Carnet n° 277 du 23 décembre 2013

« L’homme n’est vraiment lui même… »

La citation qui commence ainsi est de Stéphane Hessel, « un grand parmi les grands », qui nous a quitté en 2013 à l’âge de 96 ans :

oui, « L’homme n’est vraiment lui même que quand il s’engage ».

C’est sans doute, sous une forme certes moins littéraire, ce que je me suis dit il y a 50 ans lorsque, avec mon bac « mathelem » en poche, j’ai commencé à travailler et que je me suis engagé en politique.

C’est ce dont j’essaie encore de me convaincre, 50 ans après, dans un monde hyper médiatisé où l’accessoire l’emporte sur l’essentiel, où le dérisoire se vend mieux que l’important, où les réseaux dits sociaux permettent aux « corbeaux de toutes couleurs » de se déchaîner, (à la seule condition d’avoir du temps pour cela), où la plupart des politiques s’enferment dans des jeux de rôle et de pouvoirs tandis que leurs électeurs n’ont trop souvent en tête que leurs droits, en oubliant leurs devoirs, et, à la bouche, les impôts qu’ils paient, en ignorant de manière récurrente les services publics qu’ils exigent et qu’ils consomment.

C’est ce que je me suis dit plusieurs fois durant cette semaine écoulée, après un Conseil Municipal où j’ai pour la 6ème fois entendu l’UMP rabâcher les mêmes inepties sur notre ville et son budget, sa vitalité et son attractivité mises au placard, l’engagement collectif des villeneuvois(es) nié d’un bout à l’autre, alors que le même soir Madame Le Pen et sa supplétive locale faisaient l’apologie de M. Le Pen, dans une ville qui l’a vu condamné pour avoir nié la réalité de la gravité du massacre d’Ascq, tandis que d’autres « se délectaient » en des manœuvres médiatiques allant jusqu’à l’indécence pour essayer d’exister malgré leur inexistence… avérée…

Je ne sais aujourd’hui ce qui sortira des urnes en mars 2014. Bien malin qui pourrait le prédire en ces temps de tourmente où les pires discours et les pires mensonges sont souvent les plus écoutés.

Mais je dois avouer mon angoisse quand j’imagine des héritiers de M. Le Pen à Ascq, le 13 avril 2014, au pied du Tertre des Massacrés lors de la commémoration de son 70ème anniversaire.

Quand j’ai participé en 1976, pour la première fois au côté du Maire Jean Demarets, au 32ème anniversaire du massacre, je n’aurais jamais pu imaginer qu’un jour les descendants et partisans de celui et de ceux qui avaient nié ou excusé ces crimes seraient un jour en situation de représenter les descendants des victimes ascquoises de la barbarie nazie.

« Quand l’homme se trouble ou se désespère, il n’a qu’à penser à l’humanité » a, je crois, dit un jour Jean Jaurès.

C’est ce que j’essaie de faire en ces moments de troubles voire de désespoir… mais c’est bien difficile !

Alors il reste les cartes de vœux que je rédige personnellement à l’intention d’un peu plus de 3000 de mes concitoyens, les décors de Noël qui donnent un air de fête sans, pour autant, nous faire oublier celles et ceux qui sont dans la peine, la maladie ou la misère, les arbres de Noël, les marchés de Noël, les pères Noël qui font briller les yeux des petits et de certains grands.

Je les vois toujours avec plaisir en me remémorant les Noëls de mon enfance, les sapins et leurs bougies, l’odeur des oranges et du chocolat, les cierges magiques scintillants, les messes de minuit, les crèches et les petits cadeaux dans nos souliers.

Mais cela ne peut me faire oublier le reste,… les tristesses des uns, les chagrins des autres… les égoïsmes de certains, la bêtise de tant d’autres…

C’est Albert Einstein qui l’a écrit :

« Il y a deux choses d’infini dans le monde, l’univers et la bêtise humaine.

Mais pour l’univers, je n’en suis pas très sûr »

Pour autant, ne baissons pas les bras et à l’instar de Stéphane Hessel, engageons nous pour un monde meilleur à l’image du rêve de Noël et profitons de la nouvelle année qui se profile pour faire des vœux en forme de bonnes résolutions et de déclarations d’intention.

Le 12 janvier prochain, je présenterai les miens au Villeneuvois sous le regard, sans doute, de bien des censeurs qui veilleront à ce que je n’outrepasse pas les limites que m’imposent les règles de campagne…

Il ne me faudra ni parler du passé ni parler de l’avenir, ni de ce que j’ai fait pour ma ville ni ce que je voudrais pouvoir faire encore…

On ne pourra quand même pas m’empêcher de dire mon engagement humain, le rôle du cœur dans la vie (et même encore en politique), les solidarités plus que jamais nécessaires, les égoïsmes indécents à bannir, nos valeurs républicaines à défendre et le bonheur de vivre encore en Démocratie… à goûter sans modération.

Il me faudra d’ici là boucler ma liste EPVA 2014, faire des choix souvent humainement bien difficiles pour conjuguer « continuité » et « renouvellement ».

Si des nuits d’insomnies se profilent encore dans les prochaines semaines, les bonnes tables et le bon vin des réveillons n’y sont et n’y seront pour rien… Qu’on s’en rassure ou qu’on s’en inquiète…

Alors en ce 23 décembre, une date chère à mon cœur, je veux, en conclusion de mon 277ème carnet, souhaiter à chacune et à chacun le meilleur Noël possible, le plus chaud, le plus chaleureux, le moins solitaire possible.

Noël « la fête de l’enfant roi »,

Noël la fête de l’espoir et de l’espérance….

En n’oubliant jamais ces paroles d’Antoine De Saint-Exupéry :

« Toutes les grandes personnes ont d’abord été des enfants, mais peu d’entre elles s’en souviennent ».

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