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« Villeneuve d’Ascq, Janvier 2006 : Le temps de la réflexion avant le choix… »

Villeneuve d’Ascq, le 4 janvier 2006

Nous sommes en 2006, une année, sans élection… mais  l’année  où vont se préparer toutes les élections :

Ø  Présidentielles et législatives de 2007

Ø  Municipales et cantonales de 2008

Ø  Européennes de 2009.

Mes choix personnels sont faits ! mais je n’en dirai rien avant quelques semaines car pour moi l’important, ce sont les idées et les projets… pas les carrières individuelles qui ne doivent être que des outils au service des idées et jamais des objectifs en soi !

 (En attendant je termine mon petit ouvrage qui fourmillera de souvenirs et de portraits mais aussi d’idées pour demain « Comme des p’tits coquelicots » …)

En France, on vit dans l’illusion :

    L’illusion d’une puissance révolue.

    L’illusion d’une croissance balbutiante.

    L’illusion d’un chômage en baisse. 

    L’illusion d’une paix civile.

Derrière tout cela, comme un peu à tous les niveaux aujourd’hui , Il y a de la misère, des gens qui meurent de froid, des voitures qui brûlent, des voyageurs dépouillés, une croissance faible et artificielle, un chômage qui baisse non pas à cause d’emplois créés mais de chômeurs rayés…

L’Europe aussi fait semblant d’exister après un accord financier dérisoire et hors de proportion vis-à-vis des enjeux du monde.

 Ce n’est pas ainsi qu’elle existera aux côtés d’États-Unis dirigés par un incapable, d’une Russie aux tentations autoritaires et d’un monde islamiste séduit par le terrorisme.

Quarante-huit heures avant le 10ème anniversaire de sa mort, on reparle de François Mitterrand.

         Il y a de la nostalgie dans l’air… y compris chez ceux qui ne l’aimaient pas.

 C’est son côté  » Charles de Gaulle « …

Personnellement, j’assume mon amitié et mon appartenance à la « Génération Mitterrand » sans ignorer quelques  » zones d’ombres » de sa vie.

François Mitterrand restera dans l’Histoire et je suis fier d’avoir été à ses côtés de manières anonyme.

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                                                    Villeneuve d’Ascq, 5 janvier 2006

C’est dimanche prochain, le 8 janvier à 8h30 que sonnera l’heure du 10ème anniversaire de la mort de François MITTERRAND.

Dix ans déjà, alors que pour celles et ceux qui , comme moi, l’ont admiré et soutenu, c’est un peu comme si c’était hier.

Hier soir, jusqu’à près de 2 heures du matin, j’ai regardé la deuxième partie d’un film documentaire qui lui était consacré, un film sans concession, un film « juste » qui campe un personnage hors du commun, le deuxième après le Général de GAULLE, son ennemi intime, qui marquera avec lui l’Histoire française du 20ème siècle.

 Les témoignages de ses amis étaient poignant, celui de sa fille Mazarine touchant…

 Je me suis souvenu de ce 10 novembre 1995, où il m’avait convié à le rencontrer rue Frédéric le Play.

 Je l’ai attendu dans le corridor. Il était parti faire quelques pas sur le Champ de Mars.

 À son retour sa femme Danièle l’attendait. Il semblait épuisé. Ils se sont assis sur la banquette à 2 pas de moi, presque sans me voir… il a parlé de sa douleur. Elle lui a pris la main. Le médecin devait passer. J’étais prêt à m’éclipser. Il m’a retenu en me disant : « si vous saviez, Gérard Caudron ce que l’on peut ressentir quand on a été ce que j’ai été et qu’on se retrouve réduit à compter le nombre de pas qu’on est encore capable de faire ».

 Je n’ai pas eu à répondre car il a très vite enchaîné en me demandant mon avis sur Lionel JOSPIN d’un air plutôt critique puis en m’interrogeant sur mes relations avec Pierre MAUROY dont il avait toujours un peu regretté leurs difficultés.

