Carnet n° 173 du 26 décembre 2011

« Quand j’entends chanter Noël »

Il est des temps et des instants où l’on aimerait que le temps s’arrête, le temps d’un bref retour dans son passé, le temps d’un voyage furtif dans ses souvenirs, le temps d’une visite éclair dans sa jeunesse pour y retrouver avec mélancolie ses parents, la bonne et chaude odeur des fêtes, le scintillement inachevé des bougies sur un sapin, la vue d’une crèche immobile et vivante à la fois, le son d’un chant traditionnel qui fait résonner Noël.

 »Quand j’entends chanter Noël, j’aime revoir mes joies d’enfant… »

J’ai, une fois encore, comme beaucoup sans doute de celles et ceux qui me font l’honneur de me lire, ressenti cette émotion, et ce, même si le temps des enfants émerveillés au pied du sapin, comme celui des adultes un peu éméchés en réveillon,… m’a passé au fil de la descente du long fleuve plus ou moins tranquille de la vie…

Et pourtant, comme on aimerait toujours croire, ne serait-ce qu’un instant, à  »ce beau rêve blanc ».

Comme on aimerait que la Paix se fasse sur la Terre entre  »les hommes de bonne volonté », que la misère, sous toutes ses formes, disparaisse, que la violence s’efface au profit de l’humain et de la tendresse.

Et je l’avoue, au risque de provoquer des ricanements, en ce 24 décembre 2011, oui, j’ai fait ce  »beau rêve blanc ».

Et puis, au matin du 25, j’ai écouté les informations à la radio et j’ai regardé la télévision.

J’ai entendu et j’y ai vu que rien n’avait changé… sinon moins de petites phrases  »assassines » de la part de nos leaders d’opinions, partis pour une huitaine sur les pistes enneigées ou les plages ensoleillées  »poursuivre leurs adversaires de classe » (comme on disait autrefois)…

En Irak, les attentats ont repris, en Syrie, la répression continue, en Egypte, le peuple gronde, au Nigéria, des églises ont explosé, en Corée du Nord, la dictature se fossilise…

Plus près de nous, ce sont des parents qui peinent, faute d’argent, à passer commande de jouets pour leurs enfants tandis que d’autres citoyens dorment dans la rue, que des jeunes se tuent au retour d’une soirée trop arrosée, que des rixes provoquent la mort d’autres jeunes à peine sortis de l’enfance, que de plus vieux se voient dérober tous leurs bijoux et souvenirs accumulés tout au long de leur vie…

J’en passe et de tout aussi triste… comme ce petit gamin de 2 ans noyé dans la Meuse la veille de Noël.

 »Oui quand j’entends chanter Noël, je songe à d’autres Noëls blancs ».

Pour ce faire, je reprends des forces du fond de moi pour les utiliser à être un peu encore utile à mes concitoyens, honnêtement et  »sans jamais abuser du système » comme le font quelques élus qui, ce faisant, ternissent l’image de tous les élus dont l’immense majorité, de toutes sensibilités, font don de leur temps et de leur énergie aux autres.

A la veille d’une période électorale où tout, le meilleur comme le pire, peut arriver, qu’on ne compte pas sur moi pour changer d’attitude et me prêter à des jeux que j’ai toujours condamnés.

Et je ferai miennes, à ce stade, les modestes paroles d’Albert Jacquard :

 »Mon objectif n’est pas de construire la société de demain, c’est de montrer qu’elle ne doit pas ressembler à celle d’aujourd’hui ».

Et j’aimerais tant que les représentant(e)s des nouvelles générations politiques né(e)s dans le sillage des ancien(ne)s, au sein de leurs cabinets, réseaux ou chapelles, en entendent, elles et eux aussi, la leçon :

Le pouvoir est vain s’il n’est pas mis au service d’une collectivité ou d’un État, en essayant, simplement, de faire le bien et de contribuer à « changer les choses », car comme le disait déjà Confucius :

 »Lorsque les mots perdent leur sens, les gens perdent leur liberté ».

J’en resterai là aujourd’hui…

Lundi prochain, nous serons déjà en 2012, l’année de tous les espoirs et de tous les périls, le deuxième jour d’un mois où les promesses en forme de vœux ne manqueront pas ;

2012, l’année du dixième anniversaire du séisme politique d’avril 2002, celle du dixième anniversaire de la disparition de Dinah Derycke, celle du dixième anniversaire de  »Rassemblement Citoyen », celle du dixième anniversaire de ma triste aventure des législatives…

En attendant, j’entends chanter Noël…


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