Carnet n°109 du 5 octobre 2010

« Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard »

Je m’autoriserai, en ce matin d’automne, à ouvrir modestement mon 109ème carnet par deux citations.

La première est de Georges Charpak, un grand physicien à la dimension philosophique avérée, qui vient juste de nous quitter :

« N’oublions jamais que le droit au rêve ne prend toute sa valeur qu’accompagné du droit à la lucidité ».

L’autre est de Louis Aragon, si souvent chanté par Georges Brassens :

« Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard »

Elles illustrent l’état de ma pensée et de mon cœur après une semaine, sans doute moins dense que la précédente, mais importante sur tous les plans.

Au Moyen-Orient d’abord, où la fin du gel des colonisations israéliennes « a plombé » les « derniers » espoirs de paix et je comprends la colère des responsables de l’autorité Palestinienne. Cela n’autorise pourtant pas certains, de loin, bien confortablement installés dans leurs pénates occidentales, de dire n’importe quoi.

Oui, le sort des réfugiés palestiniens enfermés dans des camps depuis 1948 dans différents arabes pays voisins est intolérable. Mais la faute à qui ? De ceux qui leur ont alors conseillé de fuir jusqu’à la reconquête ? De ceux qui les ont laissés dans des camps depuis plus de 60 ans au lieu de les intégrer dans leurs villes ?

Ou… d’Israël dont la création a été votée par l’ONU.

Oui, la situation à Gaza est insupportable ! Mais la faute à qui ? Au Hamas qui y a pris le pouvoir en éliminant les représentants de l’autorité Palestinienne ? Ou à l’armée Israélienne seule ?

Je pourrais multiplier les exemples de contrevérités qui ne font pas avancer les choses.

À toujours vouloir que la faute… c’est l’autre, tout se bloque.

Oui pauvres Palestiniens ! Et je ne serai jamais de ceux qui excuseront le martyr enduré par un jeune Franco-Israélien par les milliers de Palestiniens enfermés dans des prisons israéliennes.

A un autre niveau, certainement pas aussi grave, mais tout aussi insupportable en terme de pensée, d’éthique et de morale, la navigation à vue de notre gouvernement qui méprise les millions de manifestants en colère, impose une austérité qui appauvrira les plus pauvres, agite des slogans et des idées parfois inquiétantes au risque de désemparer un peu plus nos concitoyens, et cela même s’ils ne sont pas dupes :

Il suffit de voir les cotes de confiance de nos dirigeants, les sondages sur les retraites, la peur de l’avenir clairement exprimée par une majorité de français.

« Les années Sarkozy », un désastre pour notre pays…

Face à eux, l’opposition politique essaie de s’organiser avec, certes, un peu plus d’habileté mais avec toujours la lourdeur de mécanismes politiciens qui ne trompent plus l’opinion. J’avoue, à ce stade, ma lassitude à croire que l’on peut encore « changer les choses », « changer la vie », « changer le système »…

Heureusement que mon travail de Maire et de Vice-Président de LMCU me permet de faire du concret et, je l’espère, à moyen terme, d’en voir les résultats positifs.

C’est François de La Rochefoucauld qui l’a écrit dans ses Maximes

« L’espérance, toute trompeuse qu’elle soit, sert au moins à nous mener à la fin de la vie par un chemin agréable »

Cette espérance a pour noms :

• Ville Nouvelle Renouvelée et Master-plan

• Décisions de LMCU en matière de logement, de transports et d’agriculture.

• Services publics toujours de qualité malgré l’austérité qui nous est imposée.

• Sentiment d’être, quand même, utile dans mes permanences à la population, ne serait-ce que parce que j’écoute ce que les gens veulent dire, hélas sans pouvoir toujours trouver des interlocuteurs.

C’est aussi ce que j’ai expliqué au Conseil de quartier d’Ascq en redisant ce qu’est la Démocratie Participative au regard de la Démocratie Représentative qui fonde notre République. S’exprimer, pouvoir s’exprimer, cela a toujours un effet sur les décisions qui seront prises même si cela ne suffit pas pour les remettre en cause.

Là encore, au-delà des critiques, le moment venu, des bilans seront faits et, là aussi, nous serons jugés, non pas sur les méandres des expressions et des pensées, mais sur les résultats.

C’est, on le sait, ce qui fait notre différence (et ma différence) et sans doute ce qui fait mieux comprendre la réussite de Villeneuve d’Ascq et « ma longévité politique ».

Une double page de Nord Eclair, ce dimanche, nous en parle sous le titre « Gérard Caudron un adepte de Machiavel » ; on parle bien ici de l’auteur et penseur politique Machiavel, auteur du Prince et pas de son dérivé « le machiavélisme » qui n’a rien à voir avec lui… On pourra le lire et le relire avec attention….

Villeneuve d’Ascq, ma ville, notre Ville, … Villeneuve d’Ascq, son sens de la nature, ses différences, son rayonnement.

Villeneuve d’Ascq qui doit sans doute à l’EPALE et à ses équipes, comme le montre le film présenté, ce jeudi dernier, à l’UGC ciné cité, mais Villeneuve d’Ascq qui le doit beaucoup plus qu’il n’y est dit à ses élus et surtout à ses habitants… Pas grave… cela nous rappelle néanmoins des souvenirs et nous montre des images qui ne sont pas toujours agréables à comparer…

Villeneuve d’Ascq, ce week-end encore, sa braderie, ses foules au Musée d’art moderne, la victoire du LOSC, un concert apéritif, ses matchs de nos clubs locaux, sa porte ouverte chez nos pompiers, ses citoyens en balade et en visite.

Oui Villeneuve d’Ascq, notre ville, ma ville, des rêves au moins réalisés, des rêves à faire encore pour demain… une consolation pour tant de choses par ailleurs ratées.

Si comme l’a chanté Brassens… « Le temps ne fait rien à l’affaire… »,

« Quand on tient à ses souvenirs, on devrait fuir comme la peste les endroits où on a été heureux » (Paule Saint-Onge)…

J’en resterai là aujourd’hui en disant au revoir à la manière de Lucien Jeunesse « à la semaine prochaine, si vous le voulez bien »…

Avec une petite dernière citation de Grégoire Lacroix : « Là où l’infini de l’espace recoupe l’infini du temps, on trouve un endroit précis à un moment donné ; j’y suis souvent »