Carnet n° 82 du 14 mai 2010

« Curieuse » semaine que cette semaine où “le jeudi de l’ascension“ (dont la plupart des citoyens ne connaissent pas ou ont oublié l’origine) a permis à certains de “faire le pont“… voire pour quelques autres “un véritable viaduc“.

Résultat : beaucoup d’administrations et entreprises ont travaillé au ralenti alors que sur le plan national et sur le plan international de grands événements se déroulaient et de grandes décisions étaient annoncées ou amorcées qui allaient considérablement bouleverser notre avenir.

Et je repense en cet instant à cette citation de Jean-François Revel : « La civilisation démocratique est entièrement fondée sur l’exactitude de l’information. Si le citoyen n’est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire ».

En clair, sommes-nous bien informés de ce qui se passe et se décide ?

Je crains que non… et j’ai donc des doutes sur la réalité de nos démocraties.

Dans le désordre (c’est le cas de le dire pour ce qui est de notre monde et de nos sociétés) :

Une chute vertigineuse de toutes les bourses mondiales suivie d’une remontée tout aussi brutale après la décision de garantie financière “de quelques Etats “, une décision pourtant encore bien floue dans ses modalités et surtout ses effets.

L’annonce, consécutive sans doute, de rigoureux plans d’austérité, après celui de la Grèce, au Portugal et en Espagne.

L’arrivée des conservateurs alliés aux libéraux en Grande Bretagne qui après avoir battu les travaillistes pour cause d’austérité vont mettre en œuvre un programme encore plus douloureux pour les plus pauvres et les plus fragiles.

Un premier ministre français qui, 3 ans après son arrivée et plus d’un an après avoir parlé d’une France en faillite, nous annonce aussi une austérité « dans la sueur et dans les larmes ».

On n’oubliera pas de saluer à cette occasion les 15 ans écoulés de Présidences de droite (J. Chirac et N. Sarkozy) et les 8 ans de gouvernement UMP depuis 2002.

Des collectivités locales en graves difficultés (en particulier les départements “coulés“ par l’APA et le RMI/RSA insuffisamment compensés par l’Etat : moins 4 milliards d’Euros) à qui on annonce pour les années à venir une baisse des dotations de l’Etat et donc une quasi-obligation de hausses des impôts locaux pour maintenir leurs services publics communaux.

Des prévisions catastrophiques pour nos régimes de retraite où, malgré un âge de départ repoussé à 65 ans et 45 ans de cotisations, les déficits abyssaux ne seraient réduits que de moitié en 2050, (preuve supplémentaire pour moi que les vieilles recettes libérales ne sont plus adaptées).

Une privatisation de l’énergie qui continue ses ravages : 10% d’augmentation du prix du gaz en avril, rumeur pour l’électricité d’une hausse de 11,4% en 2010 suivie de 3,5% par an pendant 10 ans (Au motif de la rénovation nécessaire de nos centrales nucléaires. Voilà un argument qui va aller droit au cœur des anti-nucléaires…).

Si on ajoute à cela une loi contre le voile intégral (une loi que je soutiens) qui essuie de nouvelles critiques du Conseil d’Etat, les effets d’internet et de ses “apéros géants “ avec de véritables risques de désorganisation complète de nos Villes, un chômage qui, en France, a largement re-dépassé les 10% (malgré les changements permanents des modes de calcul),
Oui on peut le dire…, que veut dire “voter“ quand on mesure les incertitudes sur “l’exactitude de l’information“ qui nous sont données ?

On peut même se demander si le concept même “d’exactitude de l’information “ a encore un sens si personne n’a véritablement en sa possession “cette information“ y compris au niveau de nos décideurs…

Alors pour essayer de redonner un sens à la vie, je m’appuierai sur une belle phrase de Pablo Picasso : « Un tableau ne vit que par celui qui le regarde ».

La vie, c’est un peu cela et finalement cela donne du sens au regard que l’on porte sur elle et donc aux actions que l’on peut mener.

Il en est sans doute de même pour « l’éternité de l’Homme qui existe par le fait même d’y penser, de la penser et de penser à celles et ceux qui y sont entrés ».

Un dernier mot sur cette semaine qui avait commencé le 10 mai par une journée commémorative de l’abolition de l’esclavage. Tout a été dit, ou presque, au château de Flers où nous nous sommes retrouvés pour rappeler les leçons de l’Histoire en la matière.

Au risque de choquer, j’ajouterai à la dénonciation de ce crime contre l’Humanité que certains de nos ancêtres européens ont commis, ces paroles de Georges-Bernard Shaw : « L’esclavage humain a atteint son point culminant à notre époque sous forme de travail librement salarié ».

A méditer quand même…

en y ajoutant cette citation d’Albert Camus :
« Il n’est pas de punition plus terrible que le travail inutile et sans espoir ».

Je le disais en ouverture de ce 82ème carnet , un carnet un peu désordonné pour une semaine qui par ses méandres ne le fut pas moins…, oui cette semaine aura été “une bien curieuse semaine“…

C’est pour retrouver un peu de “stabilité “ que je terminerai avec Jacques Attali : « Ce qui change le moins chez l’Homme, ce sont les questions qu’il se pose ».

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