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Mission Israël – 1996

Mission Israël – 17 Novembre – 20 Novembre 1996

En compagnie de K. HANSCHPrésident du Parlement Européen 

Dimanche 17 novembre

11h00 – Décollage de Bruxelles 

 – On survole les Alpes… certainement autrichiennes. Elles sont enneigées… C’est toujours aussi beau, ces montagnes sombres, zébrées de blanc…On devrait apprendre la géographie du haut du ciel…

14h00 – Une mer de nuages parfois percée de montagnes noires.

Yougoslavie… Grèce… vues de haut, les nationalismes sont difficilement identifiables…

14h02 – C’était sûrement la Grèce puisqu’à l’instant nous entrons en Méditerranée, une Méditerranée égrenée d’îles et d’îlots et enveloppée de nuages.

On n’est plus en été… les nuages sont là qui masquent « notre mer intérieure » qu’est la Méditerranée et qui secouent notre 767.

Il est 15 heures… heure française… 16 heures en Israël.

Nous amorçons notre descente sur Ben Gourion Airport. Et c’est , pour moi , la première fois que je n’arrive pas par temps clair.

16h20 – On atterrit.

« Accueil officiel, voiture à rideaux noirs, police et sécurité. » On va de suite au Salon VIP.

On attend le Président Klaus Hansch qui, venu d’Allemagne ,arrivera deux heures plus tard.

Nous discutons avec les Ambassadeurs… avec toujours cette question : Quid la visite à l’Orient House ?… (siège officieux des palestiniens à Jérusalem-Est) …  En ce qui me concerne, j’espère que nous n’irons pas.

Les enjeux sont d’une autre nature et on peut essayer de jouer un rôle important durant ces trois jours. Il est donc inutile  d’être provocateurs.

20h00 – On se retrouve à l’Ambassade de l’Union Européenne à Tel Aviv et autour d’un repas, des fonctionnaires, des députés, anciens ou futurs ministres travaillistes ou du Likoud vont échanger et discuter avec nous.

Les perspectives de paix sont là. Les pistes existent, les bonnes volontés aussi…

Ce soir, j’ose y croire…

23h00 – Départ pour Jérusalem au King David Hôtel, avec une vue « magique » sur les remparts de la vieille ville… Une belle nuit et  toujours pour moi  » le même choc », Jérusalem…, la ville de la Paix, la ville de toutes les religions, la ville de toutes les Histoires et de tous les rêves…

LUNDI 18 NOVEMBRE 1996 – 6h30

J’espérais un lever de soleil sur la vieille ville. Il pleut.

7h30 – Départ pour la visite « des lieux saints » de Jérusalem : d’abord les Catholiques avec le Saint Sépulture,  ensuite les Musulmans avec le Dôme du Rocher et la Mosquée Al-Aqsa.

Je découvre ces derniers pour la première fois…

Enfin, « le Mur des Lamentations »… le tout en deux heures au pas de course…

10h30 – Rencontre avec le Président de l’État, Monsieur Weizman.

«Pour que la Paix continue, il faut certes des efforts israéliens mais il faut aussi que les palestiniens éclaircissent leurs objectifs réels» car en effet les discours de Monsieur ARAFAT à la TV dans son vieil uniforme ne rassurent pas…

11h30 – Retour au King David Hôtel.

Le temps s’est dégagé. Il y a des rayons de soleil sur les remparts de Jérusalem.

13h00 – Rencontre avec les responsables de l’Université Hébraïque de Jérusalem.

Discussion sur l’Europe, sur nos universités, sur la vie politique, sur les accords entre l’Europe et Israël et bien sûr, sur le processus de Paix.

Des pistes sont tracées de coopération entre nos Universités.

15h00 – Retour à l’hôtel pour se préparer à rejoindre la KNESSET.

15h30 – On nous accueille à la KNESSET : « revue officielle, dépôt de gerbe, bienvenue du speaker. »

K. Hansch  prononce un bon discours, bien équilibré, sans concession mais sans provocation.

Il sera très largement applaudi et complimenté ensuite sur tous les bancs.

