Carnet n° 242 du 22 avril 2013

Ainsi font, font font….

La semaine écoulée aura vu s’accélérer « un tournis médiatique » dans le traitement de l’information tout à fait à l’image d’une société incapable de relativiser les événements, encore moins de les analyser et surtout pas de les garder en mémoire.

Et en longeant la falaise du Tréport où j’avais pris 3 jours pour m’oxygéner, je me suis, durant un instant, entendu fredonner une comptine enfantine :

« Ainsi font, font, font,

les petites marionnettes.

Ainsi font, font, font,

trois petits tours et puis s’en vont. »

En dehors de l’aspect émotionnel pour tout adulte vieillissant qui, l’espace d’un instant, se replonge dans son tendre passé, cette comptine a vu défiler l’annonce lundi du patrimoine de nos ministres très vite éclipsée par les attentats de Boston et la traque de leurs auteurs, un événement dramatique lui même vite gommé par la libération puis le retour d’une famille française otage durant 2 mois au Cameroun, une libération qui s’est superposée à la mort de l’un et l’arrestation de l’autre des 2 auteurs du massacre de Boston…

On mesure la relativité de l’information et du poids qu’elle prend dans l’opinion publique, ce pouvoir aujourd’hui devenu important sinon prédominant et pourtant pas prévu par la constitution et « tellement manipulable ».

On imagine les commentaires sur les patrimoines ministériels complaisamment répétés durant 2 ou 3 jours au moins… si « Boston n’avait pas au lieu ».

On imagine les surenchères pourtant en parfait décalage avec « l’affaire Cahuzac » qui est à l’origine de se déballage puisque ce dernier avait, lui aussi fait une déclaration, certes non publique, comme le font la plupart des élus (dont les maires), une déclaration contrôlée par une Commission Nationale de la transparence qui vérifie la concordance entre les revenus et l’évolution du patrimoine…. mais qui, en effet, n’a pas de pouvoir en matière de « fraude fiscale » qui, elle, comme pour tout citoyen, élu ou non, est du ressort des services fiscaux.

Une fois encore, je le redis, plutôt que d’inventer de nouvelles lois, l’exécutif gouvernemental doit avoir la volonté et se donner les moyens d’appliquer les lois existantes !

C’est vrai pour la fraude fiscale,

c’est vrai pour la lutte contre la délinquance et l’insécurité,

c’est vrai pour les conditions d’accueil des étrangers et leur présence chez nous qu’ils soient européens ou non, Bulgares, Roumains, Suisses ou Chinois.

Appliquons les lois, et sanctionnons celles et ceux qui ne les respectent pas !

Si cela avait été fait avec les populations de culture Rom il y a 3 ans, si les responsables de l’époque au gouvernement et en dehors n’avaient pas fait preuve de laxisme, on n’en serait pas aujourd’hui à chercher « des solutions » pour les regrouper, lutter contre les désordres et les violences qu’ils génèrent et amplifient dans les quartiers (et alentours) où ils sont installés.

Plus que jamais l’urgence devrait s’imposer sur ce dossier, tout comme sur celui des réponses a apporter aux angoisses de nos concitoyens face à l’avenir, les pertes d’emplois, leur pouvoir d’achat en baisse et leur sécurité menacée.

« Vivement le retour de l’État dans ses compétences régaliennes ! » et pour cela vivement un rassemblement républicain sur les valeurs et les principes de notre République !

Puissent les politiques méditer cet avertissement d’Albert Camus :

« La société politique contemporaine : une machine à désespérer les hommes ».

Cet avertissement date de plus de 50 ans… et aujourd’hui c’est pire encore.

Si on ne veut pas donner raison à Joseph de Maistre quand il écrivait que :

« Toute nation a le gouvernement qu’il mérite »

(gouvernement au sens large, « celui de la gouvernance » de celles et ceux, à tous les niveaux (dans la majorité ou dans l’opposition) qui en assurent la marche),

il faut aujourd’hui se rappeler les mots de François Mitterrand dans « Ma part de vérité » :

« L’action politique, à certaines heures, est comme le scalpel du chirurgien, elle ne laisse pas de place à l’incertitude »

Celles et ceux qui, à droite, sont tentés par les violences verbales et physiques dans les rues et même au Parlement pour mieux s’associer aux extrêmes (dont certains n’ont jamais cessé de rêver),

celles et ceux qui, à gauche, se disent qu’ils ont le temps devant eux ou qui spéculent entre eux sur leurs chances de se remplacer les uns les autres,

tous ne devraient pas oublier que l’Histoire n’est pas linéaire et qu’il y existe des failles dans lesquelles tout peut disparaître.

C’est tout cela qui m’a fait décider le 23 février 2013, d’annoncer ma décision de poursuivre mes combats avec Rassemblement Citoyen, de postuler pour un dernier mandat municipal afin de terminer mon travail au service de ma ville, de continuer encore ma tache à LMCU malgré une évolution de ses pouvoirs vis-à-vis des communes « qui font plus que me préoccuper »,

mais c’est aussi tout cela qui, parfois, me fait douter d’avoir encore ma place dans cette société et ce monde politique où les violences l’emportent sur tout le reste, où l’humain fait « pâle figure » face aux forces de la finance et de la technocratie, où l’Europe n’est plus un rêve mais un marché impitoyable, où « la loi du plus fort » (ou du plus malin) domine notre Droit Républicain, où le verbe l’emporte sur la pensée.

Pour l’instant encore, je résiste…

Au nom de mes concitoyens qui me font, je le pense, encore confiance,

au nom de nos enfants qui vont vivre dans ce monde et cette société dont notre génération est et sera responsable sinon coupable,

au nom, somme toute, de l’Avenir.

J’espère simplement n’être pas trop seul dans cette résistance.

J’espère encore un rassemblement autour d’un bon sens partagé sur des valeurs communes.

Je l’espère en ce 22 avril 2013,

oui je l’espère sans en avoir malheureusement l’absolue certitude.

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