Carnet n° 115 du 15 novembre 2010

« Entre terres », entre-temps

 

 

 

Les lecteurs de mes carnets hebdomadaires auraient sans doute été étonnés si je n’avais pas ouvert mon 115ème, daté du 15 novembre, sur le remaniement ministériel « ordonné » par le Président Sarkozy.

 

Ils le seront peut-être davantage par ma première citation qui peut sembler trancher avec les appréciations entendues dans la bouche des leaders de la gauche et du camp du progrès.

 

Elle est de Stephan Zweig :

« Dans la politique comme dans la vie, les demi-mesures et les hypocrisies font toujours plus de mal que les décisions nettes et énergiques ».

 

Et moi, aujourd’hui, j’ose dire que le Président de la République a pris des décisions nettes et énergiques.

Sans aucun état d’âme, semble-t-il, il a éliminé tous les oripeaux de sa soit disante ouverture de 2007.

Exit les anciens socialistes ralliés !

 

Exit les centristes arrachés à François Bayrou !

 

Exit la diversité et les signes de nouveauté !

 

Exit l’écologie !

 

Et que revienne le temps du RPR et de ses barons, des hommes et des femmes fidèles à leurs carrières, des poids lourds de la politique dont les dérives sont toujours contrôlées !

 

Oui, enfin, le Président a pris des décisions nettes et énergiques en formant un gouvernement à l’image de son pouvoir sans partage à tous les niveaux de l’État.

 

On croirait avoir affaire à un cabinet de campagne et c’est, somme toute, pour lui, très naturel à dix-huit mois des élections présidentielles…

 

L’ennui, « peut-être », mais je suis sûrement « mauvaise langue », c’est qu’un gouvernement c’est aussi un instrument pour gouverner un pays dans sa pluralité et ses diversités et qu’un parti, l’UMP, dont le nombre effectif d’électeurs représente à peine plus d’un Français sur 12 ne peut prétendre, à lui seul, être la France.

 

« J’entends déjà certains et certaines ricaner plus ou moins discrètement » en disant que je devrais m’appliquer ces paroles de S. Zweig pour ce qui est des prochaines échéances électorales…

 

Je leur dirai (par avance) que c’est fait depuis longtemps, depuis 2006 quand j’ai déclaré : « Mon choix c’est Villeneuve d’Ascq », un choix que j’ai régulièrement confirmé, y compris récemment, en parlant de 2014.

Le reste n’est que « conséquences et moyens » que je manie, certes, mais uniquement pour ma ville (et ses habitants) dont la réussite est et restera ma seule ambition !

 

« La vie ne vaut pas cher, mourir ce n’est pas grave. Le tout c’est de vivre conformément à l’honneur et l’idéal qu’on se fait » Berty Albrecht

 

Et il est vrai que Villeneuve d’Ascq, ce week-end, nous a, une fois encore, fait honneur avec la multiplicité de ses manifestations, la 26ème édition de Fossilium, bien sûr, avec 3400 visiteurs cette année, des concerts dont celui de la Philarmonie d’Ascq, du coeur et de la passion avec sa chorale au Moulin d’Ascq, le lancement de la semaine de la solidarité internationale.

 

Et surtout, « Entre Terres », un concert symphonique avec chorales, cinq tableaux pour orchestre, chœur d’hommes, chœur d’enfants et récitant, en hommage aux mineurs. Réalisé en co-production avec le centre historique minier de Lewarde, créé à Douai en 2009, il était symboliquement fort de le présenter dans la nouvelle ville de Villeneuve d’Ascq devant près de 500 spectateurs à la Rose des Vents.

Un beau rappel, aussi, de ce que la France doit au Nord-Pas de Calais, à ses habitants, à ses immigrants. Un rappel, enfin, que la mine tue encore chaque jour dans le monde au XXIème siècle des dizaines d’hommes et aussi d’enfants comme chez nous au XIXème et au XXème.

 

La semaine écoulée a vu, jeudi, la commémoration du 92ème anniversaire du 11 novembre 1918, la fin de la première grande « boucherie » du 20ème siècle avec une participation citoyenne rare devant le monument aux morts de Flers Bourg, dans un froid humide et glacé…

 

Hommage aux combattants tous aujourd’hui disparus, ode à la paix pour le 21ème siècle, temps venu des vérités à dire pour éviter de les revivre encore :

 

  • 14-18 a inventé toutes les horreurs des guerres dites « modernes »…
  • Des « chefs » indignes ont réduit « l’Homme » à de « la chair à canon », des chefs sans scrupule ni honneur, ni morale
  • Le continent européen y a perdu, à tout jamais, son rôle mondial sinon, peut-être, en étant encore le premier vecteur d’une deuxième et encore plus meurtrière guerre mondiale.

Ces soldats « fusillés pour l’exemple » ont préfiguré la guerre suivante qui va faire autant de victimes civiles que de militaires morts au combat….

 

La leçon sera-t-elle un jour enfin entendue dans un monde que déchirent, chaque jour encore, d’autres guerres encore plus sournoises, toujours sanglantes et inhumaines… dont les décideurs vivent masqués et confortablement installés pour mieux manipuler les humains à coups de slogans, de discours soi-disant religieux, d’injonctions de haine ?

 

J’aimerais le croire, je voudrais l’espérer… mais…

Je pense, en cet instant, à Henry de Montherlant qui a écrit :

 

« Ce qui me dégoûte dans la haine, c’est sa grossièreté : elle accueille n’importe quel bruit, se nourrit de tout, sans examen, sans discernement. Comme elle est bête et rend bête ! »

 

Et je terminerai ce 115ème carnet avec Simone De Beauvoir

 

« Choisir la vie, c’est choisir l’avenir. Sans cet élan qui nous porte en avant nous ne serions rien de plus qu’une moisissure à la surface de la terre. »

 

Oui choisir la vie : « Entre terres » , « entre-temps ».

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