 Il m’a dit beaucoup de bien de Bernard ROMAN avant de s’interroger, tout haut, sur les rapports de Martine AUBRY avec le suffrage universel, le tout en me disant bien qu’il avait pris du recul avec la « politique » et en m’assurant, comme pour consoler (mais en avait je besoin) que depuis 1981 il espérait toujours me faire accéder à un certain niveau de responsabilité.

 On a aussi parlé de l’Europe et de son triomphe au Parlement EUROPEEN janvier dernier. Je n’ai eu que le temps de lui dire que je n’avais jamais attendu rien d’autre de ma relation avec lui que de pouvoir lui dire simplement ce que je ressentais chez mes concitoyens vis-à-vis de lui et de sa conduite des affaires de la France.

 Il en a semblé heureux.

 L’heure s’était écoulé et il m’a raccompagné jusqu’au bout du couloir.

Au moment de lui dire « au revoir » , j’ai sorti de mon portefeuille une photo de mon épouse avec notre fille Mylène qui avait alors 2 mois.

 Il l’a regardé puis , avec un sourire pétillant , il m’a glissé : « Ah Gérard Caudron… vous êtes comme moi… vous avez toujours aimé les femmes… » ajoutant aussitôt : « la prochaine fois demandez-leur de vous accompagner « … »

 J’ai acquiescé, avec mon meilleur sourire et un grand froid au fond du cœur_ car je savais alors que je ne le reverrai pas

 En bas de l’immeuble, son chauffeur qui m’attendait m’a proposé de me déposer à la gare du Nord après avoir sollicité un signe d’espoir dans mon jugement sur l’état de santé du Président.

 J’ai fait de mon mieux pour répondre et j’ai décliné l’offre de la voiture présidentielle.

 Je suis allé à la gare à pied les yeux brouillés et la gorge douloureuse…

                     La Génération Mitterrand dont je faisais partie depuis 1965 allait perdre son père.

Aujourd’hui 5 janvier 2006, ses vrais amis essaient de survivre en politique… pour ceux qui le souhaitent encore.

    Ses héritiers, pour la plupart, ont pris leurs distances, une distance inversement proportionnelle à ce qu’ils lui doivent.

 Lionel JOSPIN a payé le prix de son ingratitude .  Seul Laurent FABIUS assume pleinement sa filiation avec son style et surtout son courage.

 Les Français, dans leur ensemble, portent un jugement très positif assorti du regret d’une certaine France qu’il incarnait si bien et que le monde écoutait encore.

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                                                 « 8 janvier 2006 »

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Le 8 janvier 1996, François MITTERRAND nous quittait.

Dix ans après, les français, très majoritairement, expriment leur profonde estime et les médias lui ont rendu un hommage appuyé et de qualité.

On l’a revu en activités un peu partout. On nous a rappelé le mélange de simplicité et de complexité de son parcours politique.

On a surtout réécouté et revu les interviews de fond où « l’homme MITTERRAND » nous a fait une nouvelle fois regretter l’appauvrissement actuel de la pensée et du discours politique….

J’ai dégusté ces heures de lecture et de télévision avec l’émotion d’un membre de la  « Génération Mitterrand  » qui n’a jamais renié ses 30 ans de vie publique dans l’ombre portée de ce grand personnage qui , avec Charles de Gaulle , domine l’Histoire politique de la France du 20ème siècle.

La photo de  » sa famille  » devant sa tombe à Jarnac est significative :

Laurent FABIUS aux cotés de Mazarine est le plus naturellement présent, ému et souriant à la fois.

Lionel JOSPIN a l’air d’un chien mouillé tandis que François HOLLANDE, répondant à des journalistes essaiera de  » relativiser  l’événement  » …

Quant aux autres, ils joueront des coudes pour être sur la photo tandis que de nombreux militants et citoyens anonymes représenteront ce Peuple de Gauche si cher au Président.

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