Carnet n° 162 du 10 octobre 2011

Être conscient de la difficulté permet de l’éviter

Je dédierai à Martine Aubry, en ouverture de ce 162ème carnet, cette citation de Benjamin Franklin en reconnaissance de ce qu’elle a osé et su faire en prenant la décision de se présenter aux primaires de son parti alors qu’elle pouvait douter de ses chances après le naufrage DSK et face à un François Hollande depuis longtemps sur les rails :

« Il y a bien des manières de ne pas réussir, mais la plus sûre est de ne jamais prendre de risque ».

Elle a pris le risque d’organiser des primaires et 2,5 millions de françaises et de français ont répondu à son appel.

Elle a pris le risque d’être candidate et elle a fait près de 32 %. (à moins de 8 points de F. Hollande).

Partisan, depuis le début, de primaires dans le camp du progrès, je ne peux qu’être heureux de leur succès.

Soutien actif, et sans complaisance, à la fois de Martine Aubry avec qui je travaille depuis 3 ans et demi au sein d’une majorité large, plurielle et rassemblée à LMCU, je suis heureux de la voir arriver cette semaine dans cette première « dernière ligne droite ».

Reste pour elle à gagner dimanche prochain.

Reste pour elle ensuite à battre l’UMP et son candidat.

Reste surtout pour elle, après son élection, à répondre aux aspirations de nos concitoyens et du « peuple de gauche » avec autour d’elle, à l’image de LMCU, une large majorité de progrès pour effectivement « changer les choses » et « changer la vie ».

Ce ne sera pas facile, ni dimanche, ni en juin prochain, ni après…

D’ici dimanche, il lui faudra montrer aux électeurs que c’est elle qui représente le mieux les idées forces des autres candidats du premier tour comme A. Montebourg, S. Royal et avec ce qu’il y a de bon-sens populaire chez M. Valls.

Une primaire n’est pas un congrès de parti et le 16 octobre n’aura rien à voir avec le congrès d’Epinay.

Il faut convaincre les électeurs et pas seulement les candidats.

Dans une vie publique modernisée et respectueuse des citoyens-électeurs, un dirigeant, un élu ou un candidat peut et doit dire ce qu’il va faire mais le temps des « consignes de vote » est passé.

Quelques mots en forme de conseil aux deux candidats restants pour la semaine qui s’ouvre avec pour cela des paroles de Sénèque :

« Sachons éviter les offenses puisque nous ne savons pas les supporter ».

En effet, après dimanche, il y aura la vraie « dernière ligne droite » qui mènera aux Présidentielles de mai 2012 et on aurait tort de sous-estimer l’UMP et son Président.

Il y aura dans la foulée les législatives et on aurait tord de croire que tout sera gagné à l’avance.

Il y aura surtout une situation française, européenne et mondiale qu’on ne pourra balayer à coups de formules, slogans, petites phrases ou revers de la main.

En 1936 le Front populaire s’était heurté au « mur de l’argent ».

En 2012 le camp du progrès se heurtera à celui des agences de notations, des banques et des bourses, de celles et ceux qui imposent aux plus faibles « des saignées » au nom de règles de gestion qui ne répondent qu’à leurs intérêts à court terme…

Le professeur Vergopoulis nous le rappelait cette semaine au Château de Flers lors d’une conférence sur la situation grecque : « Ce qui est imposé à la Grèce, ce n’est pas un plan de sauvetage mais un plan de braderie »

Et pourtant la dette grecque dont on dit qu’elle menace l’Euro, l’Europe voire le monde,c’est 2,5% de la dette de la zone euro et donc à peu près 2% de la dette américaine.

Malgré cela, on voudrait nous faire croire que c’est la Grèce qui menace l’économie mondiale !

Oui, il faudra donc en 2012 s’attaquer résolument aux mécanismes les plus pervers de la mondialisation, et donc, dans la campagne électorale, dire des choses précises en la matière avant de les mettre en œuvre une fois l’élection passée.

Sans aucun doute, aujourd’hui et demain, la rigueur doit s’imposer dans toutes les gestions… et les gouvernants devraient s’inspirer de la gestion de la plupart des élus locaux qui ne peuvent faire de déficits quand ils votent leurs budgets,

en n’oubliant jamais que l’équilibre passe aussi par la croissance et l’emploi sans lesquels c’est et ce sera toujours davantage de misère pour les plus pauvres et les plus faibles.

J’attends donc de nos candidats cette semaine qu’ils s’expriment clairement sur ces points et que notre candidate ensuite soit claire et précise dans ses propositions aux françaises et aux français.

Dans une société qui se fragilise avec beaucoup de citoyens désemparés et d’autres toujours plus exigeants sinon plus violents, il nous faudra, d’ici 2012, poser tous les problèmes, fixer des objectifs et préciser les urgences.

Il nous faudra, plus que jamais, accentuer un dialogue direct avec les citoyens, un dialogue sans fard, ni mensonges, ni non plus de concessions.

Je pense que c’est Martine Aubry qui en est aujourd’hui la plus capable.

Une dernière suggestion, enfin, concernant la rénovation de la politique :

et si on organisait aussi des primaires pour les législatives, les européennes et les municipales ?

Chaque parti politique retrouverait son rôle de « faiseur d’idées » étant ainsi « débarrassés » de celui de « faiseur de chefs ».

De toutes façons, les partis politiques et les gouvernants s’en rendront vite compte : il n’y aura plus d’autre choix démocratique en dehors de la violence ici et des trains qui s’arrêtent là s’ils ne se conduisent pas de manière différente qu’avant.

Lao Tseu le disait déjà il y a 2500 ans :

« Être conscient de la difficulté permet de l’éviter ».

Lien Permanent pour cet article : http://www.gcaudron.com/?p=42

HTML Snippets Powered By : XYZScripts.com