À Créteil, la démonstration de force de Bernard Cazeneuve

Même « Jaurès » était là. Samedi après-midi, l’ex-garde du corps historique du Parti socialiste, évincé lors des vagues de licenciements qui ont rythmé les revers électoraux du PS, assurait le service d’ordre du premier grand meeting de La Convention, le mouvement lancé en mars par Bernard Cazeneuve. « C’est la plus grande réunion sociale-démocrate depuis 2012, en dehors peut-être des meetings électoraux », fanfaronne un soutien de longue date de François Hollande, présent au premier rang aux côtés de son ex-Premier ministre.

Il y avait comme un air de rentrée des classes après de longues, très longues vacances forcées dans l’immense palais des sports de Créteil (Val-de-Marne), ce samedi 10 juin. Aux côtés de la vedette du jour, qui, au vu de la chaleur, ne porte pas son habituel costume trois-pièces (tant pis pour les moqueurs), on compte tous ceux qui l’accompagnent depuis les premiers pas de La Convention, ou l’ont rejoint au fil des mois : le patron du Parti des radicaux de gauche Guillaume Lacroix, le député David Habib, le maire de Montpellier Michaël Delafosse, le président de la région Bretagne Loïg Chesnais-Girard, l’ancien patron de Renault Louis Schweitzer, qui discute avec l’ex-leader de FO Jean-Claude Maillot ?

Dans la salle, on remarque aussi Jean-Christophe Cambadélis, ancien patron du PS, la mairie de Vaulx-en-Velin (Rhône) Hélène Geoffroy, opposante d’Olivier Faure au sein du PS, la présidente de l’Occitanie Carole Delga et le maire de Rouen Nicolas Maier Rossignol (en visioconférence), l’ex-ministre Edwige Avice, Sylvie Rocard, veuve de l’ancien Premier ministre?

Et pas mal de personnalités du monde culturel tels l’homme de théâtre Jean-Michel Ribes et le réalisateur Serge Moati, auteur d’un film projeté dans la salle en honneur aux grandes figues socialistes ? Blum, Jaurès, Mitterrand, Jospin, Hollande? Au total, quelque 1 500 personnes entassées dans un gymnase surchauffé.

Les européennes sans LFI

« Tous ces gens savent que Bernard Cazeneuve est le dernier espoir avant Marine Le Pen », confie Michel Destot, l’ex-maire de Grenoble (Isère), certain qu’une nouvelle candidature de Jean-Luc Mélenchon favorisera l’accession à l’Élysée du RN en 2027. Le leader de la Nupes est la cible favorite des personnalités présentes à Créteil.

« Il y a une nécessité de reconstruire une grande force, capable, une fois encore, de conduire la gauche au pouvoir, dit François Hollande sur la scène, largement applaudi. Il n’y aura pas de victoire possible si ce n’est pas cette force-là [une gauche sociale-démocrate, NDLR] qui est la première à gauche. »

L’ex-chef de l’État cite ses grands prédécesseurs – Blum, Mitterrand, Jospin et lui-même – tous « capables de mettre le Parti socialiste au premier rang ». Il évoque aussi une « déstructuration politique en France », qui entraîne un risque RN, « un risque aussi lié à cette gauche construite autour de LFI ».

À ses côtés, l’ex-président du Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, craint que la France « ne tombe dans les mains nationalistes, de droite comme de gauche »? Afin de contrer les nationalismes, François Hollande, très applaudi, en a appelé à la constitution, aux élections européennes, d’une liste sociale-démocrate ? comprendre, sans LFI.

« Détermination » et « opiniâtreté »

Évidemment, tous les soutiens de Bernard Cazeneuve présents à Créteil affichent leur confiance dans le mouvement qui semble se créer. « Il se passe quelque chose », observe le député du Gers David Habib, l’un des premiers socialistes à avoir rejoint l’ancien ministre de l’Intérieur, désormais avocat d’affaires. Selon lui, le cercle de parlementaires entourant Bernard Cazeneuve s’agrandit sans cesse, jusqu’à des députés de la majorité tels Cécile Rilhac et Lionel Causse.

A la tribune, lors d’un discours souvent virulent où il critique la gauche radicale, Bernard Cazeneuve avance d’un cran pour évoquer sa « détermination » et son « opiniâtreté » à briguer, peut-être, la succession d’Emmanuel Macron.

« Quand on a été douze fois candidat à une élection, rien n’empêche, dans le code électoral, qu’on le soit une treizième fois ! » « Rien ne pourra m’empêcher », dit-il encore. C’est à Créteil que, le 24 janvier 1981, François Mitterrand a été investi par le Parti socialiste pour être candidat à l’élection présidentielle.

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