Carnet n° 119 du 13 décembre 2010

 

Entre le cœur et la raison

 

 

« Nos vies sont faites de tout un réseau de voies inextricables, parmi lesquelles un instinct fragile nous guide, équilibre toujours précaire entre le cœur et la raison »

Georges Dor, extrait de « Il neige, amour… »

Ces paroles sont au cœur de ma pensée et du moteur qui conduit ma vie.

Elles sont, chaque année, particulièrement exacerbées et sensibles en décembre, un mois que j’aime peu, malgré la brillance de ses décorations, la chaleur des centres de commerces, les goûters, les marchés et les fêtes de Noël.

On ne se refait pas… et il y a sûrement de bonnes raisons à cela.

Pour autant, cette semaine encore, j’ai parcouru souvent avec plaisir, sinon avec bonheur, un bon nombre de ces « voies inextricables » : du Noëlde l’ARPET au concert de 5 chorales au Sacré Cœur, en passant par l’Arbre de Noël des enfants du personnel communal, le repas de J-Baptiste Clément, la Sainte Barbe chez les Sapeurs Pompiers ou la Saint Eloi aux Ateliers Municipaux, de beaux matchs de basket et de boxe, sans oublier l’AG des Randonneurs et celle du Jeune Ensemble Harmonique, les 10 ans du jumelage noué entre Villeneuve d’Ascq et HaÏdari, un bal folk à Pierre et Marie Curie et la dizaine de fêtes de Noël (avec ou sans Père Noël…) dans les crèches et dans les écoles où des milliers d’yeux de jeunes enfants ont scintillé de plaisir.

Ces méandres inextricables, mais heureux, ont pourtant eu du mal à faire oublier d’autres méandres politiques avec leurs manœuvres, pas toujours très dignes, du travail sur des dossiers de plus en plus lourd, une situation économique, sociale et financière dégradée, du fait d’une crise mal maîtrisée par notre gouvernement, une délinquance petite ou grande qui blesse les plus fragiles, le tout sous la pression d’une bêtise humaine aux relents politiciens qui vise à tout faire retomber sur les épaules du maire.

Bien sûr, et que mes amis se rassurent… je fais face !

Comme l’a dit Démocrite : « Le caractère d’un homme fait son destin », un constat, auquel j’oserai associer les paroles de Michel de Montaigne, « C’est une belle harmonie quand le dire et le faire vont ensemble »,

des paroles qui depuis toujours innervent « ma feuille de route personnelle ».

Pour autant, si j’ai les reins solides et « le cuir tanné », je ne supporte, toujours pas, les petites phrases blessantes, les questions qui sont, en elles-mêmes, autant de contre-vérités, les dénonciations qui n’honorent pas leurs auteurs et qui dévoient souvent les valeurs auxquelles ils se référent.

S’il est juste de parler de « Droits de l’Homme » quand on parle des Roms, il est injuste et dangereux d’ignorer que leurs droits doivent d’abord être respectés dans leurs pays sous l’égide d’une Europe qui ne compte pas les crédits destinés à ces nouveaux pays membres. On ne peut non plus ignorer que la République Française, sa police et sa justice doivent démanteler les réseaux qui les amènent par milliers sous tentes, dans des cabanes bricolées et à tous les carrefours avec enfants et bébés (ce que la loi française condamne).

Il est souvent injuste d’entendre de la part de citoyens : « Que fait le maire ? ».

Il est indigne de l’entendre de la part de militants politiques qui, eux, n’ignorent rien des réalités y compris des racines politiques de leurs pays d’origine…

Qui peut croire que c’est un mouvement naturel et inorganisé qui pousse ces hommes, ces femmes et ces enfants, souvent en guenilles à faire plus de 2000 kilomètres sans y avoir été sinon poussés tout du moins « aidés » et « incités » ?

Non vraiment, je ne supporte pas le comportement de certaines et de certains qui, en prétendant « les défendre », essaient tout simplement de « se refaire une santé politique »….

J’ajoute, en m’appuyant sur les paroles de Michel Ragon« La pauvreté, on s’en remet. La misère, c’est une chose atroce qui coupe les jambes et la tête. La misère, elle, est tragique ».

Et la misère, elle, est au cœur de nos quartiers et de nos villes, souvent cachée,toujours destructrice, voire mortelle, et de plus en plus inattendue par celles et ceux qui en sont frappés.

Oui « Mesdames et Messieurs les donneurs de leçons, n’oubliez pas cette misère ! »

Et, à trop braquer le projecteur sur celles et ceux qui ont été poussés à venir, chez nous, grossir la cohorte des pauvres, on camoufle, de fait une misère profonde de bon nombre de nos concitoyens qui, trop souvent oubliés, meurent chaque jour dans un quasi silence !

Et je le dis aux responsables politiques qui battent « les estrades » rebaptisées « plateaux télévisés » que s’ils ne comprennent pas la pensée profonde du peuple ils nous condamneront un jour, en France aussi, et peut être même déjà en 2012, à voir l’extrême droite participer au gouvernement.

La fin du communisme a privé la masse des plus modestes et des plus pauvres d’un espoir, un jour, d’exister et d’une fierté d’être eux-mêmes.

La société commerciale renforce chaque jour le sentiment de pauvreté et l’exaspération d’être privé de ce que les autres ont.

« L’information » fragmentée et la fragilité des réseaux énergétiques, alimentaires et de communication transforment une période de froid et de neige « en catastrophe à dimension planétaire » là où, durant l’enfance des aînés d’aujourd’hui, dont je suis, c’était vécu comme un moment naturel aux petits plaisirs chaleureux, de repas familiaux autour d’une cuisinière, de gaufres et de senteurs de fruits avec, tout autour, des plaines silencieuses troublées de quelques cris de corbeaux….

Oui, j’avais aujourd’hui l’envie de redire ces choses pour que chacun réfléchisse à ce que « le jour d’après » ne conduise pas, un jour prochain, à des désordres planétaires qui terrasseront le plus grand nombre de nos concitoyens….

Alors qu’il suffirait de tout faire, dès aujourd’hui, pour réduire nos fragilités en retrouvant des rythmes de vie plus régulés, mieux calés sur les saisons et sur le temps qui passe.

Certains s’en souviennent : il était si bon d’attendre la saison des fraises, des pommes, des poires, du raisin et des mandarines quand ces fruits n’arrivaient pas, tout au long de l’année, des quatre coins du monde à grand renfort de « longs courriers » dévoreurs d’énergie et producteurs de lourdes pollutions….

J’arrête là mes rêves de Noël, sans doute tout aussi vains que bien d’autres, qui déchirent mon cœur, par une phrase qui ouvre le livre, acheté il y a quelques années à Chamonix, de Françoise Rey, « Crash au Mont Blanc » :

« La chanson dit qu’avec le temps tout s’en va. La vie ne dit pas le contraire. Les passions s’estompent, les illusions se perdent, les souvenirs s’envolent, les rancunes s’apaisent et puis, bien sûr, le corps inexorablement se fane. Un peu trop tôt, un peu plus tard, vient le jour où s’inscrit le mot fin…

Bien belle idée, après tout, que celle de mourir sans laisser de trace, de s’évanouir dans la nature, de s’éteindre sans offrir de spectacle…

Simplement l’absence. »

Lien Permanent pour cet article : http://www.gcaudron.com/?p=234

HTML Snippets Powered By : XYZScripts.com