Carnet n°759 du 17 avril 2023

Il n’y a que des perdants

C’est Laurent Berger, une des deux «révélations» de la crise provoquée par le Président Macron, 

Laurent Berger, une des deux «hirondelles» (même si elles ne suffisent pas à faire le printemps) avec Fabien Roussel, 

c’est donc lui qui, en déclarant qu’«il n’y avait que des perdants», a répondu ainsi à la Première Ministre, Madame Borne, qui, avec une arrogance et une brutalité dont elle espère sans doute « tirer profit » pour rester cheffe du gouvernement de M. Macron, a eu l’audace de déclarer au soir de la décision du Conseil Constitutionnel qu’ «il n’y a ni vainqueurs ni vaincus !»…

Comment Madame Borne peut-elle dire cela après avoir imposé, grâce à des subtilités de notre Constitution et un 49.3 uniquement destiné, sous la plume de Charles de Gaulle, à éviter les crises ministérielles de la IV République quand les gouvernements chutaient par l’addition des votes gaullistes et communistes  sans aucun motif commun, imposé, disais je, un allongement du temps de travail contre l’opinion des 2/3 des Français, sans vote à l’Assemblée Nationale, sans oublier une motion de censure où il n’a manqué que 9 députés pour la voter et ainsi faire  chuter le gouvernement, permettant ainsi une adoption de  la loi « par défaut » ?

Au demeurant, en laissant entendre depuis l’Élysée, Matignon et tous les médias qu’il subsistait « un doute »  du côté du Conseil Constitutionnel , on peut reconnaître « un certain talent » du côté de la Macronie… alors que, pour moi, il n’y  avait jamais eu aucun « doute » possible … et cela pour au moins deux raisons :

–          Il ne s’agissait pas pour le Conseil Constitutionnel ni d’approuver ni de rejeter le report de l’âge de la retraite de 2 ans, mais de valider sa «constitutionnalité» …, la Constitution n’étant pas concernée par la popularité ou non des décisions prises…

–     Accessoirement, sur les 9 membres du Conseil Constitutionnel, 7 avaient été désignés par des responsables de la droite macroniste ou LR, 7 donc sur 9 en dehors du Président Fabius désigné par François Hollande et d’un autre membre désigné par le Président de l’Assemblée Nationale en 2016…

Cela a permis simplement  au pouvoir en place  de gagner du temps et d’essayer de  gommer  son  passage politique en force  …

Oser alors dire, comme Madame Borne (que certains osent encore présenter comme «venue de gauche» … ), qu’il n’y a «ni vainqueurs ni vaincus» , c’est non seulement une provocation de plus…, mais, comme l’a dit Laurent Berger, c’est faux  en ajoutant qu’il n’y a que des perdants  !…

Des perdants du côté du pouvoir en place  qui n’en se remettra pas et qui voit son parcours « miné » jusqu’en 2027 avec le risque d’ici là de devoir dissoudre l’Assemblée Nationale ou de voir le Président de la République démissionner… et donc, en conséquence, de provoquer l’arrivée du RN de Madame Le Pen au pouvoir…, un RN qui après avoir permis (sans le vouloir) par deux fois l’élection de Monsieur Macron au second tour… sera ainsi en position de  gagner le pouvoir  dans une sorte de «troisième tour»… au plus tard en 2027.

Perdants surtout , du côté de la France et des Français(e)s qui vont le payer dans leurs vies par 2 années de vie plus « sereines » en moins… sachant que par ailleurs «la durée de vie physique», depuis la pandémie, a commencé à diminuer.

«Payer de leur vie» mais pas que… quand on voit l’ampleur des crises de toutes natures, l’accroissement des inégalités, l’explosion de toutes les formes de misères etc. , etc. , avec leurs lots d’angoisses et de désespoirs.

Et donc, à ce stade,  méditons sans modération ces paroles de François Mitterrand, d’une actualité douloureuse :

«L’inflation, impôt pour les pauvres et prime pour riches, est l’oxygène du « système». 

Regardez-le qui s’époumone».