Nous avons réussi à organiser une rencontre avec le Premier Ministre… tout à fait à l’image de l’image qu’il donne à ses interlocuteurs étrangers…

« Il veut la Paix » dit-il… « il la fera à son rythme »  rajoute-t-il…

Pour lui, l’accord sur Hébron peut être signé à tout moment… « si Arafat  le veut ».

Nous rencontrons ensuite des députés du Labour et du Likoud.

Le débat est ouvert… Il n’y a pas la tension que j’ai pu connaître à d’autres époques.

C’est une curieuse atmosphère et des discours qui contrastent avec ce que l’on en dit à l’extérieur.

L’avenir nous dira vite ce qu’il en est réellement.

18h30 – Retour à l’hôtel pour une réception avec des Députés, des Ministres et des Ambassadeurs.

En chemin, nous avons rencontré le Maire de Jérusalem, un membre du « Likoud dur ».

J’ai une très bonne image à Jérusalem, mais aussi auprès des Ambassadeurs dont celui de France et je semble avoir « impressionné » le Ministre représentant l’Union Européenne au Moyen Orient.

C’est un espagnol et socialiste. Il veut me revoir. On a bien travaillé !

Le soir, autour d’un repas, sous présidence irlandaise, un bon débat en anglais avec mon anglais « si bien teinté d’accent français » (me dira-t-on du coté des interprètes …).

Je pense aujourd’hui (sans fausse modestie) avoir modestement pesé « sur le cours des choses ».

Demain matin, à nous irons Yad Vashem, sur la Tombe de Rabin, et ce , avant une rencontre ministérielle.

Demain après-midi, nous partirons du côté palestinien.

À 22h00, je m’offre une promenade dans les rues peu animées de Jérusalem même si le temps permet des terrasses ouvertes.

Mardi 19 novembre

8h30 – Départ pour Yad Vashem avec toujours une même émotion. Visite du Musée, visite du Mémorial des enfants juifs – dépôts de gerbes – longues explications au Président Hansch visiblement très ému.

On comprend toujours mieux la détermination des Israéliens, voire leur obstination sur trois points : sécurité – existence – dignité.

Visite aussi de la Tombe d’YITZHAK RABIN où il y a beaucoup de visiteurs . Nous déposons des gerbes.

11h15 – Rendez-vous avec le Ministre des Affaires Étrangères, David Levy, que j’avais rencontré au même endroit en 1991 en compagnie de L. Fabius.

Il parle beaucoup. Il explique… sans vraiment dire grand-chose.

On ne saura pas si l’accord d’Hébron sera rapidement signé.

Par contre, on a appris par une nouvelle dépêche un nouveau projet de colonisation.

12h30 – Rencontre avec la presse

15h00 – On part à « Jérusalem Est » pour « l’American Colony Hôtel » , un hôtel colonial dans un quartier « très ,très calme » …

15h30 – Départ pour BETHLEEM dans des voitures de la Commission Européenne.

Depuis le King David Hôtel, nous n’avons plus d’escorte israélienne.

Après la sortie de Jérusalem, 15 minutes plus tard, c’est le  » Checkpoint  » et  » on change de monde « . En quelques mètres, on passe d’un monde occidentalisé à un monde  sous développé.

Un peu plus loin, une délégation palestinienne et une escorte nous attendent.

Direction : la mairie de Bethleem où l’accueil est chaleureux bien sûr assorti des revendications de base des palestiniens exprimées de manière plus ou moins  » hard » » ,- café… ,biscuits… ,échanges de cadeaux et on part visiter longuement l’Eglise de la Nativité…. dans toutes ses profondeurs .. ( un gout d’éternité )

Entretemps, nous avons appris que l’annulation d’Orient House a provoqué une crise coté palestinien et que toutes les autres rencontres prévues de la soirée avaient été annulées.

