Carnet n° 208 du 27 août 2012

« Théâtre d’ombres ou jeux de rôles ? »

« Ils sont venus, ils sont tous là… ! » (sur un air bien connu de Charles Aznavour).

Non, il ne s’agissait pas de gitans ni même de Roms mais bien de militants et responsables politiques de tous bords, tous en universités d’été, rassemblements, meetings ou déjeuners sur l’herbe, tous à se partager les créneaux horaires sur les chaînes TV d’informations continues…, tous à chercher la petite phrase qui fera mouche ou le coup de griffe qui fera mal.

Difficile, vraiment, d’y échapper durant ce dernier week-end d’août…

Les esprits chagrins parleront de « théâtre d’ombres », les militants de mobilisation pour faire gagner ou revivre leurs camps,

je préférerais l’expression de « jeux de rôle, des jeux certes convenus, aux règles immuables où les responsables en place se félicitent de ce qu’ils ont fait et où les battus n’ont pas de mots assez durs pour reprocher aux nouveaux arrivants de n’avoir pas encore su faire en 100 jours ce qu’ils n’avaient pas réussi à faire en 10 ans.

De Poitiers avec les Verts, à La Rochelle avec les Socialistes, Nice avec l’UMP, Grenoble avec le Front de Gauche sans oublier François Fillon dans le plâtre sur « ses terres »’ (anciennes puisque maintenant député parachuté parisien) de la Sarthe… sans oublier Jean François Copé (je ne sais plus vraiment où…), il y en avait pour tous les goûts !

« ‘Jeux de rôle », disais-je, sans ironie… où chacun a planté son décor à la veille d’une année qui sera cruciale pour notre pays, pour l’Europe et pour le monde et pas seulement pour savoir qui va perdre ou gagner les élections municipales et territoriales de 2014 et 2015.

« Jeux de rôle », disais-je, où j’ai écouté, non sans émotion, les paroles émues d’une Martine Aubry sur le départ, où j’ai vu ses successeurs se mettre en embuscade, où j’ai redécouvert un Arnaud Montebourg retrouver le goût de faire parler de lui autrement qu’à l’occasion des plans de licenciements, où j’ai compris moi aussi que le cœur de Jean-Luc Mélanchon balançait entre « soutien critique » et « dézingage gratuit ».

Jeux de rôle enfin à droite, à l’UMP, dans la perspective de 2014 et déjà de 2017 où les « couteaux » sont sortis entre Jean François Copé et François Fillon sous l’ombre tutélaire et recherchée d’un Nicolas Sarkozy que le silence et l’absence rendent plus sympathique (il n’est pas le premier à avoir vécu cette situation…, regardez Jacques Chirac).

On les a même entendu promettre « la suppression des 35 heures en 2017 », eux qui avaient tous les pouvoirs pour le faire depuis 10 ans, si c’était aussi néfaste qu’ils le disent aujourd’hui…

A cette droite qui n’en finit pas de ne rien comprendre et à quelques uns à gauche, je dédierai aujourd’hui ces mots de Simone Weil :

« On dit souvent que la force est impuissante à dompter la pensée ; mais pour que ce soit vrai, il faut qu’il y ait une pensée. Là où les opinions irraisonnées tiennent lieu d’idées, la force peut tout.’ »

Cruel… mais tellement juste…

« Et pendant ce temps-là »… le monde a continué à tourner sans Neil Armstrong parti retrouver les étoiles, avec de nouveaux bains de sang en Syrie, des massacres en Afghanistan, un État d’Israël sur le pied de guerre face à l’Iran, une Russie de Poutine qui a retrouvé ses démons staliniens, qui envoie des jeunes filles au goulag pour une chanson et qui fait la chasse à KASPAROV menacé de 5 ans de camps « pour avoir mordu un policier » qui le traînait vers un fourgon…

Oui vraiment « dans quel monde vivons nous, ma brave dame » aurait dit ma grand-mère…

Oui, un monde où il faut, et faudra, à ses dirigeants plus que du talent médiatique pour nous éviter « le grand saut dans l’abîme.

Puissent toutes celles et tous ceux qui sont ou seront « en responsabilité » faire leur cette pensée de Sénèque :

« Quand on doit se battre contre les difficultés incessantes, on s’aguerrit dans l’épreuve, on résiste à n’importe quels maux et même si on trébuche, on lutte encore… ».

J’aurai encore en ce lundi matin qui fleure un été finissant, tellement de choses à dire…

Je me contenterai, pour conclure, d’évoquer mes balades du week-end du parc urbain villeneuvois aux ruelles et placettes du Vieux-Lille, des instants de pur bonheur au cœur de 2 riches facettes de Lille Métropole…, une grande métropole qui aura su faire de sa diversité sa première force pour se hisser au rang des grandes métropoles européennes…

Dans ces temps de tourmente, d’angoisses et de doutes pour l’avenir sinon pour soi-même, cela fait du bien de pouvoir se dire qu’on y a été pour « un petit quelque chose »…

J’espère que la grande dame qui préside, après Pierre Mauroy, aux destinées de Lille et de LMCU y pensera « en ces lendemains de fête aux réveils embrumés »…

G. Caudron

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