Carnet n° 263 du 16 septembre 2013

« Il est des moments, à l’instar de la musique, qui donnent des ailes à nos pensées»

 

Dans ce  »monde de brutes » dans lequel nous survivons, où la loi du plus fort est la règle, où la violence sous toutes ses formes a tout envahi, où la crise provoquée par les riches et les puissants écrase les pauvres et les faibles, où l’imprécation l’emporte trop souvent sur la pensée et la raison,

 

oui, il est des moments un peu hors du temps qui apaisent l’esprit et qui réchauffent le cœur.

 

J’ai vécu un de ces moments cette semaine en célébrant 2 ans de rénovation aujourd’hui achevée de l’église Saint Sébastien d’Annappes.

 

Quelles que soient ses idées philosophiques ou religieuses, se retrouver un vendredi 13, dans la nuit, au cœur d’une église bondée, aux vitraux colorés et vivants, pouvoir s’y exprimer et dire le sentiment qu’on éprouve quand, sur un patrimoine d’une telle nature, on a pu y poser sa pierre et y placer un anneau entre son passé et son avenir,

 

c’est tout simplement  »extraordinaire » au sens propre du terme (Larousse de poche :  »qui sort de l’ordinaire, hors du commun, exceptionnel »).

 

Période électorale oblige comme il nous est interdit de par la loi lors de la pose d’une première pierre ou d’une inauguration de dérouler trop de chiffres, des bilans et des projets, on se sent conforté dans sa volonté d’aller à l’essentiel,  »l’humain » avec tous et pour tous…

 

Et, je l’avoue, cela me va. C’est même ce que je préfère.

 

Si j’ajoute que, ce même vendredi 13, après les discours d’usage, le  »Villeneuve Jazz Big Band » nous a offert une heure de vrai bonheur,

 

on comprendra que des paroles de Platon me sont revenues à l’esprit :

 

 »La musique donne une âme à nos cœurs et des ailes à nos pensées ».

 

Oui, vraiment, dans  »le monde de brutes » dans lequel nous vivons, un monde où un homme peut en abattre un autre d’une balle dans le dos, comme au Far-West, après un hold-up dans sa boutique (soutenu en cela par plus d’un million d’internautes),

 

où la délinquance enfle et les règlements de compte font la  »une » des journaux, où des Roms continuent à se comporter dans nos villes sans en respecter les règles,

 

où la bourse s’enrichit de la misère des chômeurs,

 

etc… etc…

 

Cela fait du bien de pouvoir, durant deux heures, se replonger dans la profondeur de son être avant de redécouvrir des éléments cachés de notre patrimoine connus ou moins connus lors des journées qui lui sont dédiées.

 

 »Un monde de brutes » disais-je déjà il y a 40 ans, le 11 septembre 1973, où un général assassinait le gouvernement démocratique du Chili et son chef Salvador Allende, avant d’assassiner des milliers de chiliens.

 

 »Un monde de brutes » où des fanatiques, le 11 septembre 2001, pulvérisaient des milliers d’américains à New York.

 

 »Un monde de brutes » où, en Syrie, un tyran et une guerre civile, aux contours mal définis, ont déjà fait sans doute quelques centaines de milliers de victimes innocentes dont une majorité de femmes et d’enfants à coups de bombes, d’obus, de tirs et d’armes chimiques et ce, sous des regards  »impudiquement détournés » de ce qu’on ose encore appeler  »la communauté internationale ».

 

Heureusement, François Hollande et Barack Obama ont sauvé notre honneur en disant  »Non ! Arrêtez ! Ça suffit ! », en menaçant les criminels au grand dam de presque tous les autres Chefs d’État.

 

Pour l’instant, cette fermeté a payé puisque la Russie elle-même suivie de la Chine ont exigé avec nous le démantèlement de l’arsenal chimique de la Syrie.

 

Comme quoi, dans la vie, il faut savoir prendre des risques en ayant le courage de dire NON !

 

Dire NON, sans hésitation ni laxisme, quand il s’agit de défendre nos droits, nos règles et nos valeurs,

 

la laïcité condition du  »vivre ensemble », le droit à la santé, le droit au logement, le droit à un minimum de ressources pour vivre, le droit à une retraite digne, le droit de vivre nos différences, le droit à la sécurité et à la justice.

 

Car oui, si tout cela… ça coûte… ce n’est pas une raison de s’en priver pour satisfaire les marchés, la finance internationale, la bourse et la commission européenne.

 

S’il faut cesser de vivre au dessus de nos moyens, de dépenser plus qu’on ne gagne, il ne faut pas en revenir au  »médecin de Molière » qui tuait ses malades en les saignant à toutes occasions.

 

J’ajoute que de telles politiques déroulent un boulevard à l’extrême droite d’aujourd’hui qui, dans la lignée de celles du 20ème siècle, se nourrit des peurs, promet tout et son contraire, surfe sur le désarroi tout en remobilisant celles et ceux qui n’ont jamais accepté la Démocratie…

 

Et quand on entend, à 6 mois des municipales, que le FN commence à recruter celles et ceux, qui, dans les mairies qu’ils espèrent conquérir, remplaceraient des fonctionnaires jugés insuffisamment dociles, on angoisse et on repense aux sombres heures de la France et de l’Europe au milieu du 20ème siècle.

 

Puissent celles et ceux qui, de bonne foi, se laissent aujourd’hui séduire voire hypnotiser se ressaisir et se souvenir de ce que cela a fait vivre à leurs parents et grand-parents !

 

S’il me fallait une raison de plus pour moi d’engager  »une dernière croisade » avec une large liste de citoyennes et de citoyens, je trouverais dans cette situation le sens même de cette expression de  »dernière croisade ».

 

J’espère…

  • que l’UMP déchirée par des ambitions personnelles aux effets dangereux se ressaisira,
  • que Jean-Louis Borloo évitera de s’y laisser glisser,
  • que le Modem, à juste titre déçu après 2012, saura éviter toute forme de ralliement à l’UMP (cf. les paroles de François Bayrou citées la semaine dernière),
  • que ce que l’on appelle improprement la gauche de la gauche saura  »raison garder »,
  • que les Verts n’ajouteront pas du désordre au désordre,
  • que les Socialistes retrouveront le sens du bon-sens populaire en n’oubliant pas celles et ceux qui les ont fait  »princes en nos palais nationaux ».

 

Beaucoup de citoyens rassemblés ce samedi à la Maison des Genêts lors de ses portes-ouvertes n’ont pas manqué de le rappeler.

 

L’ouverture de ce 263ème carnet, depuis l’église Saint Sébastien, pourrait faire penser, à ce stade, à autant de  »prières »…

Il n’en est rien, bien sûr.

 

Pour moi, loin d’être de simples prières, ce sont autant de volontés exprimées et d’engagements réitérés !

 

Avec,  »en bonus », ces mots de Voltaire :

 

 »Vous devez passer votre vie à aimer et penser ; c’est la véritable vie des esprits… »

 

surtout quand, comme François Mitterrand, on croit à  »l’éternité de l’esprit »…

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