STRASBOURG ce 18 novembre :
Rapport TVHD oblige, je dois quitter Villeneuve d’Ascq à 9 heures le matin pour être à Strasbourg à 14h.
Je passe sur les multiples réunions et rencontres pour faire face à toutes les manœuvres et chausse-trapes destinées à faire échouer mon rapport.
Chaque minute apporte son lot de difficultés nouvelles même si le groupe socialiste de 15 h sera muet sur ce point et s’enlisera dans les réformes de son fonctionnement interne.
17 h : la plénière commence avec un appel du Président en faveur de la libération de Madame AUNG SAN SUU KYI.
On nous annonce aussi la venue du Président MOUBARAK mercredi à 12h30.
En ce qui concerne la Yougoslavie, le Parlement soutient la dénonciation de l’accord de coopération CEE-Yougoslavie décidée par le Conseil le 8 Novembre dernier.
21 h : nous ne sommes pas très nombreux en séance quand je prends la parole pour 5 minutes en tant que rapporteur sur la TVHD.
Ci-après, mon intervention :
Monsieur le Président,
Mes Chers Collègues,
Quand j’ai été saisi en juillet dernier du projet de directive portant sur les « normes pour la diffusion par satellite de signaux de télévision », c’est à dire sur l’Avenir du HDMAC et du D2MAC, j’avais quatre convictions fortes :
1ère conviction :
L’Europe a fait le choix en 1986 d’une norme européenne de télévision haute définition « HDMAC » et d’une norme intermédiaire D2MAC face et contre la norme japonaise MUSE
2ème conviction :
5 ans après, l’Europe garde dans ce domaine une avance certaine sur les japonais et sur les américains
3ème conviction :
L’Europe doit vite et fort confirmer sa détermination avec une nouvelle directive qui tienne compte de l’expérience acquise
4ème conviction :
L’Europe peut et doit avec ce dossier confirmer :
- Sa volonté industrielle,
- Sa volonté culturelle,
- Sa volonté politique.
C’est sur ces bases et dans cet esprit que j’ai travaillé.
Je me suis employé à développer le débat et la discussion par tous les moyens avec une dizaine de longues réunions et une grande audition publique de toutes les parties et partenaires concernés.
Ce soir, 5 mois après, je pense que le niveau d’information de chacun a progressé et que bien des idées » toutes faites » de part et d’autre se sont vues ramener à un plus juste niveau même si nous avons pu mesurer et constater le déchaînement des lobbys, les manœuvres de toutes natures, le poids des intérêts nationaux, les rapports complexes avec les médias.
Aujourd’hui, tout le monde ou presque se dit pour « la télévision haute définition » même si derrière ces déclarations, il y a des arrières pensées contraires à ce discours et beaucoup de difficultés à résoudre encore.
L’aspect financier du dossier a été aussi débattu : c’est vrai que les crédits nécessaires ne sont pas négligeables, mais ils sont bien modestes au regard d’autres dépenses européennes, mais surtout au regard des emplois concernés et de l’intérêt des consommateurs qui nécessitent tous des financements publics.
Le Parlement va se prononcer sur le projet de directive, sur mon rapport et sur les amendements.
J’espère que les perspectives claires seront tracées avec un calendrier.
Il faudra ensuite une volonté politique européenne forte pour garder notre avance et pour éviter que les japonais ne réalisent à notre place nos idées et projets.
Je suis de ceux qui refusent une Europe qui se contente de négocier à coups de quotas les conditions de sa capitulation… comme pour l’Automobile.
La Télévision Haute Définition et sa norme intermédiaire D2MAC qui permettent un passage progressif du téléviseur 4/3 en PAL ou SECAM au téléviseur 16/9 avec une image haute définition sont des enjeux culturels, industriels et politiques majeurs.
C’est un domaine où nous sommes en pointe.
Des milliers d’emplois et des centaines de milliards d’écus de chiffre d’affaires tout comme notre industrie électronique, sont en jeu.
La Télévision Haute Définition (TVHD)
C’est une nouvelle TV pour les particuliers, c‘est un nouveau rapport avec le cinéma,
mais c’est aussi une nouvelle forme d’expression culturelle et sportive collective grâce aux retransmissions simultanées sur grand écran.
Après 5 mois de débats difficiles, la Commission Économique, Monétaire et Politique Industrielle a adopté par 20 voix contre 7, un texte plus ferme sur les objectifs que le projet de la commission mais plus souple dans son application, plus étalé dans le temps, révisable en cas de besoin compte-tenu des évolutions technologiques et financières,
C’est un compromis qui a nécessité beaucoup de bonne volonté.
Sur ce dossier complexe, le Parlement a, à ce jour, bien travaillé et si notre texte n’est certes pas parfait ,
il a le mérite d’exister.
J’espère donc qu’il sera voté.
C’est un compromis qui a sa cohérence et c’est pourquoi je ne pourrai accepter les amendements qui le videraient de sa substance.
Si nous voulons une Europe puissante industriellement et donc socialement, il faut nous en donner les moyens législatifs et financiers.
Merci par avance à mes collègues dans le débat et par leurs votes de montrer que nous savons mettre en cohérence nos discours, nos principes et nos décisions.
Le 19 novembre 1991,
Gérard CAUDRON