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Athènes – Le 4 Novembre 1990

La Grèce, c’est un peu moins de10 millions d’habitants sur 132 000 km²,  un produit intérieur brut par habitant de 4 800 dollars (16 500 en France), 15 % de chômeurs, 220 000 soldats, 8 % d’analphabètes, 13 % d’inflation, 0,8 % de croissance.

La Grèce, c’est aussi un pays marqué par  une très longue Histoire … et particulièrement mouvementée durant la première moitié du 20 -ème siècle où elle connue une dictature, une 2 -ème guerre mondiale cruelle suivie d’une guerre civile jusqu’en 1949 et enfin la dictature des colonels de 1967 à 1977.

Pour autant la Grèce fut aussi sinon surtout « le berceau de la Démocratie ».

Elle est rentrée dans la C.E.E. ( communauté économique européenne) en 1981 constituant ainsi le flanc oriental de notre Europe.

Pour mes divers interlocuteurs socialistes aujourd’hui, militants ou élus, la Grèce d’aujourd’hui, un an et demi après leur défaite aux législatives, est l’exemple d’une fantastique régression sociale avec un salaire minimum à 2 000 F, des loyers qui ont doublé, une inflation qui s’est accélérée, des licenciements par centaines de milliers, une remise en cause des acquis sociaux et de la gratuité de l’enseignement.

Ils ont, nous disent ils, bien espoir de revenir au pouvoir avec Andréas PAPANDREOU après des municipales victorieuses et ce ,malgré la cruelle défaite de Mélina MERCURI à Athènes.

Andréas PAPANDREOU,  grand ami de François Mitterrand, que j’ai rencontré pendant plus de deux heures dans l’hôtel où il vit , est très sévère avec ses successeurs, aujourd’hui au pouvoir, à qui il nie le label de « forces démocratiques ».

Pour lui, comme le pensent aussi les socialistes, s’il n’y a pas en Grèce de parti d’extrême droite fort, c’est que l’extrême droite est au pouvoir avec la droite actuelle rétrograde, pas très claire dans sa composition et aux pieds des U.S.A. .

Pour lui, la Grèce n’a plus de politique étrangère qui lui soit propre.

Le jugement est sévère comme est sévère celui porté sur la Turquie, un pays avec lequel «la guerre peut éclater à tous moments».

Je n’imaginais pas la gravité de ces relations : division sur Chypres occupée pour partie par les Turcs, désaccord sur les limites territoriales maritimes et aériennes, violation répétées de ces limites.

Pour lui bien sûr, il n’est pas question d’accepter la Turquie dans la C.E.E., pour toutes les raisons sans oublier les droits de l’homme bafoués.

En ce qui concerne la crise du Golfe, la Turquie est suspectée de violer l’embargo et si demain la guerre éclatait de vouloir simplement conquérir les champs pétrolifères irakiens.

Andréas PAPANDREOU « admire » une diplomatie turque héritée de l’empire Ottoman qui lui permet de profiter de toutes les situations sans jamais en payer le prix.

Disons peut-être pour conclure que toutes ces discussions se firent avec en décor l’Acropole, symbole de l’éternité du genre humain.

Oui malgré sa discontinuité géographique, la Grèce est pièce essentielle de notre Europe politique en construction.

C’est aussi un pays que j’aime et qui constitue une des principales racines de notre Europe !

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