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Strasbourg le 10 mars 2004, session plénière du Parlement Européen pour ma dernière intervention publique

Ce matin a lieu un grand débat sur la situation et les perspectives de l’Union Européenne.

J’ai obtenu 2 minutes (les dernières sans doute  de ma carrière parlementaire européenne) pour exprimer, en tant qu’européen de toujours, mes doutes et mes angoisses quant à l’Europe en construction , essentiellement économique et financière , qui donc sacrifie trop souvent l’emploi, le social et la vie quotidienne des citoyens :

 Texte intégral.

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Messieurs les Présidents,  Monsieur le Commissaire,
Chers Collègues,

Notre débat préparatoire au prochain Sommet de Bruxelles m’offre sans doute l’occasion d’une dernière intervention sur l’orientation politique européenne actuelle et future.

Il me donne, à moi, européen de toujours, l’occasion de dire avec force que les Européens en ont aujourd’hui assez d’une Europe essentiellement économique et financière qui, au nom du grand marché et de la concurrence, sacrifie trop souvent l’emploi et ignore les problèmes quotidiens des citoyens.

Avec eux, je veux donc, ce matin , rappeler le rêve des Père fondateur de l’Europe, le rêve d’une Europe à construire pour la Paix, pour la culture, pour la différence, pour le bien être social et pour une citoyenneté dans la liberté et la démocratie.

50 ans après, nous vivons une Europe certes économiquement relativement puissante mais sans cœur, ni souffle et avec beaucoup trop d’injustices.

A l’heure du « Sommet dit de printemps », à la veille de l’élargissement et d’une nouvelle conférence inter-gouvernemental, et ce sans un contexte budgétaire très aride, je veux pourtant croire qu’il est encore temps de changer de cap.

Après 15 ans passés au Parlement européen qui m’ont vu d’Européen un peu euphorique au début, devenir, avec le temps, un Européen plus réaliste, plus critique et même inquiet, je voulais utiliser mes deux minutes pour pousser ce cri : attention, il y a danger !!

S’il a fallu 50 ans pour construire notre Union européenne, le risque n’est pas nul de voir, un jour, l’édifice imploser faute de soutien citoyen suffisant, faute d’ambition sociale, faute de priorité donnée à l’emploi, faute de respect des différences nationales et régionales, faute d’une réelle solidarité. Ce sont les plus riches et ce ne sont pas les moins pauvres qui devraient payer pour les plus pauvres , ce qui n’est pas le cas aujourd’hui…

Une Constitution Européenne n’est pas un objectif en soi. Elle n’a de sens que si elle répond aux attentes des citoyens donc j’ai rappelé les éléments essentiels.

Gérard Caudron

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