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Juillet 1989 – Mes premiers carnets de député Européen

Mardi 11 Juillet 1989 Paris-Bruxelles                 

Après plusieurs réunions à Paris d’installation de la délégation socialiste française , présidée par Claude CHEYSSON, ancien Ministre ainsi que des rencontres et des prises de contacts avec les plus hautes auto­rités Françaises et Européennes, 

c’est le tour , ce mardi 11 juillet , des premières réunions officielles sur Bruxelles

avec la remise de dossiers et la découverte des rouages de la « maison » , des inscriptions multiples , des contacts nombreux entre les anciens et les nouveaux Députés ,

·  Informations de toutes natures sur le fonctionnement du Parlement et de ses commissions.

Et bien sûr, en ce qui me concerne, l’installation du Groupe Socialiste qui, fort de ses 182 membres, est le plus gros groupe politique du Parlement Européen (162 élus avant le 18 Juin). 

Première décision, l’élection de son bureau du groupe PSE , et c’est un Français qui le présidera: JEAN-PIERRE COT.

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Mercredi 12 Juillet1989 Bruxelles

La préparation de la séance plénière du 24 Juillet à Strasbourg se  poursui­t .

Le groupe Socialiste a désigné son candidat à la Présidence du Parlement en la personne du Député Espagnol ENRIQUE BARON.

Il a réparti, entre les délégations nationales, les vice-présidences du Parlement et les présidences des com­missions.

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Mercredi 19 Juillet 1989 Bruxelles

Réunion du Groupe Socialiste du Parle­ment. Jean-Pierre Cot, Président du groupe, introduit le débat qui tournera autour de quelques grands axes:

1- Comment donner une dimension sociale à l’Europe?

Chacun s’accorde sur le fait que sans l’Europe sociale, au mieux l’Europe ne se fera pas, au pire, elle pourrait être catastrophique. Cette construction sera la priorité du groupe.

2- Comment donner une réalité politique à l’Europe?

3 Comment réussir l’enjeu écologique sans se faire dépouiller des fruits de notre travail? Rappelons que depuis 1981 80% des positions sur l’environnement sont venues des socialistes.

4        – comment la CEE peut-elle s’élargir et à qui sans se diluer?

Comment construire la « Maison de l’Europe » sans perdre nos valeurs?

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Jeudi 20 et vendredi 21 Juillet 89 Bruxelles

Une journée et demi de formation

Une masse d’informations de toutes tailles, bien intéressantes pour com­mencer à exercer au mieux son mandat de Député Européen

Une bonne illustration aussi de la diversité et de la lourdeur de la tâche.

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Lundi    24 Juillet 1989 – Strasbourg

Première journée officielle à Stras­bourg des nouveaux députés Européens et dernière journée des anciens députés.

Au programme, de multiples démarches matérielles et administratives, des kilomètres de couloirs parcourus, des réunions de délégations et de groupes pour mettre au point les dernières modalités de la séance publique d’ouverture 

l’apprentissage continue, cela ressemble à une rentrée scolaire mais les gros dossiers se profilent déjà.

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Mardi 25 Juillet 1989 Strasbourg

Le Parlement Européen s’installe offi­ciellement de manière sereine mais déterminée.

C’est ce qui va conduire dés le début de la séance, la grande majorité des Députés à quitter l’hémicycle à l’ini­tiative des Socialistes pour protester contre le discours d’extrême-droite du doyen d’âge, membre du Front National.

Mais c’est aussi ce qui va ensuite ame­ner l’élection dés le premier tour avec 301 voix, du socialiste ENRIQUE BARON à l’Assemblée

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Mercredi 26 Juillet 1989 – Strasbourg

Le Parlement Européen de Strasbourg, c’est d’abord une grande cité interna­tionale, dotée de tous les services, parcourue par toutes les nationalités, faite d’un mélange de députés, de col­laborateurs, de fonctionnaires, de journalistes, de représentants de lobbies nationaux, de visiteurs de toutes sortes.

C’est une ambiance curieuse et prenante où l’on croise des visages connus, où tout grouille d’activités souvent… de désœuvrement parfois.

C’est enfin la complexité des séances, les débats publiques, les votes, les interruptions de séances, les réunions plénières de groupes ou de délégations.

Quelques traits brossés rapidement: Monsieur Valery Giscard d’Estaing toujours conforme à son image, sinon à la caricature, Madame Barzac, charmante  , Monsieur Claude Autant Lara qui semble à la recherche d’un établissement d’ accueil pour 4ème âge, Monsieur Le Pen aussi désagréable et inquiétant en vrai que dans les médias, Monsieur Jean-Pierre Cot, précis, direct, efficace, Monsieur Fabius « désœuvré « , Monsieur Maurice Duverger (ou comment passer d’une référence constitutionnelle à un rôle d’union de la gauche Européenne ), Monsieur Alain Bombard, séduisant et aimable. Les verts, ou comment décou­vrir (ou s’y complaire) , en quelques semaines l, es travers les plus détestables des partis politiques tradition­nels…

Deux grandes parties durant cette journée de mercredi : 

1-  Deux exposés de fond, l’un d’un Ministre Espagnol, l’autre de Jacques Delors.

Leurs thèmes: le bilan de la Présidence Espagnole du 1ersemestre.

Un bilan plutôt positif, teinté de quelques in­satisfactions.

Un discours ferme de Jacques Delors, le constat de nombreux désaccords avec la Grande-Bretagne. Une certitude confir­mée: les prochaines années seront déci­sives pour une véritable Europe unie, démocratique, en particulier sur le plan social.

Un débat riche, dense, un peu décousu devant une assistance plus ou moins clairsemée selon l’orateur.

2-  Des votes  avec toute une série d’amendements, mon apprentissage des techniques parlemen­taires. Je dois le dire, il faut voter vite… sans toujours savoir pourquoi ou contre quoi on vote, c’est un problème de travail d’équipe et donc de con­fiance vis à vis de ceux qui ont plus précisément travaillé les dossiers. Une journée qui doit être à l’image de ce que doivent être les séances plé­nières.

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Jeudi 27 Juillet 1989 Strasbourg 

C’est Roland Dumas qui introduit le débat sur le programme de la Présidence Française du 2ème semestre 1989 , ses perspectives et surtout ses volontés et sa détermination.

Le discours est ample, fort, lyrique mais aussi concret. On sent l’empreinte de François Mitterrand: l’Europe sociale , l’Europe des citoyens, l’Europe de l’ environnement.

Le débat qui va suivre va l’enrichir avec, au demeurant, des discours bien typés d’orateurs qui posent des questions pour souvent ne plus être là au moment des réponses.

Pas de surprise majeure, sinon au moment des votes… toujours aussi rapides, une présence massive des socialistes .

(Un des amendements signé V.Giscard d’Estaing ne recueillera même aucune voix son auteur lui-même étant absent). 

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Vendredi 28 juillet 1989 Strasbourg

La session se termine en douceur, c’est l’heure du retour à Villeneuve d’Ascq

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