carnet du 16 mars 1979
INAUGURATION DE LA PLACE LEON BLUM PAR FRANCOIS MITTERRAND
« Manifestation fraternelle » ce vendredi 16 mars sur la place du Pont de Bois, en présence de François Mitterrand, Premier secrétaire du Parti Socialiste venu inaugurer avec moi en tant que maire depuis deux ans et à mon invitation, la place « Léon Blum », en présence de nombreuses personnalités et d’élus, parmi lesquels Augustin Laurent, Maire Honoraire de Lille, Arthur Notebart, député maire de Lomme et Président de la Communauté Urbaine de Lille (mais sans Pierre Mauroy ), dans une ambiance riante, familiale presque, avec des enfants qui courent ici et là et se pressent contre les personnalités pour mieux voir et mieux entendre.
Les quelques gouttes de pluie se sont enfin espacées pour permettre au Premier des Socialistes de dévoiler avec moi une plaque de marbre au pied d’un arbre , alors aussi planté , sur laquelle est inscrite une citation de Léon Blum «Quand l’homme se trouble ou se décourage , il n’a qu’a penser à l’humanité…»
«Une phrase toujours d’actualité».
Une atmosphère empreinte d’émotion également à l’heure des allocutions dans le hall du lycée Queneau.
Que cette place Leon Blum soit celle du Pont de Bois est pour moi, devais je dire, un symbole d’autant que cette plaque marquera la vie quotidienne du quartier et qu’elle sera lue par de très nombreux jeunes qui fréquentent les établissements scolaires qui la bordent .
Je souhaite en effet que la dénomination de cette place « Léon Blum » favorise la réflexion sur la pensée de celui qui incarne « le socialisme dans sa pleine signification , le porteur des espérances ouvrières de 1936, le grand penseur du socialisme, l’ humaniste continuateur de l’œuvre de Jean Jaurès ».
Je ne pouvais pas non plus, ne pas évoquer les tourments que Léon Blum a vécu et , parmi ceux-ci , » la fragilité de ceux qui refusent toujours au dernier moment de prendre leurs responsabilités « .
Léon Blum fut, en effet, un esprit lucide dans un moment très tourmenté de notre Histoire, lucide et doté d’une force de conviction inébranlable.
Je ne pouvais pas enfin ne pas saluer en François Mitterrand le continuateur de Léon Blum, le rassembleur, le militant, l’écrivain, l’homme d’État « à qui nous devons déjà beaucoup et dont nous attendons encore beaucoup plus dans un proche avenir »
François Mitterrand ne cachera pas sa joie d’être à Villeneuve d’Ascq pour plusieurs heures , précisant qu’il s’était engagé à y venir depuis déjà plusieurs mois et qu’il était bien décidé à être là quoi qu’il advienne. « Et j’y suis ! » dit-il avec un large sourire, découvrant avec joie une ville en construction qui, pour lui, est à la mesure des initiatives de ceux qui la gèrent aujourd’hui.
Le premier secrétaire du P.S. racontera ce que fut la vie de Léon Blum, sa sensibilité, cet « esthète » qu’il fut avant d’être ce « lutteur » qu’il devint au Congrès de Tours en 1920, militant qu’il était d’un socialisme totalement indépendant.
Il évoquera Léon Blum confronté au problème dramatique de la guerre d’Espagne et à la déclaration de la seconde guerre mondiale .
Léon Blum devant les juges du régime de Pétain , quand « on lui demanda d’être comptable de la défaite« fit une plaidoirie qui restera parmi les plus belles pages jamais écrites du discours politique dans la littérature française.
Enfin, François Mitterrand évoquera le « Leon Blum » qu’il a connu, quelques années après Buchenwald et Dachau, au sein du gouvernement auquel ils participèrent tous deux. Il dit l’amitié que l’ancien Président du Conseil du Front Populaire lui témoigna et à quel point » il était alors un sage et un témoin « .
La dernière image qu’il garde de lui, c’est celle sur son lit de mort :
« un visage imposant, rare, inspirant la paix du futur « .
A Villeneuve d’Ascq aujourd’hui, François Mitterrand a, bien sûr rencontré de nombreux journalistes après l’inauguration de la place et avant, en soirée, un beau meeting à la Rose des Vents.
