanité,
ce sont maintenant les forces obscures et anonymes de la finance mondiale qui manipulent et modèlent les États, décident des modes de vie des citoyens, nomment leurs dirigeants,à l’instar des conquérants, dictateurs et tyrans d’hier, … mais cette fois-ci sans véritable et claire possibilité de résister ni grand espoir de gagner demain une fois la défaite consommée.
Comme on aimerait entendre un chef d’État pouvoir encore dire ce que disait le Général de Gaulle en 1940 :
« La France a perdu une bataille mais elle n’a pas perdu la guerre ».
Les résultats de ces manipulations de la finances sont cruellement là cette semaine :
En Grèce, l’extrême droite « des colonels » est entrée au gouvernement.
En Italie, si personne ne pleurera S. Berlusconi, c’est un technocrate ultra-libéral, sans cœur ni sentiment, qui est aux manettes. (je l’ai bien connu quand il était commissaire européen et que j’étais député européen).
Prochaine cible :
Le gouvernement socialiste espagnol…
Et à l’horizon, le maintien au pouvoir en France de N. Sarkozy et de l’UMP considérés comme les plus capables d’appliquer les injonctions de la finance mondiale.
Nul doute que pour y arriver, à Washington, à Bruxelles et à Pékin, tous les moyens seront bons.
Nul doute aussi qu’à Paris, les « chevaux légers » du pouvoir en place ne lésineront ni sur les méthodes ni sur les formules pour se maintenir à tous prix dans leurs palais dorés.
Le week-end écoulé nous en a donné des premiers exemples… et « ce n’est qu’un début… »
C’est hallucinant, au sens propre du terme :
Voilà des puissances bancaires, financières et boursières qui, par leurs excès et leurs inconséquences ont plongé, il y a 2 ans, le monde dans la crise après avoir engrangé les bénéfices de leurs prêts insensés pour financer les déficits des États, qui, brutalement, « exécutent » ces États et leurs gouvernements au prétexte de ces déficits dont ils sont pourtant au moins autant qu’eux responsables sinon davantage…
Ils ont, pour éponger leurs soifs de profits, plongé le monde dans la crise et aujourd’hui ils nous en font payer le prix, capital et intérêts…
Face à une telle situation, la tentation de se replier sur soit-même est là… sans doute plus confortable…
Je n’en suis pas là en faisant miens ces mots de Daniel Pennac :
« Quand tout est fichu, il y a encore le courage »
avec, arrivé à mon âge, ce message d’espoir de Paolo Coelho qui forge ma volonté restée intacte :
« Emporte dans ta mémoire, pour le reste de ton existence, les choses positives qui ont surgi au milieu des difficultés. Elles seront une preuve de tes capacités et te redonneront confiance devant tous les obstacles ».
Alors, pour ce faire et pour atténuer mes doutes, je m’appuie plus que jamais sur la vivacité de notre ville, sa vie associative et ses concerts, sa culture et ses fêtes, sa solidarité avec les faibles et les démunis,
son sens de l’Histoire et de ses racines (comme vendredi, lors du 11 novembre), et durant 3 jours les plus de 4000 visiteurs de la 27ème édition de Fossilium, ses scintillements, ses plongées dans les profondeurs de la Terre et de l’Univers, avec un « clin d’œil » à notre alimentation humaine sans doute à venir…. quand elle sera à base d’insectes grillés ou bouillis….
Oui, dans la vie d’un élu local, il en faut du courage quand on doit répondre aux sollicitations contradictoires des uns et des autres dans un contexte financier asséché :
- davantage de vélos pour V Lille mais pas ici,
- plus de bus mais pas trop près ni trop loin,
- de la verdure mais avec des arbres qui ne font pas trop d’ombre et qui ne perdraient pas leurs feuilles,
- de la place pour sa voiture devant chez soi mais pas pour les voisins
- des logements pour chacun et ses proches mais sans construction à vue…
Ce monde de ce 21ème siècle est fou :
- globalement il est « pieds et poings liés » par des forces financières anonymes mais réelles
- localement il voit les citoyens, le regard souvent fixé sur leur caniveau et « le verbe haut » vis à vis de ceux qui sont supposé le nettoyer… (à leur place…).
Oui franchement ce monde est fou et j’ai peur pour mes enfants : les problèmes et périls n’ont jamais été aussi grands et les citoyens moralement aussi désarmés.
Cela fait le jeu des extrêmes et des intégristes.
Je l’ai déjà écrit :
« 2012, l’année de tous les périls ! »,
un message angoissant à l’image d’un trou noir… que j’ai voulu atténuer par une alternative à laquelle je me cramponne :
« 2012, l’année de tous les espoirs ! ».
Mais j’avoue que j’ai un peu de mal quand je regarde autour de moi à être moi-même convaincu de l’existence de cette alternative.
Dernier exemple en date, depuis Bruxelles : Alors que « le tapis » de l’Union Européenne « n’est jamais trop rouge » quand il s’agit des banques, la commission européenne se prépare aujourd’hui à engager la fin de l’aide alimentaire pour 18 millions d’européens qui n’ont pourtant plus que cela pour vivre.
Oui vraiment, j’hallucine !
Alors que faire ?
La réponse pour 2012 tient peut être dans cette pensée d’Albert Camus… un de mes maîtres à penser :
« En vérité, le chemin importe peu, la volonté d’arriver suffit à tout ».