Carnet n°102 du 17 Août 2010

Au cœur d’un été qui avait bien commencé en terme climatique avant, depuis quelques jours, de ruisseler sous des pluies souvent violentes sinon glacées, à l’heure où j’ai, beaucoup plus que d’habitude, le temps de reparcourir Villeneuve d’Ascq dans tous ses recoins et d’approfondir les lourds dossiers de la rentrée,

j’ouvrirai ce 102^ème carnet, et donc le premier d’une deuxième série (la première devant être éditée d’ici fin octobre), par une citation d’Isaac Asimov : « La violence est le dernier refuge de l’incompétence »

Voilà bien malheureusement, qu’on parle à ce propos de violence verbale, physique ou de violence d’État, des paroles qui raisonnent avec force quand on regarde autour de soi et que l’on suit l’actualité estivale.

C’est vrai pour la société en général où, à tous les niveaux, faute d’avoir su résoudre ses problèmes, elle suinte de violences dans certains quartiers des villes, sur le net et dans les déclarations « à l’emporte-pièce » de quelques responsables politiques UMP.

C’est vrai, en particulier, pour ce qui concerne les Rom, où, à défaut d’avoir su faire respecter, dès le départ, les règles européennes et leurs droits légitimes dans leurs pays d’origine ainsi que les règles de notre République lors de leurs arrivées massives en France, le gouvernement s’est lancé dans des opérations violentes pas très dignes de notre pays et qui, de plus, en terme de résultats, se révèleront tout à fait inefficaces.

C’est vrai dans le domaine de la sécurité et de la délinquance où, malgré 8 ans de pouvoir absolu en la matière, M. Sarkozy en est réduit à répéter ses imprécations et à faire donner de la voix aux tâcherons de son entourage pour dénoncer les Maires et tenter de camoufler ses propres graves échecs.

En 2002, pour eux, « l’insécurité était de la faute de Lionel Jospin » et de son gouvernement.

En 2010, l’insécurité serait celle des Maires, bien sûr, non-UMP…

Je savais M. Estrosi, Maire de Nice, parfaitement à l’image de son chef. Je ne l’imaginais pas, à ce point, être capable de dire n’importe quoi. Beaucoup même de Maires UMP ne se cachent plus pour exprimer clairement leurs désaccords.

Oui vraiment, ceux et celles que j’appellerai « les bébés-Sarko » que l’on retrouve au niveau national et dans certaines de nos collectivités ne manquent pas une occasion de montrer leurs incompétences et leurs inconséquences.

Très franchement, je ne m’en réjouis pas, ayant, au fond de moi, un véritable respect pour la fonction politique.

Et je veux aujourd’hui saluer le ton mesuré et responsable des dirigeants socialistes qui s’expriment cet été sur ces différents sujets.

« La violence est le dernier refuge de l’incompétence ».

Je pourrais en multiplier les exemples, mais j’en resterai là en espérant convaincre chacun, à son niveau, qu’il vaut mieux être parfois « un mauvais élève » qui saura reconnaître ses erreurs qu' »un cancre » qui les niera et préfèrera toujours inventer une réponse aussi absurde soit-elle.

A l’heure où la misère, en France, s’accroit pour la majorité de nos concitoyens avec des charges qui augmentent plus vite que leurs revenus (3% de plus pour l’électricité après les 15% de plus pour le gaz),

où un chômage réel qui ne recule pas génère des « fins de droits » indignes de notre pays,

où un simple match de foot (fusse-t-il entre le LOSC et le PSG) impose aux autorités la mobilisation de plus de 600 policiers,

où, à Gaza, on interdit, au nom des « us et coutumes », aux femmes de fumer,

où une ex-soldate israélienne fait « la une » sur le net aux côtés de prisonniers palestiniens attachés et bâillonnés,

où, une iranienne  risque d’être lapidée pour « cause d’adultère » avoué sous la contrainte .

A l’heure aussi où un iceberg de 250 km² vient de se former en se détachant de la banquise, ce qui nous rappelle que le niveau des océans va augmenter de plus de 50 centimètres d’ici la fin de ce siècle, mettant ainsi en grave difficulté plus d’un milliard d’êtres humains, où, parallèlement, la désertification va concerner des milliards de terriens, ce qui me rappelle les paroles d’Hubert Reeves :

« A l’échelle cosmique, l’eau est plus rare que l’or », une réalité qui, pour l’eau douce, sera de plus en plus vraie sur notre Terre,

où la Liberté, la Démocratie et la Laïcité reculent, dans les faits, un peu partout dans le monde,

je voudrais rappeler que le 15 août c’est aussi la date anniversaire du débarquement en Provence de 1944 où les trois quart des forces engagées étaient placées sous le commandement français du général De Lattre de Tassigny (dont plus de 50% venaient des 4 coins de l’empire français), des forces (qualifiées alors « d’indigènes » à qui nous devons le respect) qui allaient libérer une majorité de territoires, villes et villages de l’hexagone et qui allaient largement contribuer à ce que la France avec le Général de Gaule recouvre la plénitude de ses pouvoirs et de son indépendance.

Comme quoi, « Les idées audacieuses (comme les actes) sont comme les pièces qu’on déplace sur un échiquier : on risque de les perdre mais elles peuvent aussi être l’amorce d’une stratégie gagnante » Je terminerai avec cette citation de Goethe en laissant à chacune et à chacun le soin de la méditer comme la seule véritable alternative aux incantations, imprécations, manœuvres médiatiques, le tout plus ou moins matinée d’immobilisme.