Mercredi 20 novembre 1996 – Dernier jour pour moi

L’hôtel « American Colony » , tout en étant plus cher que « le King David Hôtel, est peut-être plus typique mais décidément beaucoup moins agréable.

En plus, à 4h30, une Mosquée nous a diffusé l’appel à la prière du lever du soleil !…

À 9 heures, nous nous retrouvons en réunion avec les Consuls Généraux des 15 États de l’Union Européenne  à Jérusalem-Est.

C’est une bonne et très instructive réunion de travail d’une heure pour nous informer des questions qui nous attendent à Ramallah.

10h00 – Départ pour Ramallah

Très vite « nous tombons » sur  un Checkpoint, les distances sont tellement courtes en Israël.

Un comité d’accueil est là avec des policiers, des gyrophares, des drapeaux et quelques curieux qui nous regardent passer…

Comme à Bethlehem , c’est un autre monde, mais qui semble moins pauvre…

Arrivée au siège du Conseil Législatif, une haie d’honneur de soldats en armes palestiniens nous attend…

« Toutes les armes » sont représentées : terre, mer, air, sécurité, police, police des frontières etc. sans oublier les services secrets (en civil), ni « un bon nombre » de décorations sur les uniformes.

Cet ensemble de militaires représente sûrement le plus gros employeur palestinien et il est sans doute composé largement de gamins de l’INTIFADA…

Ils ont d’ailleurs une certaine allure et de  » l’expérience « .

Autre remarque, au moment de gravir les marches,  » les marques d’honneur  » à mon égard… voire même de reconnaissance de mon statut … sont « réduites au strict, très strict minimum ».

J’ai d’ailleurs quelques difficultés à me trouver  » un strapontin  » lors du premier entretien avec le speaker du Conseil Législatif.

20 minutes plus tard, nous entrons en Conseil.

Le Président Palestinien y fait un discours sans concession, assez juste dans le ton à la réserve près « d’une dérive » (rajoutée au discours écrit) sur les droits de tous les réfugiés « à retourner sur leur terre d’origine… ».

Je pense qu’on n’a pas fini d’en reparler d’autant plus qu’un journaliste du Nouvel Observateur, une heure plus tard au point presse, a demandé des précisions « et s’est fait renvoyer dans ses buts » sans ménagement…

Au moment des applaudissements, une grosse moitié des élus palestiniens se lèvera, deux tiers applaudiront… et les autres, certainement insensibles aux appels à la Paix et contre le terrorisme ne bougeront pas ( je les avais déjà quelque peu repérés dès le début ).

½ heure de point presse devant une armée de journalistes et de caméras TV, avec en première question :  « Why did you Cancelled the visit and the meeting to Orient House ? »

Réponse du Président Hansch  :  » I did not Cancelled, because I did not decided to go… »

13h45 – Un repas oriental où je suis bien sûr écarté de la table d’honneur… et oui …je n’en dirai pas davantage puisque ,de là où j’étais , je ne pouvais rien voir…

14h30 – Départ pour Jérusalem… Checkpoint… embouteillages.

Il tombe une pluie d’orage…

15h15 – Je regagne « Ben Gourion Airport » pendant que le reste de la délégation va à Hébron avant d’aller à Gaza. (clairement me concernant « Courageux mais pas téméraire » ).

Il pleut toujours… les embouteillages sont comme à Paris ou à Bruxelles.

16h30 à l’aéroport, un agent israélien m’y attend pour me faciliter les démarches, les contrôles sont allégés…

À 17 heures, je monte dans l’avion pour un vol qui s’annonce  » peu calme « en raison des vents violents.

À 19h20, on a une vue magnifique sur Athènes. Nous filons sur l’Italie avant de passer au-dessus de Genève et de plonger sur Charles de Gaulle.

À Tel Aviv, il faisait plus de 20°

À Paris, il doit faire 4° ; la pluie et le vent nous attendent avec, en plus, des barrages de camions…

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