Carnet n° 160 du 26 septembre 2011

« La fin des états de grâce »

 

 

Exit, semble-t-il, pour les médias, la crise mondiale en marche qui risque de se révéler aussi grave, sinon plus, que celle de 1929…

Exit les derniers démêlés à la française de DSK…

Un titre écrase tout : « Pour la première fois depuis 1958 (sinon pour la première fois tout court), le sénat passe à gauche »

J’en suis, bien sûr, heureux pour les nouveaux sénateurs élus… dont mon collègue René Vandierendonck, un vrai « pro », qui mène avec beaucoup de talent sa carrière politique.

J’en suis heureux pour Martine Aubry qui continue son « sans faute » à la tête du PS et qui confirme ainsi ses qualités de dirigeante et une expérience bien utile en ces temps agités.

Pour autant, et au risque de provoquer encore des réactions acerbes, je citerai à l’intention des politiques de tous poils que les victoires et les perspectives de victoire enivrent, un proverbe américain dont l’humour n’échappera à personne :

« Quand tu montes à l’échelle, souris à ceux que tu dépasses, car tu croiseras les mêmes en redescendant ».

Le mépris et l’arrogance sont, en effet, toujours inutiles et surtout dangereux quand dans la vie politique « le vent tourne plus vite que les girouettes ».

Les citoyens sont tellement inquiets et tellement déboussolés qu’ils sont prêts à s’engouffrer massivement derrière celles et ceux qui leur promettent de les sortir de leur détresse….

Mais exit aussi le temps des « états de grâce » qui suivaient « autrefois » les temps d’élection.

L’impatience est telle que la haine succède très vite à l’amour.

Il suffit, pour s’en convaincre, de revisionner la chute vertigineuse de M. Sarkozy depuis 2007.

Il faut aussi regarder ce qui se passe dans tous les pays européens et pour tous les gouvernements, de droite comme de gauche….

Et pour revenir à l’image de l’échelle, n’oublions jamais que la descente est toujours plus rapide et plus brutale que la montée.

Je le dis avec une certaine tristesse à une génération politique que j’entends s’exprimer, à gauche comme à droite, à coup de certitudes et d’anathèmes, selon « des plans de vol » quasiment identiques et un vocabulaire tiré des mêmes sources…

En Conseil Municipal, mardi dernier, notre « égérie » locale de l’UMP nous en a fait une nouvelle démonstration.

Lors du vernissage, samedi, de l’exposition du peintre russe LANSKOY la première secrétaire du PS Villeneuvois n’a pas fait beaucoup mieux…

Comme quoi, je le répète souvent, la modernité en politique n’est ni une affaire d’âge ni de sexe.

On peut, pour gagner une élection, oser dire et promettre n’importe quoi ….

Mais dès le lendemain les citoyens électeurs leur demanderont des comptes et ce qui arrive aujourd’hui à l’UMP pourrait arriver au PS de manière encore plus brutale, les citoyens, on le sait, étant plus exigeants et plus agressifs vis-à-vis des élus et dirigeants de gauche que vis-à-vis des dirigeants de droite.

C’est logique : aux seconds ils demandent de conserver l’existant, aux premiers de le changer,… ce qui est moins facile.

Je souhaite, bien sûr, la fin du système Sarkozyste.

Je souhaite, bien sûr, la victoire du camp du progrès.

Mais il ne suffit pas de se faire élire sur une vague de mécontentement pour transformer ensuite les mécontents en satisfaits et il n’est pire que des mécontents déçus et insatisfaits.

On sait que les élections intermédiaires sont toujours difficiles pour les pouvoirs en place.

N’oublions pas qu’après 2012 il y aura 2014 avec des municipales, des communautaires, des « territoriales », les européennes… et gare au risque d’une vague de droite extrême !

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas essayer de gagner 2012 aux présidentielles et aux législatives.

Cela veut dire, qu’ensuite, il faudra faire mieux, beaucoup mieux que le pouvoir en place aujourd’hui et cela impose de s’appuyer sur des femmes et des hommes qui ne sortent pas des même moules et qui ne seront pas là uniquement grâce aux jeux de répartition des postes de pouvoir dans lesquels excellent les partis politiques d’aujourd’hui.

Quand on est, comme moi, un élu local de terrain, on le voit tous les jours : nos concitoyens veulent un emploi, un logement, de la sécurité, de la justice, un même droit pour tous.

Ils regrettent le laxisme sélectif des autorités, la loi du plus fort et l’idéologie dominante de certaines élites.

J’espère que les prétendants de 2012 auront le courage de le dire et, ensuite, la force de le faire au risque de déplaire à certaines coteries confortablement installées « place des Vosges ou ailleurs… »

Il faut vivre au quotidien les pulsions, l’impatience et même les excès de nos concitoyens pour s’en rendre compte.

Il n’y aura pas « d’état de grâce » pour qui que ce soit !

D’ici là, on me pardonnera de replonger dans mon travail d’élu local où j’arrive toujours à y trouver du plaisir… malgré et au delà des effets insupportables du laxisme des autorités vis-à-vis des roms et, cette semaine en plus, de gens du voyage qui, à la Haute Borne, n’ont pas hésité à s’installer sur un espace vert sans le moindre état d’âme et sans provoquer de réaction des services de l’État.

Oui on me pardonnera de revenir :

  • sur une agora, lundi au nord de la ville, où j’ai pu réaffirmer, preuve à l’appui, que le rééquilibrage promis sera bien réalisé d’ici 2015,

  • sur une belle réunion à LMCU avec les associations de locataires à propos de nos avancés importantes dans les domaines du logement,

  • sur une rencontre au Forum des sciences vendredi qui a rappelé une volonté commune avec Patrick Kanner de donner à notre Forum, qui porte le nom de François Mitterrand, les moyens et le rayonnement qu’il mérite,

  • sur notre Musée d’art moderne qui a véritablement redécollé après sa réouverture (deuxième après le centre d’art et de culture « Beaubourg » en terme de fréquentation pour ce qui est du contemporain),

  • sans oublier bien sûr « le marathon des chorales » à Concorde, une braderie ensoleillée au Bourg, des matchs et des compétitions aux 4 coins de la ville, une belle animation de fin de saison à Asnapio…

J’en passe et j’en oublie sans doute tant notre ville bouillonne de vie.

On l’aura compris, si le citoyen vieillissant que je suis s’inquiète de l’avenir de nos sociétés et donc de celui de nos enfants, si le militant du « camp du progrès » se pose bien des questions à la veille des échéances électorales de 2012, le maire de Villeneuve d’Ascq, malgré des problèmes qui dépassent ses, et nos, compétences, est et reste un maire heureux.

Finalement, c’est bien le principal pour moi qui avait rappelé fin 2006, il y a donc 5 ans :

« Mon choix c’est Villeneuve d’Ascq ! »

C’est un proverbe chinois qui nous le dit : « Ne craignez pas d’avancer lentement. Craignez seulement de rester sur place ».

Je ne pense pas que quiconque puisse me reprocher dans ma vie publique « de rester sur place ».

Comme l’a écrit Lao Tseu, 500 ans avant notre ère : « Pour vivre pleinement sa vie il est indispensable d’être ».

Alors oui, en conscience je peux le dire : je suis…

J’aime la vie et, à ma manière je la vis pleinement.

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