Certains, à en cet instant , pourraient se dire «ite missa est» («la messe est dite» ou plus littéralement «allez , on vous renvoie !»)… 

Ce ne sera pas mon cas car la colère dans notre pays, qui est loin d’être apaisée, peut prendre des formes plus violentes, ce qu’espère peut-être «le pouvoir en place» pour mieux «se refaire une jeunesse», et, il en rêve, se redonner une image plus positive en Europe et à l’étranger, une image détériorée  à Moscou il y a 14 mois, à Pékin il y a une dizaine de jours et même à La Haye il y a quelques jours…

On verra ce qu’il en sera dans les cortèges du 1^er mai prochain qui auront sans doute une ampleur égalant celle du 1^er mai 2002 entre les 2 tours des Présidentielles 2002 et avant donc le duel Chirac – Le Pen du 5 mai.

Mais ce sera une colère d’une autre nature contre un pouvoir méprisant et qui abime notre Démocratie Républicaine en ouvrant ainsi la porte à d’autres forces dont on ne peut ignorer les dangers…

Reste, en effet, qu’avec Laurent Berger «une hirondelle» annonçant peut-être une  social-démocratie renaissante et qu’avec Fabien Roussel une gauche populaire, de bon sens et à l’écoute des plus désespérés, ce que n’est pas celle des insoumis et encore moins celle des «Verts» qui vivent sur leurs nuages, sans oublier, dans «l’ordre du positif», l’unité syndicale  qui a montré sa force et une CGT relookée dans le bon sens du terme…, voire avec quelques  « prises de conscience » du côté de certains socialistes, radicaux et centristes…, 

on peut retrouver des bribes d’espoirs…, certes fragile…, mais je veux m’y cramponner pour ne pas désespérer…

Certes aussi et bien sûr, certaines attitudes à la MEL, ce vendredi dernier, quand on entend, on voit et qu’on enregistre le soutien des socialistes à une motion des « verts » hostile, de fait, à la vidéoprotection dont ont pourtant besoin nos concitoyens et nos quartiers les plus fragiles… (sans oublier que pour les JO 2024 à Villeneuve d’Ascq, si tout se passe bien, on les dira « lillois » mais si il y a des incidents voire pire… ils seront, « comme par miracle », villeneuvois).

Certes à la MEL aussi, comme à la Mairie, certain(e)s, en partie les mêmes, confondent les  services publics à rendre et les outils pour le faire ce qui me conduit à toujours répéter que « l’outil » est au service d’un projet et d’une volonté et pas l’inverse. (peu importe que le chat soit blanc ou noir, s’il attrape la souris).

Somme toute, dans la période de crise que nous vivons  où les difficultés se multiplient , il est dangereux, pour ne pas dire  pire , de faire monter les colères et les violences simplement «pour montrer ses muscles» …

Il faut de l’unité, des consensus et des valeurs partagées…

         et  il faut surtout de la vie , une vie meilleure , pour le plus grands nombre…

Et franchement le  pouvoir  actuel en France n’y contribue pas… pas davantage d’ailleurs que la plupart des  partis politiques  …

Comme le chantait Jacques Brel   : «pourquoi ont-ils tué Jaurès ?»…

Je terminerai donc ce 759^ème carnet, une fois encore avec François Mitterrand, dont la pensée reste pour moi un fil conducteur :

«Les idées seules ne font pas l’Histoire ,il faut la rencontre de conditions économiques, sociales et politiques propices au changement  et surtout la volonté individuelle et collective des Hommes. 

Eux seuls sont en définitive le vrai moteur de l’Histoire».

C’est peu dire qu’aujourd’hui on en est loin !

Mais, moi, j’y crois encore…

PS : Dans ce désordre ambiant angoissant, heureusement  à Villeneuve d’Ascq, durant le weekend, 

les fêtes, festivals, compétitions sportives, sorties nature, n’ont pas manqué sous le soleil  : 

festival de l’illustration, braderie de l’US Ascq, compétions du VARS, spectacle déambulatoire au Centre social Cocteau, fêtes de réouverture au Musée de Plein Air , sans oublier une des « Mille et une guinguettes » au Centre Ville …etc … sans oublier bien sûr une belle victoire du LOSC…, 

j’avoue que c’est ce qui me permet « de tenir »…