Carnet n° 165 du 31 octobre 2011

« Plus on prend de la hauteur, plus on voit loin »

C’est par des paroles entendues, il y a quelques semaines à la télévision, de la bouche de Jean Piat, un beau et grand comédien, du haut de ses 89 ans rayonnants, que j’ai ouvert ce samedi 29 octobre à la salle Marianne notre colloque sur le vieillissement :

« Il n’y a qu’une seule arme et un seul remède contre la mort, c’est le vieillissement »

Si la mort, en effet, est inéluctable, si on ne peut qu’en repousser le terme, le combat que l’on mène contre elle tout au long de la vie s’appelle « vieillissement »…. et sur le vieillissement nous pouvons agir (hors maladie grave) pour rendre cette étape de la vie la plus agréable possible, la plus active et la plus citoyenne.

Les leviers d’un « mieux vivre » ont pour noms :

  • logements adaptés à chaque âge

  • services d’accompagnements diversifiés

  • activités sportives et culturelles offertes à la pratique

  • participation intense à la vie de la cité et à la vie associative

Je l’ai toujours dit et répété :

« Après avoir rajouté des années à la vie, il nous faut rajouter de la vie aux années »

C’est nécessaire d’un point de vue éthique. C’est indispensable pour un meilleur fonctionnement de nos sociétés aujourd’hui en crise et en manque de ressources que de réhabiliter cette extraordinaire richesse qu’est l’expérience, une richesse qui s’accroit avec l’âge…

Les sociétés « traditionnelles » l’avaient compris, … les nôtres l’ont oublié.

Il est plus que temps d’en retrouver le sens et la voie.

Le vieillissement, résultat de l’allongement de la vie, est général sur notre terre et cela explique largement « l’explosion » du nombre de terrien(ne)s qui sera passé d’un milliard en 1800 à 7 milliards, nous dit-on symboliquement ce 31 octobre 2011 (à la veille de la Toussaint), avant de « foncer » vers les 10 milliards à la fin du 21ème siècle….

Ces chiffres bousculent toute la géopolitique planétaire en réduisant le poids de la vieille Europe et son demi milliard d’habitants, loin derrière l’Inde (1,5 milliard) et la Chine… avec une part croissante de l’Afrique qui la mènera à peser pour un tiers dans la population planétaire à la fin du siècle.

Ces chiffres bousculent, bien sûr, tous les modes de vie et donc tous nos modes de vie (production, consommation, énergie, alimentation, eau).

Rien ne pourra jamais plus être comme avant car si « on nous dit » que la terre pourra y voir vivre 10 milliards de terrien(ne)s, ils et elles ne pourront y vivre à l’identique de ce que nous vivons dans nos vieux pays « dit encore développés ».

Et cela me ramène aux angoisses et interrogations du moment,

  • sur les suites aléatoires de ce que l’on a, il y a quelques mois, appelé « le printemps arabe »,

  • sur les intégrismes religieux de tous ordres qui prétendent remplacer les règles démocratique et la laïcité là où elles existaient ou existent encore par des injonctions dogmatiques et religieuses commodes,

  • sur une oligarchie technocratique financière et bancaire qui « fait la pluie et le beau temps » (surtout la pluie) dans les pays européens, aux États Unis et dans quelques autres pays auparavant « riches »,

  • sur le recul de la citoyenneté, de l’étique voire de la morale dans nos sociétés encore engourdies de confort et de certitudes…

Comme on aimerait que, face à cela, le monde politique prenne de la hauteur en se rappelant ce proverbe chinois :

« Plus on prend de la hauteur plus on voit loin »

On en est loin quand on écoute notre Président de la République en campagne, et on en est encore plus loin quand on écoute et qu’on lit notre UMP locale où la médiocrité se dispute à la mauvaise foi.

On s’en rapproche heureusement un peu quand on voit le travail des associations caritatives, celui des vrais défenseurs de la nature et de notre planète et même, ici et là, dans les partis politiques, des expressions qui essaient de sortir des vieux carcans d’un autre âge.

C’est ce que j’appelle la liberté, cette liberté dont José Marti, un cubain du 19ème siècle, disait :

« La liberté coûte très cher et il faut ou se résigner à vivre sans elle, ou se décider à en payer le prix »

Et chacun sait que j’ai toujours su payer le prix de la mienne…

Alors, envers et contre tout, sans fard ni langue de bois, sans confort ni renoncement, ni repos, avec celles et ceux qui me font encore confiance (à ne pas confondre avec celles et ceux qu’on appelle « amis politiques »),

  • je me bat pour une ville rénovée, animée et active (malgré l’assèchement des finances disponibles),

  • je me bat pour la Démocratie, la République et la laïcité contre tous les intégrismes,

  • je me bat pour l’avenir de nos enfants contre tous les égoïsmes « des gens en place ».

Combien de temps me dira-t-on ?... Je répondrai tout simplement :

« le temps d’un vieillissement de qualité » (pour en revenir aux paroles de Jean Piat) et ce, n’en déplaise à celles et ceux qui ont commencé à s’exprimer sur le thème de « l’âge du capitaine ».

En attendant, durant ce dernier week-end sous un doux soleil automnal, une promenade dans nos parcs et au Musée d’art moderne, à Concorde pour un salon du chocolat tout en odeurs, à Ascq sur le stade Beaucamp avec des supporters enflammés, à Debruyne pour un beau concours de hip-hop avec « Alliance Dance School », à Canteleu avec une belle compétition de tir à l’arc, entre 2 écritures pour mon blog et l’étude de quelques dossiers de fond,

oui j’ai vécu, comme depuis 35 ans, une ville, ma ville qui palpite et qui vit.


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